11 Octobre 2019 | Ahmed Ali Prix Nobel de la Paix
Le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed Ali, dit Abiy Ahmed né le 15 août 1976 à Agaro, dans la région d’Oromia en Éthiopie a remporté le Prix Nobel de la paix ce vendredi 11 octobre 2019.
Si la jeune environnementaliste Greta Thunberg partait favorite pour obtenir ce prix, le Comité Nobel a finalement préféré donner sa plus haute distinction à un artisan de la paix plus traditionnel.
Abiy Ahmed a été nommé lauréat de cette année en reconnaissance de «son initiative décisive pour résoudre le conflit frontalier avec l’Erythrée», a déclaré Berit Reiss-Andersen, président du comité Nobel.
Quelques mois après son accession au poste de Premier ministre en avril de l’année dernière, M. Abiy, âgé de 43 ans, a abandonné une revendication éthiopienne de longue date sur un territoire frontalier contesté et s’est envolé en territoire ennemi pour faire de Isaias Afwerki, souverain dirigeant de l’Erythrée, une offre inconditionnelle de paix permanente.
Le traité de paix qui a suivi a mis fin à un conflit qui a tué des dizaines de milliers de personnes dans une guerre de tranchées brutale au cours de la phase active des hostilités de 1998 à 2000.
L’accord a provoqué une liesse dans les deux pays: les familles séparées depuis longtemps ont été réunies après la réouverture de la frontière, la restauration des liaisons téléphoniques et aériennes et la restauration des relations diplomatiques.
Il a également attiré la condamnation internationale en scellant à nouveau la frontière et en refusant de mettre fin à un système de service national brutal qui maintenait de nombreux jeunes Érythréens dans une conscription illimitée dans des conditions qui ressemblent à du travail forcé.
“Le gouvernement érythréen sera moins heureux car il montre Isaias sous un éclairage très pauvre”, a déclaré Martin Plaut, chercheur à la Commonwealth Studies et auteur de Comprendre l’Erythrée: dans l’État le plus répressif de l’Afrique. “Mais le président Isaias n’a presque rien contribué à la paix.”
Alors que les médias étroitement contrôlés de l’Erythrée ont largement ignoré cette récompense, l’euphorie régnait à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne.
“Ce prix Nobel est considéré non seulement comme une reconnaissance des efforts d’Abiy, mais également de la résilience du peuple éthiopien”, a déclaré Hallelujah Lulie, analyste politique dans la ville.
L’ impact le plus important du prix de M. Abiy se fera probablement sentir chez lui, où il pourrait renforcer sa position nationale fragile . Après des décennies de dictature, le Premier ministre a contourné le système de la vieille garde dans un style presque trumpien en lançant des réformes à un rythme époustouflant.
En conséquence, il a gagné beaucoup d’ennemis, survivant à une tentative d’assassinat l’année dernière et repoussant ce qu’il a appelé un coup d’Etat au cours d’une insurrection régionale brève mais violente en juin ayant entraîné la mort de plusieurs responsables gouvernementaux et du chef de l’armée du pays.
Les puissantes milices ethniques contrôlées par les prédécesseurs autoritaires de M. Abiy ont également profité de l’atmosphère laxiste pour lancer des attaques violentes contre leurs rivaux.
Plus de 1 000 personnes ont été tuées l’année dernière et 3 millions de personnes ont fui leur domicile.
En remportant le prix Nobel, le Premier ministre renforcera sa crédibilité auprès de son peuple, a déclaré M. Plaut, rendant potentiellement plus difficile sa destitution.
Cela devrait aussi augmenter ses chances lors d’une élection l’année prochaine. Ironiquement, le prix pourrait également contraindre M. Abiy à éviter la tentation de revenir à la répression afin de protéger sa position et de freiner l’instabilité.
«Ce prix devrait le pousser et le motiver à s’attaquer aux défis en matière de droits de l’homme qui menacent de renverser les progrès réalisés jusqu’à présent», a déclaré Kumi Naidoo, secrétaire général d’Amnesty International.
Nelson Mandela est le seul autre dirigeant africain noir à avoir reçu le prix Nobel de la paix, mais il l’a remporté un an avant son arrivée au pouvoir en 1994. Il l’a partagé avec FW de Kler.