28 Septembre 1889 | Louis FAIDHERBE, le Gouverneur du Sénégal et père de l’école africaniste française entre 1854 et 1870.

Héros de la Défense nationale, la vision qu’on a de FAIDHERBE, gouverneur du Sénégal (1854-1861 et 1863-1865), a été pendant longtemps brouillée par l’image du colonial, «pacificateur» le Sénégal. Pourtant, traditionnellement, et suivant Abdoulaye BATHILY, on attribue à FAIDHERBE la paternité de l’école africaniste française entre 1854 et 1870. FAIDHERBE, en utilisant notamment des concepts de race (Peuls, Ouolofs, Maures), de coutumes et d’espace, s’inspirant de l’expérience de ses prédécesseurs, en les dépassant, note soigneusement, ses observations autour d’un schéma cohérent. «Les moindres productions de cette école se signalent par des qualités communes qui s’apparentent, franchement, à celles du maître : méthode rigoureuse, absence d’effets littéraires, objectivité un peu sèche peut-être, mais d’une sureté poussée jusqu’au scrupule» écrit Georges HARDY. Puisant son inspiration dans la politique indigéniste menée en Algérie, il lança l’idée de la singularité de l’Afrique subsaharienne une perspective que Jean Loup AMSELLE qualifie de «raciologie républicaine». Pour Michel FOUCAULT l’anthropologie a pour ambition de dégager la pure et claire image de l’homme universel, «ce qu’il pourrait y avoir de spécifique et d’irréductible en lui, d’uniformément valable partout il est donné à l’expérience». Or, l’africanisme, en tant que savoir, se situe donc au creux de ces pulsions contradictoires, écartelé dès ses origines entre une volonté de grandeur et de puissance qui galvanise la France empressée de bâtir un empire, et la fascination qu’éprouvent une poignée d’administrateurs coloniaux pour la façon de vivre et de penser des peuples colonisés, les incitant à s’appliquer à les documenter, à les restituer selon les principes de la recherche scientifique. «Faidherbe s’est fait nègre avec les nègres (…) Il s’est fait Sénégalais avec les Sénégalais en étudiant les langues et civilisations du Sénégal. (…) C’est lui, le conquérant, qui a fait le plus grand éloge des résistants sénégalais. «Ces gens-là, écrit, on les tue, on ne le déshonore pas» s’enthousiasme Léopold Sédar SENGHOR. En revanche, Georges HARDY est plus sévère avec l’africanisme français qui «impose délibérément des vues de myope». Selon HARDY l’anthropologie coloniale privilégie «l’âme primitive ou inférieure» alors que «la plupart des sociétés dont s’occupe l’histoire coloniale vivent d’une vie intensément collective, à la fois ethnique et religieuse ; elles absorbent l’individu». Dans sa critique de l’africanisme, Gérard LECLERC postule que celui-ci fut effectivement «la fille de l’impérialisme colonial» dans la mesure où il s’est constitué en tant qu’ensemble théorique dès lors que s’impose en Occident le besoin de connaître et de dominer les peuples colonisés. En effet, l’anthropologie positive, en rupture avec l’anthropologie des Lumières applique le principe : «connaître pour mieux agir» ; le développement de l’anthropologie par FAIDEHERBE sous-tend la justification scientifique de la colonisation et la théorie de la «mission de civilisation» des peuples africains. A peine identifiée, la culture africaine est niée, et il faut assimiler ces peuples barbares, par un phénomène d’acculturation.
FAIDHERBE est arrivé à un moment important de l’histoire de la colonisation. La France est présente au Sénégal depuis la fin du XIVème siècle, mais sa domination est fortement contestée, successivement, par les Hollandais, les Anglais, et naturellement, par les royaumes africains. Faute de moyens, le colonisateur n’avait d’emprise que sur Saint-Louis, Gorée et Dakar, l’intérieur du pays étant encore contrôlé par les Sénégalais.
FAIDHERBE, dans ce contexte, utilise son africanisme, non pas pour valoriser la culture africaine, mais pour mieux être efficace dans l’entreprise de domination française. Cependant, et bien avant FAIDHERBE, il faudrait rendre justice à Jacques-François ROGER, dit baron Roger (1787-1849), avocat, franc-maçon, un libéral, humaniste et un civil administrateur colonial au Sénégal de 1819 à 1827, et marié à une Sénégalaise, Yacine Yérim DIAW. C’est lui a introduit l’arachide au Sénégal. En effet, le Baron ROGER, dans son ouvrage «Les fables du Sénégal» de 1828, considère l’Afrique comme un véritable objet scientifique. Comparant les conteurs sénégalais à la Fontaine, aux métamorphoses d’Ovide et à Esope, il écrit : «Ici, composition, mœurs, peintures, tout appartient aux Nègres, tout est différent de ce que nous avons, a ce caractère neuf, original, qui pique la curiosité. (..) Il paraît que les fables sont connues de toute ancienneté chez le Nègres, quoique, pour la plus part, ils n’aient pas de littérature, ni même de langue écrite» dit-il dans la préface. Ces fables ont, outre l’amusement, la satire, une morale : ce sont des leçons de sagesse c’est la répugnance du despotisme, de la férocité et l’abus de la force contre la faiblesse. «La figure du Baron Roger est l’une des plus attachantes et les plus marquantes aussi, de l’histoire du Sénégal» écrit Georges HARDY. En effet, le Baron ROGER, à trois reprises, sollicite un emploi aux colonies : en 1815, il essaie de se faire nommer Directeur du domaine à la Martinique ; en 1819, Procureur du Sénégal ; il échoue en raison de ses idées humanistes. «Je crois que notre population indigène, malgré quelques formes qui surprennent au premier aspect, vaut au moins de ceux de la dernière classe en Europe. Je doute qu’elle ait à gagner en étant amenée à lui ressembler» dit le Baron ROGER. En juin 1819, le Baron ROGER est nommé Directeur de l’Habitat au Sénégal, avec l’appui d’Anne-Marie JAVOUHEY, une religieuse en charge de l’éducation au Sénégal. Sa connaissance des Africains sera utile pour lui dans son administration de la colonie «Ce n’est pas par des discours qu’on fera agir les Nègres, il faut agir devant eux et avec eux» dit-il.
Louis-Léon-César FAIDHERBE est né, à Lille, le 3 juin 1818. Son père, un royaliste et engagé volontaire en 1794 contre les Autrichiens, un commerçant en bonneteries, meurt prématurément, et laisse une famille de 6 enfants. Après des études commencées à Lille, doué pour les mathématiques, à la faveur d’une bourse, à Douai, il entre, en 1838, à l’école Polytechnique, et en sort en 1840, sous-lieutenant-élève du génie. De 1840 à 1842, il fréquente l’école d’application de l’artillerie et du génie à Metz. Après un an de séjour à Arras, il sera envoyé en Algérie de 1843 à 1846, à la compagnie du 2ème régiment. Le général Charron, son mentor, l’incita pour le service colonial. Il séjournera en Guadeloupe, de 1848 à 1849, au moment de l’abolition de l’esclavage et du suffrage universel. Il avait des sympathies pour Victor SCHOELCHER (1804-1893), abolitionniste, qui sera élu député, à qui dédicacera son ouvrage sur la colonie sur le «Sénégal et ses dépendances». L’abolition de l’esclavage avait ébranlé les colons, mais FAIDHERBE, adversaire de l’esclavage : «Ses goûts le portaient déjà aux études ethnographiques, ses sentiments à la sympathie des déshérités. Il semble que, dès lors, il se soit senti la volonté d’aimer cette race maudite, de l’élever en dignité dans la famille humaine. Il entrevit, peut-être, dans un rêve de patriotisme et d’humanité, le rôle qu’il devait remplir avec tant d’éclat au pays des Noirs. Il est à croire que ses relations avec Schoelcher, le vénérable apôtre de l’abolition de l’esclavage, contribuèrent à fixer ses résolutions» écrit Ismaël-Mathieu BRUNEL, un de ses biographes. «Malgré les occupations absorbantes que la construction du Fort Joséphine imposait à Faidherbe, il se mit à réfléchir aux moyens de sortir les nègres de l’abjection où leur vie antérieure (esclavage) leur avait menée» écrit J. RIETY dans sa biographie.
De retour en France, il sera envoyé, en 1851, en Algérie, au poste de Bou-Saada, et prit part à l’expédition de la Kabylie. Il accède au grade de capitaine.
En 1852, il sera affecté au Sénégal, qui était alors géré par la Compagnie des Indes. Les Français étaient venus au Sénégal, en 1634, mais la guerre de Cent-Ans a interrompu cette occupation. En raison des guerres napoléonniennes, les Anglais occupent le Sénégal qui ne sera rendu à la France que le traité de 1814. Le Sénégal, au milieu du XIXème siècle, n’était pas encore une colonie, mais était gérée par le Comptoir des Indes, avec des Gouverneurs intermittents, et la France n’était présente qu’à Gorée, Saint-Louis, Bakel et Sénoubou, sur la Falémé. Le territoire du territoire était soumis à la juridiction des royaumes du Fouta-Toro, du Cayor, du Djolof et du Oualo, soumettant les comptoires français à diverses taxes : «Pour avoir le droit de commercer, nous étions soumis à des mesures vexatoires, humiliantes, et surtout onéreuses. La faiblesse avec laquelle, nous nous soumettions à leurs exigences, à leurs demandes de cadeaux sans cesse renouvelées, les encourageait à persévérer dans cette voie» écrit FAIDHERBE. A l’époque, la France était locataire de Saint-Louis, une ville de 15 000 habitants, il fallait payer au Brak du Oualo dix bouteilles d’eau-de-vie. «Saint-Louis est la plus belle ville de toute la côte occidentale de l’Afrique. Elle renferme plus de 4 000 maisons en maçonnerie de briques, et près de 4000 cases habitées par les Noirs» écrit-il.
FAIDHERBE, déjà en contact avec les musulmans d’Algérie et les Noirs des Antilles, s’appuie, entre autres, sur les recommandations d’Anne RAFFENEL qui avait fait un voyage au Sénégal, entre 1843 et 1844, pour renforcer la présence de la France au Sénégal : «suivre une politique ferme, loyale et juste ; protéger les Noirs contre les Maures et les Peuls musulmans (Fouta-Toro), entretenir une armée spéciale, petite, mais solide, supprimer les escales, coutumes, traitants, toutes entraves commerciales». En effet, l’occupation de Gorée était souvent contestée par l’Angleterre, et le Cap-Vert n’était pas encore un grand port. En sa qualité de directeur du génie, FAIDEHERBE construisit, en quarante jours, en 1854, le port de Podor, pour résister aux incursions maures. Il fut élevé au grade de chef de bataillon, et nommé, une première fois, gouverneur du Sénégal, du 16 décembre 1854 au 4 décembre 1861. Il conquiert, il administre et explore de nouveaux territoires (Sahara et Soudan). Mais pour cela, FAIDHERBE, nouveau gouverneur et devant gérer des ethnies différentes, entreprit de mieux les connaître pour les assujettir. En colonisateur avisé FAIDHERBE applique la devise, «diviser pour mieux régner» en distinguant, artificiellement, trois groupes ethniques : Les Blancs (Berbères et Arabes) des Noirs (Races Manding ou Malinké races Sérère – Ouolof) et la race Noire-rougeâtre (Les Peuls). FAIDHERBE était fasciné par les Peuls, une ethnie de nomades et de pasteurs venue d’Egypte, pour lui, fort supérieure en énergie et en intelligence aux races tout à fait noires parmi lesquelles, elle s’est établie victorieusement. Bou El Mogdad SECK (1826-1880), assesseur du Cadi, à Saint-Louis était son ami. Il confiera une mission à Alioune SALL, sous-Lieutenant indigène des spahis sénégalais pour Oualata et Arouan, en Mauritanie. Il conclut, en 1858, des traités avec le Trarza et le Brakna, pour mieux les neutralisés. FAIDHERBE, en dépit de son admiration de principe, pour les Peuls, était gravement confronté à la résistance d’El Hadji Omar. FAIDHERBE renforce la défense de Bakel, et confie à Paul HOLL qui repousse El Hadji Omar aux batailles des 20 avril 1857 et 18 juillet 1857, à Médine assiégé. N’ayant pas assez de forces, FAIDHERBE conclut des accords avec les chefs de la Falémé le 10 août 1858.
Il revint, en France, à Lille, pour épouser sa propre nièce. FAIDHERBE, parti pour la garnison de Sidi-Bel-Abbès, en Algérie, est remplacé de 1861 à 1863, par le gouverneur Jean-Bernard JAUREGUIBERRY (1815-1887), mais il sera rappelé au Sénégal, une dernière fois du 14 juillet 1863 au 12 juillet 1865. Il est promu général de brigade le 20 mai 1863. Il renforce la présence française au Cayor, et il en tirera un ouvrage «Notice historique sur le Cayor». Avec ses faibles effectifs d’Européens, FAIDHERBE s’appuie sur des soldats Peuls pour certaines de ses conquêtes coloniales FAIDHERBE apprend les langues nationales du Sénégal (le Peul, le Ouolof et le Soninké) et sous traite certaines affaires à différents trafiquants, lorsqu’il n’a pas les moyens d’agir directement. Il engage l’éducation rudimentaire d’auxiliaires nécessaires au succès de la colonisation, avec l’aide de religieuses (Saint Joseph de Cluny pour les filles et Frères de Ploërmel, pour les garçons et des cours du soir, pour les musulmans), dont la mission est aussi d’évangéliser, de pacifier les relations avec les Européens, en évitant ainsi toute contestation sérieuse de l’occupation française. FAIDHERBE créé aussi l’école des Otages qui deviendra l’école des fils de chefs ; il a besoin, pour son administration coloniale d’interprètes et s’appuie aussi sur les chefferies traditionnelles, érigées parfois au rang de commandants de cercle ou de postes, pour conquérir l’intérieur du pays. La capitale coloniale étant établie dans une île, à Saint-Louis, FAIDHERBE construisit le fameux pont. Il voulut faire du Sénégal une colonie agricole, avec du café et de l’indigo, notamment, mais sans succès. Le Sénégal étant, à cette époque, non une colonie de peuplement mais de commerce, les intérêts coloniaux étaient gravement compromis par l’esclavage. Son projet de chemin de fer, afin de mieux mobiliser et faire circuler les ressources humaines, n’a pas été retenu. «Il faut être les maîtres, pour avoir la sécurité ; pour être les maîtres, il faut le vouloir ; pour vouloir et réaliser, il n’y a qu’à agir avec méthode, à construire : Faidherbe fut avant tout un constructeur ; il était polytechnicien» écrit André DEMAISON, un de ses biographes. FAIDHERBE fait la différence avec ses prédécesseurs parce qu’il a appuyé son action sur la connaissance du pays et de ses hommes, en étant le fondateur de l’ethnologie africaine.
FAIDHERBE entreprendra, en 1867, après son départ du Sénégal différents travaux anthropologiques, à Alger. Il considère que les Libyens, à qui il rapporte les tombeaux mégalithiques de Rokhnia, ne sont ni des Sémites, ni des Chamites, mais des populations venues du Nord-Ouest d’Europe. Il écrit aussi un ouvrage sur «le voyage des cinq Namazons d’Hérodote dans l’intérieur de l’Afrique». Revenu en France, en 1870, après la défaite de Sedan, il est rappelé par le Gouvernement de la Défense nationale, pour reconstruire l’Armée du Nord, de 1870 à 1871. Promu général de division, il empêcha les Prussiens de se rendre au Havre et les vainquit à Bapaume où ils avaient pris d’assaut sept villages. Il affronta les Prussiens, le 19 janvier 1871, à Saint-Quentin. Paris, victime d’un blocus, put avoir du ravitaillement, en raison de la diversion causée par FAIDHERBE dans le Nord. Pour ces faits de guerre, Adolphe THIERS l’érigea au rang d’officier de la Légion d’Honneur. Il est nommé, en juillet 1871, député à l’assemblée nationale. Passionné d’histoire et d’anthropologie, il fit un voyage, en 1871, en Egypte. Il renoue avec la Société des Sciences de Lille et écrit son mémoire sur «Les Dolmens d’Afrique». Il présente, le 3 juin 1873, à la Société d’anthropologie, ses «Instructions sur l’anthropologie en Afrique». Mettant à profit cette période, il renoue avec diverses contributions sur le Sénégal : «Les langues Poul», «Le Zénéga des tribus sénégalaises», et «Les langues sénégalaises».
Elu sénateur du Nord, en 1879, FAIDHERBE sera atteint d’une maladie de la paralysie. Cependant, c’est à ce moment qu’il entreprend, en 1886, d’écrire son ouvrage sur «Les explorations du Sénégal». FAIDHERBE meurt le 29 septembre 1889, parmi les siens, d’une ataraxie locomotive, muée en hydrophysie généralisée.
La France est présente au Sénégal de longue date, mais elle est largement concurrencée, dans ce comptoir par les Maures, les Hollandais, les Anglais et une défiance, sinon une hostilité des royaumes traditionnels de ce pays qui faisaient payer des taxes aux Européens. Le «Radeau de la Méduse», transportant de nouveaux colons après l’Angleterre ait rendu le Sénégal, sombre le 2 juillet 1816. Le futur gouverneur, Schmatz abandonne les naufragés et se sauve avec sa famille. Le Sénégal est considéré comme un pays maudit et le Ministère des colonies estime que la Compagnie des Indes, gérant le Sénégal depuis 1718, n’est pas rentable, ni la gomme, ni le trafic d’esclaves ou d’eau-de-vie n’enrichissait vraiment les Français. FAIDHERBE s’est évertué, dans sa communication, de prouver le contraire, en créant notamment son africanisme, susceptible de mieux «domestiquer» les Africains. «Il faut que notre drapeau flotte à Bafoulabé d’ici à deux ans, et à Bakamou sur le Niger, dans dix ans» dit-il en 1868. En effet, alors que la raciologie est interdite en France métropolitaine, FAIDHERBE a développé une ethnographie présentant les races sénégalaises comme séparées des voisines (il oppose les Noirs aux africains dits Blancs, les Ouolofs aux Peuls) par des caractères physiques différenciés, perceptibles au premier coup d’œil, établissant une hiérarchisation, et par un abîme de tendances morales, de coutumes, d’institutions (Un Fouta-Toro islamiste et belliqueux, un Cayor animiste et miné par des conflits de successions). Naturellement, dans sa propagande coloniale, cette idée de FAIDHERBE, de races foncièrement hostiles, isolées dans leur orgueil, seuls les colons sont mieux à même de les civiliser et de les rapprocher. Par conséquent, FAIDHERBE étudie, de très près, les Peuls et le royaume du Cayor, susceptibles de freiner la pénétration coloniale au Sénégal. «A beau mentir qui vient de loin» dit un proverbe français.
I – FAIDHERBE et l’Africanisme
FAIDHERBE étudie, particulièrement, les Peuls, les Ouolofs, les Malinkés, les Soninkés et les Sérères. FAIDHERBE établit un africanisme racisé, une distinction des habitants du Sénégal fondée sur la couleur de leur peau : «Les Noirs se divisent, comme les Blancs, en races distinctes, par la teinte, plus ou moins foncée ou les traits du visage, et par leur degré d’intelligence». S’agissant de ce qu’il appelle «Les Blancs», FAIDHERBE s’appuie sur les sources arabes, Ibn KHALDOUN, quand il évoque les Berbères ou Numides : «toute l’Afrique septentrionale, jusqu’au pays des Noirs, a été habitée par la race berbère, et cela depuis une époque dont on ne connaît, ni les évènements antérieurs, ni le commencement». Les Zénaga, qui sont des Berbères du Sud du Maroc, faisaient commerce avec les Sénégalais à qui ils achetaient de l’or et des esclaves, en échange de leurs chameaux et du sel. Ils fondèrent l’empire des Almoravides (mot déformé qui sera marabout), ils vendaient des fétiches et ont islamisé une partie du Sénégal. Mais les Arabes Béni Hassan, domineront les Zénagas et occuperont les zones côtières du Sénégal. Cet usage des sources arabes de l’histoire africaine connaîtra un destin fabuleux pour les générations d’Africanistes à venir.
A – FAIDHERBE, un admirateur des Peuls
1 – FAIDHERBE promoteur des origines égyptiennes des Peuls
FAIDHERBE décrit les Peuls comme étant «une race d’hommes bruns, rougeâtre, aux cheveux à peine laineux, aux traits presque européens, à l’intelligence assez développée et susceptible de culture». Ils sont les premiers à se convertir à l’Islam et à fonder divers empires au Fouta-Toro, au Macina, dans le Boundou et le Fouta-Djallon. Les Peuls jouent, pour le compte des Arabes et des Berbères, «le rôle de convertisseur à main armée» des autres populations du Sénégal, et notamment à partir du XIème siècle. Dans les migrations et les déplacements causés par ces guerres de conquête religieuse, les Peuls se sont mélangés avec leurs captifs ou voisins noirs, certains sont devenus sédentaires, et on les appelle les Toucouleurs. «L’instinct prédominant des Peuls les porte à la vie pastorale ; ils s’identifient, pour ainsi dire, avec leurs bœufs ; ils sont alors de mœurs très douces, mais exclusivement enclins au vol. Ceux qui ont fondé des Etats ou des villes se livrent à la culture» dit-il. FAIDHERBE fait remarquer que la langue des Peuls est douce, harmonieuse, et n’a pas de «kh» arabe, ce qui la distingue des autres langues africaines «Nous ne pensons pas qu’elle ait été étudiée dans sa pureté par les Européens. Elle mériterait de l’être» dit-il.
FAIDHERBE distingue dans les races les vainqueurs et les vaincus. Les Peuls ont, selon lui, «un esprit de race» pour islamiser les animistes : «A notre époque, nous assistons à la période de prédominance de la race Poul, qui envahit et subjugue, un à un, les Etats Malinké et les débris des Etats Soninké, pour en faire des Etats musulmans, soumis à des marabouts, d’origine peule» écrit FAIDHERBE. Ainsi, FAIDHERBE n’a pas manqué de décrire l’influence du Fouta-Toro au milieu du XIXème siècle, une population estimée à 300 000 habitants. «Le Fouta est une République avec un chef électif. La seule loi est le Coran. Le chef élu, est toujours un marabout savant ; la seule condition, c’est qu’il soit Torodo de caste. On ne nomme jamais un chef déjà puissant par lui-même. Son pouvoir est très éphémère et presque illusoire. Il est élu et renversé par des assemblées populaires de Torodo, qui sont les chefs héréditaires des principales tribus» écrit-il. Le Fouta-Toro, est en permanence agité par des guerres, mais ce pays a conscience de son unité et de sa solidarité quand le danger menace ; Etat décentralisé, la religion est un facteur d’unification des Foutankais et d’exaltation du sentiment national : «Le Fouta est un Etat exclusivement turbulent, divisé, incapable de s’entendre, et de se réunir, un peu sérieusement pour soutenir une guerre, à moins qu’il ne s’agisse de religion ; alors le Fouta n’est plus qu’un seul homme» dit-il. Le Fouta-Toro était auparavant habité non seulement par des Peuls, mais aussi par des Oulofs, des Sérères et des Malinkés. FAIDHERBE retrace l’histoire du Fouta-Toro depuis la dynastie des Peuls Déniankobé, sous la direction de Coly Tenguella BA, au milieu du XVème siècle. Mais à la fin du XVIIème siècle, le parti des Torodos, des Peuls islamisés et sédentaires, renverse la dynastie Déniankobé, un pouvoir animiste, héréditaire, absolu et souvent allié aux Maures dans les pillages du Nord du Sénégal. FAIDEHERBE a recensé les défauts des Foutankais engagés dans une contestation la plus longue et la plus violente contre l’ordre colonial : «Outre leur arrogance envers nous (Les Français), on peut reprocher aux gens du Fouta leur manque de bonne foi, leur avidité, leur propension au vol, la partialité et la vénalité de leur justice».
FAIDHERBE reconnaît également certaines qualités aux Foutankais «Ils ne manquent pas de qualités : l’attachement à leur religion, leur patriotisme, leur haine de l’esclavage ; aucun citoyen du Fouta n’est jamais réduit en esclavage ; ils ne font d’esclaves que sur les infidèles. Leur amour du travail, et surtout de l’agriculture, qui est chez eux tout à fait en honneur, en fait un pays très productif» dit-il. A l’époque, le colonisateur n’avait que deux postes au Fouta : Podor et Matam. En échange du mil, de l’arachide, des chevaux et du cuir, les Français proposaient aux Foutankais des fusils, de la poudre, des pagnes de couleur et de l’ambre. Cependant, les relations avec le Fouta restent tendues «C’est un peuple auquel nous devons tâcher d’enlever ses travers et ses torts envers nous, pour entretenir ensuite avec lui les relations les plus bienveillantes» dit-il. A l’époque, El Hadji Omar TALL était maître du Gadiaga, de Dinguiray et d’une partie du Mali, et le Boundou était un Etat islamique dépendant du Fouta-Toro. Amady Aïssata, fondateur du Boundou avait tué Abdelkader KANE, et les Français réussiront à y installer, en 1856, Boubacar Sada.
Anna PONDOPOULO montre que, dans le cas de FAIDHERBE, «la construction de l’image de l’ethnie peule est la préoccupation permanente qui traverse toute son œuvre. Faidherbe crée un véritable stéréotype de l’ethnie peule. (…) Grâce à l’œuvre de Faidherbe, les Peuls cessent d’être l’objet de la curiosité professionnelle des administrateurs, ils peuvent entrer dans l’histoire universelle et devenir accessibles à la conscience européenne». Ainsi, Henri GADEN (1867-1939, voir mon post) est dans une large mesure, le continuateur de l’africanisme de FAIDHERBE. Il s’intéresse, lui aussi, particulièrement aux Peuls, et publie notamment : «Proverbes et maximes peuls et toucouleurs» en 1931, le «Poular, dialecte Peul du Fouta» en 1912, «Du nom des Toucouleurs et les peuples islamisés du Fouta sénégalais», en 1912. Il se fait éditeur sur «La vie d’El Hadji Omar» en 1935, et transcrit, en 1913, «Les chroniques du Fouta» de Ciré Abass SOW. Il écrit un dictionnaire de la langue peule. Quand, il arrive à Bandiagara, en 1894, ses travaux ethnographiques seront utiles dans la relation avec le roi, Aguibou TALL (1843-1907), installé par le colonisateur français. FAIDHERBE a donc fait de l’ethnographie, un moyen de consolider le pouvoir colonial. Par ailleurs, Maurice DELAFOSSE (1870-1926, voir mon post), un éminent africaniste, utilisera les sources arabes et orales pour ses travaux ethnographiques. Il fera un travail important sur l’origine des Peuls que FAIDHERBE avait ébauchés.
2 – La fabuleuse destinée de la théorie des origines égyptiennes des Peuls
C’est surtout en ce qui concerne l’origine des Peuls que FAIDHERBE a été un grand visionnaire. Certains Peuls musulmans ont tendance ont tendance à vouloir établir une descendance arabe, et de préférence du Prophète Mohamed, et prétendant qu’ils seraient des «Chérifs», des petits-fils de cet envoyé de Dieu. FAIDHERBE soutient qu’il «y a de très curieuses recherches à faire sur cette race. Il ne serait pas impossible que ce fut elle qui habitat l’Egypte au temps de son antique civilisation», dit-il dans un article sur les Noirs daté de 1859. «De tous les peuples africains, il en est très peu qui aient de meilleurs titres à l’attention des géographes que les peuples de races Foulah. Il n’en est peut-être pas, en effet, qui dérobent plus obstinément le secret de leurs origines, qui ait fourni à la fantaisie des théoriciens un thème plus commode et sur le compte desquels on soit moins prêts d’être d’accord» écrit Jacques de CROZAL, dans son ouvrage, «Les Peuls, étude d’ethnologie africaine», de 1883.
En effet, pendant longtemps, les chercheurs se sont divisés sur l’origine des Peuls. Gaspard-Théodore MOLLIEN (1796-1872) et l’Abbé David BOILAT (1814-190) font venir les Peuls de la région située au Nord du Sahara ; ils s’étendaient dans les oasis et poussaient leurs troupeaux jusqu’aux bords du Niger. Attaqués par les Maures, ils se réfugient sur les bords du Sénégal. Pourtant, on retrouve les Peuls, notamment, au Cameroun, au Tchad et au Nigéria. Le baron Gustave d’EICHTAL (1804-1886) pense que les Peuls seraient venus de l’archipel indien ou de la Polynésie, il établit des analogies entre le Peul et les langues de ces pays, ainsi que leur système de numérisation : «Des deux côtés, le même caractère réservé, prudent, un peu mélancolique, la même susceptibilité sur le point d’honneur, la même promptitude à venger l’outrage. Chez les deux peuples, les mêmes croyances religieuses, les idées superstitieuses exercent un égal empire» dit-il. Le baron d’EICHTAL songe à ce fils de Cham, que le tableau ethnographique de la Genèse désigne sous le nom de Pout ou Phout. Selon lui, Pout, ce serait une déformation du Fouta.
FAIDHERBE estime que l’opinion d’EICHTAL est basée sur «de simples ressemblances de mots, ne signifiant pas grand-chose». Paul FLEURIOT de LANGLE (1897-1968) rapproche les Peuls du type Hindou et Sémite. KNOETEL rattache les Peuls aux Ethiopiens. BERENGER-FERAUD estime que les Peuls seraient originaires d’Algérie ou de Tunisie. Edmond MOREL, quant à lui, estime que les Peuls ont une origine judéo-syrienne. Maurice DELAFOSSE estime que les Peuls seraient des Judéo-syriens qui auraient séjourné pendant longtemps en Egypte. Les rois, de race blanche ayant régné sur l’empire du Ghana, seraient des Peuls, hamitiques, ils sont rebelles à l’islam.
Cheikh Anta DIOP (1923-1986), établira de façon scientifique et incontestable l’origine égyptienne des Peuls. Il conforte et développe l’hypothèse émise par FAIDHERBE qui n’était qu’une piste de recherche. Pour Cheikh Anta DIOP, il ne fait pas de doute que les Peul ont des origines égyptiennes. En effet, selon lui, les noms totémiques «BA» et «KA» ainsi que leur matriarcat indiquent qu’ils sont authentiquement d’origine égyptienne.
B – FAIDHERBE, les Ouolofs et leurs royaumes
1 – Les mœurs et coutumes des Ouolofs
FAIDHERBE met les Ouolofs et les Sérères dans le même groupe ethnique, en raison de leur caractère physique et moraux ainsi que de leur langage monosyllabique. «Les Ouolofs et les Sérères sont les plus grands, les plus beaux et les plus noirs de tous les Nègres de l’Afrique. Ils ont les cheveux crépus, mais les traits de leur visage sont souvent assez agréables ; leur qualité dominante est l’apathie» dit-il. FAIDHERBE les qualifie de «doux, puérilement vain, crédule, au-delà de toute expression, imprévoyants et inconstants». Il juge les Ouolofs très braves, cultivateurs et pêcheurs, et sont confrontés parfois à périodes de disette. Ils ne cultivent que juste ce qu’il faut pour leurs besoins du moment. En dépit de ces privations, ils sont des gens très heureux. Ils sont sobres et s’adonnent rarement à l’alcool.
Cependant, FAIDHERBE avait déjà déploré les mœurs de nos gouvernants : «Leurs rois et leurs chefs, sont ivres du jour où ils entrent en fonction jusqu’au jour où ils meurent, ce qui, grâce à l’eau-de-vie de traite, ne se fait pas attendre longtemps» dit-il. Là aussi, le colonisateur avait détecté le maillon faible de nos royaumes traditionnels qui avaient conclus de nombreux accords de protectorat avec la France avant que l’intérieur du pays ne soit conquis. Pour mieux les neutraliser, il était offert, en masse, des boissons alcoolisées à nos rois. Pour lui, «les habitants des villes peuvent être regardés comme civilisés». FAIDHERBE est sévère pour les Ouolofs convertis à l’islam et exprime son islamophobie «Les Noirs qui se font musulmans deviennent souvent faux et hypocrites». Il ressasse aussi les clichés colonialistes qui seront appliqués à tous les Noirs «Les Ouolofs sont de grands enfants qu’il faut savoir traiter comme tels». Par ailleurs, David BOILAT (1814-1901, voir mon post) s’intéressera particulièrement aux Ouolofs et aux Sérères, leurs coutumes, langues et royaumes.
FAIDHERBE se félicite de la bonne entente avec les Ouolofs qui ont un esprit ouvert : «Il y a, malgré de petites discordes, une grande sympathie entre eux et les Européens (…) et une race mélangée, assez nombreuse, a été le résultat de ce contact prolongé. Cette classe de la population a fait des progrès bien remarquables (…) sous le rapport de l’éducation, de l’habillement, de la manière de vivre publique et privée». Il apprécie chez les Ouolofs la douceur, la bienveillance et l’indulgence exagérée. Les prénoms rencontrés à cette époque sont pour les hommes : Samba, Demba, Déthié, Latir, Yoro, Peinda, Pathé, M’Bagnick, et pour les femmes : NGoné, Coumba, Tacko, N’Diogou, Yacine, Codou, Bigué, N’Della.
FAIDHERBE a étudié ce qu’il appelle les «races noires» et parmi elles les Mandingues ou Malinkés. «Cette langue indique une race d’hommes, et malgré les mélanges de sang les plus compliqués, les divisions territoriales infinies, causées par les guerres et les évènements politiques, et les différentes dénominations que prennent les factions séparées qui parlent ces dialectes, il est nécessaire de les réunir sous la même dénomination» écrit-il. Il décrit ainsi les Malinkés, les Sarakolés ou Soninkés, comme des «Noirs assez généralement de haute taille, au système musculaire bien développé, et aux cheveux crépus. Ils ont des traits du nègre. (..) On retrouve chez eux qui n’ont pour nous rien de désagréable» dit-il. Ces peuples sont assez guerriers par tempérament, et sont très portés à la culture et au commerce. Les Soninkés sont la race la plus commerçante de l’Afrique occidentale.
2 – Les empires du Djolof et du Oualo
En stratège, FAIDHERBE se mit d’abord à étudier les royaumes les plus faibles, notamment le Oualo et le Djolof. Il a décerné, dans ces pays, la place de la femme et le respect pour les Anciens, l’hostilité à l’égard de la chrétienté, l’attirance des esprits de la nature, la grande admiration pour le marabout, ainsi que la nécessité de mieux canaliser les incursions des Maures, pour avoir leur alliance. FAIDHERBE, dans ses travaux sur les empires Ouolofs (Djolof, Cayor et Oualo), s’appuie essentiellement, sur les Cahiers de Yéro DIAW, un élève de l’école des fils de chef, fondée en 1855. Yoro DIAW fut le premier de ces chroniqueurs sénégalais qui ont recueilli, traduit, écrit, compilé, interprété aussi, les traditions orales de leur peuple.
L’empire historique du Djolof, fondé au milieu du XVIème siècle, était dirigé par le Bourba, suzerain des rois du Cayor et du Oualo. Cependant, les Ouolofs et les Sérères prirent leurs distances, les razzias des Maures et les incursions du Fouta-Toro ayant affaibli et réduit le Djolof : «Le Bourba est le plus misérable et le plus faible de tous» écrit FAIDHERBE. Pays de pâturages et d’élevage, le Djolof attire les incursions des Maures. Les Peuls et les villages confrontés à l’insécurité ont cédé à la domination du Fouta-Toro. Le Djolof est également confronté à des dissensions internes. C’est le cas de la révolte de Tanor, dit Silamaka DIENG, converti à l’Islam, employant des guerriers Tieddos, il a recherché une alliance avec le Fouta-Toro.
Le Oualo, traditionnellement dirigé par les DIOP ou M’BODJI, étant une émanation de cet empire. Une partie du Oualo a été détruite et envahie par les Trarza, et la population alla se réfugier au Cayor ou N’Diambour. Les chefs du Oualo portent le titre de Brak, et c’est une dynastie élective parmi les trois grandes familles royales.
Par ailleurs, c’est pouvoir matriarcal «La loi d’hérédité comptait beaucoup dans le choix du Brak, mais l’hérédité dans le Oualo est très bizarre, elle est collatérale par les femmes. Ainsi, à la mort d’un chef ou d’un simple chef de famille, c’est le fils de sa sœur qui en hérite au détriment de ses enfants» écrit-il. Le colonisateur tenta, vainement, d’arracher le Oualo à la domination des Trarza en 1819, en 1827, 1843, 1848 et 1850. En 1833, la reine Guim-Botte, en fait N’Dieumbott M’BODJ (1800-1846), une Linguère, se maria avec un le roi Trarza, Mohamed El Habib, pour tenter de sauver son royaume. En 1835, par une action concertée des Braks du Oualo et de la France, les Maures furent vaincus, mais la paix ne sera acquise, définitivement, qu’en 1854. Ely, le fils de N’Dieumbott fut considéré comme l’héritier du Oualo, il en était le maître, sa tante étant N’Daté Yalla M’BODJI. Fara Peinda, réfugié au Cayor, contesta, vainement, la prise de pouvoir par Ely.
3 – Le turbulent et redoutable royaume du Cayor
FAIDHERBE a, très vite, compris que le CAYOR est un caillou dans la chaussure du colonisateur, et il fallait donc examiner attentivement les ressorts de son fonctionnement, pour l’anéantir. En effet, les Oulofs dispose d’un autre royaume, plus important, le Cayor qui s’étend de Saint-Louis à Gorée. C’est un régime d’héritage matrilinéaire ; seule la femme transmet certains noms et certains droits (Khët). C’est le père qui transmet le nom à l’enfant (Saant), et c’est la dynastie de FALL. Les Damels, rois du Cayor, sont choisis parmi les familles royales (Garmi) qui sont au nombre de sept (Mouïoy, Ouagadou, Dorobés, Guéidj, Guélwar, Bey, Sognon). Seul Lat-Dior, dernier Damel, un Tiéddo, ne sera pas issu de ces familles. Le titre honorifique de «Linguère» est accordé à une princesse qui devient ainsi la première dame du pays. En 1549, Amary N’Goné FALL, alors prince, vainquit le Bourba à la bataille de Dauky et déclara que le lien avec le Djolof est rompu, le titre de Damel venant du mot Ouolof «Dame», (casser, rompre). Après un règne de six jours de son père, Déthié-Fou N’Diogou FALL, premier Damel, meurt accidentellement, tué par un taureau surexcité. Amary N’Goné Sobel FALL, sera ainsi le second Damel, et choisi M’Boul comme capitale. Souverain absolu, le Damel «s’arroge le droit de piller, de tuer et de vendre ses sujets par simple caprice» écrit FAIDHERBE.
FAIDHERBE raconte qu’un vénérable marabout vint au Cayor, avec un magnifique cheval. Le Damel en voulut, à tout prix. Le marabout réclama alors cent jeunes filles vierges. Aussitôt, sur ordre du Damel, les Tiéddos, allèrent dans les villages ravir ces jeunes filles, pour le marabout. Pays plat, sablonneux avec des marais et des lacs d’eau douce (Les Niayes), les habitants du Cayor cultivent le mil, le Niébbé (haricot) et l’arachide. Le Cayor est à majorité musulmane, mais le Damel est animiste. La croisade d’Abdelkader KANE, pour tenter d’islamiser le Damel, s’est soldée par un cuisant échec. L’Almamy fut séquestré et libéré quelques années plus tard. Le Cayor a pu vassaliser le Baol, mais est resté sous la menace permanente des Maures. A l’époque, le souverain du Baol, sous la domination du Djolof, avait le titre de Lamane. Ce royaume dispose de guerriers redoutables, les «Thieddos» ou «Sebbé» qualifiés de mercenaires qui terrorisent la population. La révolte de Diaodine-Boul, de la famille Garmi, en 1856, s’est soldée par un échec ; il sera exécuté par le Damel.
Après 44 ans de règne d’Amary N’Goné Sobel, FAIDHERBE a recensé, entre 1549 et 1883, 83 Damels qui se sont succédés sur le trône du Cayor : Massamba Tacko, 3ème Damel en 1593 ; Makhourédja Kouly, 4ème Damel en 1600 ; Birame Banga, 5ème Damel en 1610 ; Daou Demba, 6ème Damel en 1640 ; Madior, 7ème Damel en 1647, roi sage et ayant fait régner la paix, il épousera sa nièce Yacine Boubou ; 8ème Damel, en 1664, c’est Birame Yacine Boubou ; il introduit le Khalam dans le Cayor ; Ditchiou Marame, 9ème Damel en 1681 ; Mafaly 10ème Damel en 1683, le Cadi N’DIAYE a fait assassiner Mafaly, surpris entrain de boire de l’eau de vie ; Makourédia Coumba Diodio, 11ème Damel, il a réunifié le Cayor et le Saloum et fait tuer Mafaly, ce fut le retour à l’animisme ; Birame Peinda Tchilor est le 12ème Damel en 1691 Dé-Tialao, 13ème Damel en 1693 ; 14ème Damel, en 1697, Lat-Soukabbé FALL, anciennement Tègne du Baol (remplaçant de Birame Codou), Dé-Tialao étant devenu aveugle ; C’est Lat-Soukkabé, le 6 juin 1701, qui fit prisonnier le gouverneur André BRUE qui ne sera libéré que sous rançon. Désormais, le Damel peut vendre librement ses esclaves aux Anglais et les Français devaient lui payer cent barres de fer par an. En 1719, Maïssa Tendé est le 15ème Damel. Son règne est marqué par une guerre contre les Foutankais, à la demande de deux princes du Cayor. En 1748, ce fut l’accession au pouvoir du 16ème Damel, Maïssa-Bigué, issu de la famille du Tègne, Tié-Yacine. Battu au Ouala et dans des luttes internes au Cayor, il cède le pouvoir. De 1749-1750, Mahawa devient le 17ème Damel ; il chassa ses ennemis du CAYOR, et vendit 500 esclaves à la Compagnie du Sénégal qui les expédia aux Antilles «Quand des chefs nègres font des razzias, pour vendre des captifs aux Blancs, les guerriers se font tuer ou s’échappent, et ce sont les masses non guerrières qu’on ramasse pour les vendre» écrit FAIDEHERBE. De 1757 à 1758, Birame Codou est le 18ème Damel. De 1758 à 1759, Maïssa-Bigué, et pour la deuxième fois le Damel, mais battu par le Bourba du Djolof, il est allé se réfugié au Oualo. De 1760 à 1761, Maïssa-Bigué devient, pour la troisième fois le Damel ; il reconquiert le pouvoir et tue le Bourba du Djiolof avec l’appui du Oualo et des Trarza. En 1763, Madior est le 19ème Damel. En 1766, Macodou est le 20ème Damel, issu de la branche cadette. En 1777, Biram-Fatim-Peinda, est le 21ème Damel. Il perçoit du gouverneur de Saint-Louis, par an, 3589 Livres, 15 Sous et 6 Deniers pour favoriser la traite des esclaves. Amary N’Goné N’Della Coumba accède au trône, en qualité de 22ème Damel-Tègne en 1790. Il fit vendre, comme esclaves, les chefs musulmans qui s’étaient révoltés contre lui. Pendant les troubles, Dakar en profita pour se déclarer en royaume indépendant.
Le Damel vainquit l’Almamy du Fouta-Toro, Abdelkader KANE à Bounkoye et le fit prisonnier. Mais au lieu de le tuer, il renvoya au Fouta, en lui donnant un cheval, accompagné de deux esclaves. En 1809, Biraïma Fatma Thioub devient le 23ème Damel. C’est un coup de force contre Tié-Yacine. Les soldats du Damel pillèrent un navire français naufragé en 1826, près de Gandiole. En 1832, Maïssa-Tiendé est le 24ème Damel. En 1849, fut établie une coutume de 150 pièces de Guinée à verser au Damel, pour favoriser le commerce de l’arachide. En 1855, Biraima est le 25ème Damel. Période de gouvernance de FAIDHERBE, le Cayor fut agité par de nombreuses guerres internes. Le Damel a désormais le droit de percevoir, directement, des taxes pour les produits entrant ou sortant de son territoire. Il autorise le colonisateur à établir une ligne de télégraphie électrique entre Saint-Louis et Gorée. En 1859, Macodou est me 26ème Damel. Il conteste le principe de la ligne téléphonique, et pilla de nombreux commerçants français. En 1861, Madiodio est le 27 Damel. Il est contesté par Lat-Diop, alors âgé de 17 ans ; Lat-Dior est frère du Damel Birame III, et fils de Silamaka DIOP.
En 1862, Lat-Dior DIOP (1842-1866), Gueidj de Khêt, sera le 28ème et dernier Damel du Cayor ; il est non issu de la famille royale. Il accorda aux Français le droit d’établir des garnisons sur son territoire, mais voulait recouvrer les anciennes limites territoriales du Cayor jusqu’à Saint-Louis. Les Français installent Madiodio, en qualité de Damel, de 1863 à 1864. Madiodio cède la moitié du Cayor au colonisateur. Le 12 janvier 1864 à Loro, suivant l’ordre donné par FAIDHERBE, les troupes coloniales et leurs alliés attaquèrent Lat Dior. Ces derniers furent défaits, obligeant ainsi le jeune Damel déchut à chercher refuge au Rip, dans le Sine. Cette région était à l’époque gouvernée par Maba Diakhou BA qui, bien qu’ayant signé des accords avec les Français, lui offrit volontiers l’hospitalité sans toutefois l’aider à reconquérir son trône. Auprès de Maba Diakhou BA, Lat Dior, qui était de tradition Tièddo donc animiste, se convertit à l’islam afin de rentrer dans ces bonnes grâces et devint son premier lieutenant en bataillant contre les sérères animistes afin de leur imposer la religion musulmane. Durant ces années Lat Dior livrait également bataille contre les forces coloniales, dont les exactions provoquaient migrations et exodes de populations entières et nourrissaient chaque fois un peu plus le sentiment d’urgence à les bouter hors du Cayor.
Maba Diakhou succomba en 1867 durant la bataille de Somb dirigée contre Bour Sine Coumba Ndofène, grand chef des sérères animistes. A sa mort, Lat Dior revient au Cayor en s’appuyant sur les captifs royaux et la confrérie des Tidjanes (disciples du conquérant El Hadji Omar TALL), fermement décidé à reconquérir son trône. Devant l’enthousiasme et la ferveur que soulevaient son passage, le pouvoir colonial se vit contraint de lui confier un poste de «chef de canton». De fait Lat Dior était redevenu damel. Au bout de quatre ans, les Français signèrent même un traité de paix avec lui qui était alors au faîte de sa puissance. Lat Dior annexa alors le royaume du Baol afin de porter la double couronne de Damel du Cayor et Tègne du Baol. Les français essayeront en vain de miner son pouvoir. En 1878, les Français décidèrent de développer la culture de l’arachide et de construire un chemin de fer. Après de durs combats, Lat-Dior est contraint de quitter le Cayor en 1884, pour se réfugier auprès d’Alboury N’DIAYE, Bourba du Djolof. Au Cayor, il sera remplacé, successivement, par Samba Yaya FALL, puis par Samba Laobé FALL.
En 1885, le Cayor est disloqué en 6 provinces. Le chemin de fer est inauguré le 6 juillet 1885. Samba Laobé qui a engagé et perdu une guerre, sans l’aval du colonel, fut puni d’une amende de 20 000 F. Samba Laobé sera tué le 6 octobre 1886, à Tiwaone par les Français ; il tentait de restreindre le passage du train. Lat-Dior, qui tentait de reprendre le titre de Damel, à la suite de la mort de son oncle Samba Laobé, est abattu par les troupes du capitaine Vallois, le 26 octobre 1886, à la bataille de Derkélé.
II – L’héritage d’africaniste de FAIDHERBE
A – La création d’un centre de Recherche ancêtre de l’IFAN
FAIDHERBE créé aussi deux revues importantes : L’Annuaire du Sénégal et dépendances, ainsi que le Moniteur de Sénégal et dépendances. Par ailleurs, il a fourni, à la recherche africaniste, un cadre institutionnel en créant des bureaux africains qui devaient ensuite conduire à la création à Dakar d’un centre de recherche nommé l’Institut Français d’Afrique noire (I.F.A.N.) en 1936 qui fut le lieu privilégié de transmission de l’africanisme aussi bien parmi les chercheurs africains. L’IFAN est, d’abord, confié à Théodore MONOD (1902-2000, naturaliste, spécialiste du désert, érudit et humaniste) ; c’est un centre de recherche et de documentation scientifique consacré à l’étude de l’homme, des autres êtres vivants et du cadre physique. L’IFAN se développera autour du musée d’ethnographie et d’un laboratoire d’histoire naturelle. L’IFAN est doté d’un bulletin trimestriel d’information et de correspondance, «Les Notes africaines» et d’un bulletin de l’IFAN. Vincent MONTEIL (1913-2005), orientaliste et auteur, notamment, d’une «Islam noir», son père Charles MONTEIL (1871-1949) a effectué des recherches sur les Khassonkés, et lui a transmis l’amour de l’Afrique. Par conséquent, le champ des recherches est vaste. Les Directeurs de l’IFAN ont accompagné la recherche dans le domaine littéraire, ainsi Théodore MONOD a préfacé le roman d’Ousmane Socé DIOP «Karim», et Vincent MONTEIL, celui de Cheikh Hamidou KANE, «L’aventure ambiguë».
Par ailleurs, et dans le domaine de l’ethnologie, Théodore MONOD a encouragé deux éminents chercheurs africains : Amadou Hamapathé BA, spécialiste des cultures orales africaines et Cheikh Moussa CAMARA, spécialiste de la généalogie des familles du Fouta-Toro (voir mes posts sur ces deux chercheurs). Dans ce cas, le travail mené s’est détaché de la démarche manipulatrice du pouvoir colonial qui visait, à travers ses études de races à séparer le bon grain de l’ivraie. L’IFAN a donné naissance à de nouvelles races de chercheurs sénégalais, dans le domaine de l’histoire avec une exposition, en 2016, à l’occasion du 240ème anniversaire sur l’Etat théocratique, fondé par Thierno Souleymane BAL, et même dans le domaine de l’entomologie, une discipline nouvelle, inspirée de l’écologie, par le professeur Abdoulaye Baïla N’DIAYE.
B – L’africanisme universitaire
Maurice DELAFOSSE (1870-1926), qualifié par SENGHOR comme étant le «plus grand des africanistes» et de l’un des pères de la Négritude, est dans une large mesure, le continuateur de l’œuvre de FAIDHERBE. Orientaliste, arabisant et africaniste, DELAFOSSE a travaillé, notamment sur les PEULS, l’empire du Ghana, l’âme nègre, les civilisations du Soudan.
Orientaliste, il a bénéficié du concours de Lucien LEVY-BRUHL (1857-1939), adepte de la «mentalité prélogique» ou tout simplement primitive.
La construction de l’africanisme français se réalisa en collaboration étroite avec le monde universitaire. Cette démarche n’est guère nourrie du fonctionnalisme de Borislaw MALINOWSKI (1884-1942), fondateur, en 1926, à Londres de l’International African Institute of African Languages and Cultures. La Société des Africanistes a été fondée en 1930, au moment même où se préparait la première grande expédition ethnologique française en Afrique, la mission Dakar-Djibouti (1931-1933) conduite par Marcel GRIAULE (1898-1956), spécialiste des Dogons, défense du Négus. Elle regroupe des spécialistes mais également des passionnés, enthousiasmés par la révélation des cultures africaines et travaille en étroite symbiose, depuis 1939, avec le musée de l’Homme, dont elle ne cesse d’enrichir les collections d’objets, d’archives sonores, de photographies et de films concernant l’Afrique. Elle a toujours maintenu l’interdisciplinarité qui est devenue une des caractéristiques de ses publications : ethnologie, sociologie, histoire, archéologie, préhistoire, géographie, linguistique, anthropologie biologique, musique et arts.
La Société des Africanistes, créée en 1930 à Paris au Muséum national d’histoire naturelle, se constitue selon la loi de 1901 comme les autres sociétés savantes. La notion d’africanisme a été remplacée dans les années soixante par l’appellation plus neutre d’études africaines. Ce sont des universitaires européens qui se sont répartis l’Afrique en champs de recherches et qui ne discutent qu’entre eux. Pourtant, la notion d’africanisme, avec le multiculturalisme en Europe devrait revêtir un autre sens.
Conclusion
L’un des grands mérites de FAIDERBE est d’avoir posé la question de la diversité culturelle, alors que tout le système colonial et néocolonial, est fondé sur le principe de l’assimilation, et le refus de reconnaître l’autre dans son authenticité. Officiellement, la République française ne connaît pas les races, mais, en fait, c’est un système largement hypocrite, racisé, ethnicisé, dans lequel la Diaspoara, les Français issus de l’immigration sont ravalés, comme au temps colonial, au rang d’indigènes de la République. La Francophonie n’est pas un outil d’échange et d’enrichissement mutuel entre l’Afrique, mais un outil de domination française et d’asservissement des cultures africaines.
Pourtant, le multiculturalisme est là, et c’est l’un des phénomènes majeur de ce début du XXIème, même s’il est nié et refoulé. Depuis le triomphe d’Alain MABANCKOU au collège de France, en mars 2016, la Diaspora réclame la création d’études africaines, comme aux Etats-Unis dans les universités françaises, en vue d’examiner les conditions du bien-vivre ensemble. En effet, victimes d’une castration, en raison de la persistance de cette odieuse Françafrique, ravalés au rang d’indigène de la République, les Français issus de l’immigration devraient revendiquer, plus fortement, leur appartenance à la France républicaine, à égalité de droits et de devoirs. Leur histoire fait partie, désormais et depuis longtemps de l’histoire de France. «Ceux qui vivent, ce sont qui luttent, ce sont ceux dont un dessein emplit l’âme et le front, ceux qui d’un haut destin gravissent l’âpre cime, ceux qui marchent pensifs, épris d’un but sublime» disait Victor HUGO.
Par: Amadou Bal BA
Bibliographie très sommaire :
1 – Contributions de Louis-Léon-César FAIDHERBE
FAIDHERBE (Louis-Léon-César), «L’alliance française pour la propagation de la langue française dans les colonies et les pays étrangers», Revue scientifique, 3ème série, janvier à juillet 1884, pages 104-109 ;
FAIDHERBE (Louis-Léon-César), «Les Berbères et les Arabes du bord du Sénégal», Bulletin de la Société de Géographie de Paris, février 1854, pages 89-130 ;
FAIDHERBE (Louis-Léon-César), «Les Peuls», Bulletin de la Société de Géographie de Paris, 1856, pages ;
FAIDHERBE (Louis-Léon-César), «Les populations noires du Sénégal et du Haut-Niger», Bulletin de la Société de géographie de Paris, 1856, 4ème série, série XI, pages 281-300 ;
FAIDHERBE (Louis-Léon-César), «Populations noires des bassins du Sénégal et du Haut Niger», Bulletin de la Société de Géographie de Paris, mai et juin 1856, pages 281 – 300 ;
FAIDHERBE (Louis-Léon-César), «Tombouctou et les grandes voies commerciales de l’Afrique», Revue scientifique, 15 novembre 1884, n°20, pages 609-613 ;
FAIDHERBE (Louis-Léon-César), ANCELLE (J) Les explorations du Sénégal et dans les contrées voisines depuis l’Antiquité à nos jours précédé d’une notice ethnographique sur notre colonie, Paris, Maisonneuve et Ch. Leclerc, 1886, 442 pages, spéc pages 23-48 ;
FAIDHERBE (Louis-Léon-César), Contribution à l’étude de la langue berbère, Paris, Leroux, 1877, 95 pages ;
FAIDHERBE (Louis-Léon-César), Grammaire et vocabulaire de la langue Poul, à l’usage des voyageurs dans le Soudan, avec une carte indiquant où se parlent cette langue, Paris, Maisonneuve, 1882, 164 pages ;
FAIDHERBE (Louis-Léon-César), L’Armée du Nord, réponse à la relation du général Von Goeben pour faire suite à la campagne de l’armée du Nord, Paris, Imprimerie Balitout, 1873, 30 pages ;
FAIDHERBE (Louis-Léon-César), Le Zénéga des tribus sénégalaises : contribution à l’étude de la langue berbère, Paris, INALCO, Archives africaines, AUPELF, 1877, 95 pages ;
FAIDHERBE (Louis-Léon-César), Notice sur la colonie du Sénégal sur les pays qui sont en relation avec elle, Paris, Arthus Bertrand, 1859, 99 pages, spéc pages 23-48, et Nouvelles annales de voyage, de la géographie et de l’histoire, 1859, tome 1, pages 5-23 ;
FAIDHERBE (Louis-Léon-César), Notice sur le Cayor, Dakar, IFAN, Université Cheikh Anta Diop, non daté, pages 527-551 ;
FAIDHERBE (Louis-Léon-César), TOPINARD (Paul), Instructions sur l’anthropologie de l’Algérie, considérations générales, Paris, Topographie A. Hennuyer, 1874, 58 pages ;
FAIDHERBE (Louis-Léon-César), Le Sénégal et la France dans l’Afrique Occidentale Française, Paris, Hachette, 1889, 488 pages ;
FAIDHERBE (Louis-Léon-César), «Considérations sur les populations de l’Afrique septentrionale», Nouvelles annales de voyages, de la géographie, de l’histoire et de l’archéologie, 1859, 6ème série, tome 3, pages 290-306 ;
FAIDHERBE (Louis-Léon-César), «Les races noires», Nouvelles annales de voyages, de la géographie, de l’histoire et de l’archéologie, 1859, 6ème série, tome 1, pages 23-99 ;
FAIDHERBE Louis-Léon-César), Instructions sur l’anthropologie d’Algérie, considérations générales, Paris, Typographie A. Henneyer, 1874, 60 pages ;
FAIDHERBE (Louis-Léon-César), «Sur les Dolmens d’Afrique», Bulletin et mémoire de la Société d’Anthropologie de Paris, 1873, 2ème série, tome 8, pages 118-122.
2 – Critiques de Louis-Léon-César FAIDHERBE
AGGARWAL (Kusum), «Africanisme français et littérature africaine», Cahiers d’Etudes Africaines, 2010, pages 198-200 ;
AGGARWAL (Kusum), Amadou Hampâté BA et l’africanisme : de la recherche anthropologique à l’exercice de la formation auctoriale, Paris, L’Harmattan, 1999, 266 pages ;
AMSELLE (Jean-Loup), Vers un multiculturalisme français, l’empire de la coutume, Paris Aubier, 1996, 183 pages ;
BALANDIER (Georges), Anthropologie politique, Paris, P.U.F, 1967, 244 pages ;
BATHILY (Abdoulaye), «Aux origines de l’africanisme : le rôle de l’œuvre ethno-historique de Faidherbe dans la conquête française du Sénégal», in MONNIOT (H), Le mal de voir. Ethnologie et orientalisme, politique et épistémologie, critique et autocritique, Paris, Cahiers de Jussieu n°2, Union Générale des éditions, 10/18, pages 77-107 ;
BONVINI (Emilio), «Interférences anthropologiques dans l’histoire de la linguistique africaine», in Histoire épistémologie langage, 2007, tome 29, fascicule 2, «Le Naturalisme linguistique et ses désordres», pages 113-130 ;
BOULEGUE (Jean), «A la naissance de l’histoire écrite sénégalaise : Yéro Dyao et ses modèles», History in Africa, 1988, vol 15, pages 395-405 ;
BRUNEL (Ismaël-Mathieu), Le général Faidherbe, Paris, Charles Delagrave, 1897, 316 pages ;
CROZALS, de (Jacques), Les Peuls, étude d’ethnographie africaine, Paris, Maisonneuve, 1883, 271 pages ;
D’EICHTAL (Gustave), Histoire ou origine des Foulahs ou Fellans, étude sur l’histoire primitive sur les races océaniennes et américaines, Paris, Veuve Dondey-Dupré, 1841, 286 pages ;
DELAVIGNETTE (Robert), «Faidherbe», in DELAVIGNETTE (Robert) et JULIEN (Charles-André), Les constructeurs de la France d’Outre-mer, Paris, Corréa, 1946, 525 pages, spéc pages 232-264 ;
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Paris, 1er février 2018, par M. Amadou Bal BA – http://baamadou.over-blog.fr/