13 Septembre 1882 | Egypte: La bataille de Tel el-Kebir (guerre anglo-égyptienne)

La Guerre anglo-égyptienne a eu lieu en 1882 entre, d’une part, les forces égyptiennes et soudanaises commandées par Ahmed Urabi et, d’autre part, le Royaume-Uni. Elle était la suite d’un soulèvement nationaliste contre le khédive Tawfiq Pacha et a considérablement accru l’influence britannique sur le pays.
Contexte
En 1878, un officier de l’armée égyptienne, Ahmed Urabi (alors connu en anglais sous le nom d’Arabi Pacha), se mutine et tente un coup d’État contre Tawfiq Pacha, le khédive d’Égypte et du Soudan, principalement pour des raisons de disparités de rémunération entre Égyptiens et Européens. En janvier 1882, les gouvernements français et britannique envoient une « note conjointe » au gouvernement égyptien, dans laquelle ils déclarent reconnaître l’autorité du khédive. Le 20 mai 1882, des navires de guerre britanniques et français arrivent au large de la côte d’Alexandrie.
Le débat sur les motifs de l’invasion
Du fait de l’absence d’information définitive sur ce point, les raisons de l’envoi d’une flotte de guerre britannique sur la côte d’Alexandrie restent un sujet de débat historique.
Dans leur essai Africa and the Victorians (1961), Ronald Robinson et John Gallagher soutiennent que l’invasion britannique a été ordonnée afin de supprimer les risques d’anarchie que la révolte d’Ahmed Urabi représentait, ainsi que pour protéger le contrôle britannique sur le canal de Suez, indispensable au maintien des relations avec l’Inde.
A. G. Hopkins rejette la thèse de Robinson et Gallagher. En s’appuyant sur des documents originaux et des sources de seconde main, il estime qu’Urabi ne présentait pas un réel danger pour le canal de Suez, et que ses troupes n’étaient pas des « anarchistes », mais plutôt des gardiens de la loi et de l’ordre. Au contraire, il estime que le cabinet britannique de William Gladstone recherchait d’abord à protéger les intérêts des investisseurs britanniques en Égypte, et à entretenir sa popularité interne. Hopkins met en évidence les investissements britanniques croissants massivement en Égypte dans les années 1880, en partie du fait de la dette du khédive pour financer la construction du canal de Suez, ainsi que les liens étroits qui existaient entre le gouvernement britannique et le secteur économique. Il estime que cette volonté de protéger les intérêts économiques de la Grande-Bretagne coïncidait avec le souhait, au sein du parti libéral, de rivaliser avec la popularité du parti conservateur par une politique étrangère active. Hopkins cite une lettre d’Edward Malet, le consul général britannique en Égypte à l’époque, à un membre du cabinet Gladstone, dans laquelle il présente ses félicitations pour l’invasion : « Vous avez combattu pour toute la Chrétienté, et l’histoire le reconnaîtra. Si je puis me permettre, vous avez également donné au parti libéral un nouveau mandat de popularité et de pouvoir ».
John Galbraith et Afaf Lutfi al-Sayyid-Marsot confirment la thèse de Hopkins, bien que leurs arguments se concentrent sur la manière dont certaines personnes au sein de l’administration bureaucratique du gouvernement britannique ont utilisé leurs positions pour faire apparaître l’invasion comme l’option préférable aux yeux du cabinet Gladstone. Ils décrivent d’abord les intrigues d’Edward Malet, qui s’attache à dépeindre à ses supérieurs le gouvernement égyptien comme instable. Selon l’analyse de Galbraith et al-Sayyid-Marsot, Malet pensait naïvement qu’il pourrait convaincre les Britanniques d’intimider l’Égypte par une démonstration de force, sans aller jusqu’à une invasion et une occupation en bonne et due forme. Ils insistent également sur le rôle de l’amiral Beauchamp Seymour, qui, dans ses télégrammes de réponse au gouvernement, appuya en faveur des bombardements en exagérant le danger que représentaient les forces d’Urabi pour ses navires.
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