9 Septembre 1996 | Burundi: L’archevêque Joachim Ruhuna est assassiné par des rebelles hutus
L’ ancien archevêque de Gitega, Mgr Joachin Ruhuna, était sauvagement assassiné le lundi 9 septembre 1996 alors qu’il sortait de la paroisse Gitongo de retour d’une mission au grand séminaire de Burasira où il venait d’inspecter l’état d’avancement des travaux de réfection des bâtiments qui avaient été endommagés par une attaque des rebelles.

L’archevêque Joachim Ruhuna
Sa mort suscita une immense émotion dans les milieux ecclésiastiques du monde entier, et même Saint Jean-Paul II qui le connaissait personnellement et qui l’appréciait beaucoup, s’en émut au cours de l’audience générale hebdomadaire du mercredi 11 septembre 1996 sur la Place Saint Pierre de Rome.
L’année dernière, lors du 17ème anniversaire de sa mort, les membres de sa famille et ceux de la fondation qui porte son nom, furent agréablement surpris que son successeur, Mgr Simon Ntamwana, demande à quiconque serait témoin ou objet d’un signe miraculeux pour être intercédé auprès de lui le fasse savoir aux autorités ecclésiastiques habilitées (i.e. l’Evêque du diocèse) afin que, au cas où le Vatican le jugerait opportun, soit entamé le long (le très long) processus de béatification.
La surprise fut agréable parce que lors de l’inauguration puis de la bénédiction du monument construit en sa mémoire à 500 mètres de l’ancienne Cathédrale Christ-Roi où il repose, son successeur avait refusé d’y participer, arguant qu’il était opposé au « culte de la personnalité », en réponse à l’ancien Nonce Apostolique, Mgr Michel Coutrnay qui, lui, prit part aux cérémonies d’inauguration et avait contribué au financement de l’érection du monument.
Les amis et proches de l’ancien Archevêque seraient encore plus heureux le jour où il choisirait lui-même afin de se joindre à eux pour le fleurir, car ils sont intimement convaincus qu’ils sont tous unis par l’amour prêché autrefois par Jésus et qui animant au plus haut Mgr Joachin Ruhuna.
Qui a assassiné Mgr Joachin Ruhuna ?
Selon toute vraisemblance, l’ancien Archevêque de Gitega risque d’allonger la liste de tous ceux qui, grands et petits dans ce pays maudit par le destin, sont morts éliminés par leurs semblables, mais dont on ne connaîtra jamais leur identité parce que l’impunité fait désormais partie des réflexes de ceux qui nous gouvernent depuis des décennies.
Pour ce qui est du meurtre de Mgr Ruhuna, deux obstacles principaux se dressent sur le chemin de la recherche de la vérité. D’une part, l’un des principaux témoins a déjà quitté ce monde, l’abbé Cyrille Kamana, longtemps emprisonné à Gitega, car il était soupçonné d’avoir été au courant à l’avance de l’embuscade dans laquelle allait tomber le prélat.
Et pourtant, il ne l’en a pas avisé pour qu’il retarde ou diffère son retour à Gitega, ce qui, aux yeux de la loi, est un délit que l’on qualifié de « non-assistance à personne en danger ».
Le deuxième obstacle est lié à la zone militaire où l’assassinat fut perpétré. La paroisse Gitongo et ses environs se trouvaient sous le commandement de Zénon Ndabaneze, officier rebelle du Cndd-Fdd à l’époque des faits, et devenu aujourd’hui général de brigade chargé du désarmement.
Faire comparaître un homme de cette stature devant les instances judiciaires pour qu’il dise pourquoi il a fait assassiner le charismatique homme d’Eglise, sous le système actuel judiciaire et politique du Cndd-Fdd, est tout simplement un rêve semblable de l’église catholique, car l’appartenance ethnique des uns et des autres est une affaire trop petite pour qu’elle divise les fils et filles du même Dieu Tout-Puissant, le Dieu d’amour car l’amour du prochain fut l’alpha et l’Omega qui guida l’ancien Archevêque de Gitega sur son chemin vers la sainteté.
Les massacres des prêtres hutus en 1972, peuvent-ils justifier le silence autour de l’assassinat de Mgr Ruhuna ?
Sans le reconnaître à haute voix, le silence (ou l’indifférence) que certains dignitaires au sein de l’Eglise Catholique burundaise ont tenté d’imposer sur l’assassinat de Mgr Joachin Ruhuna s’expliquerait par la mise à mort d’une quarantaine de prêtres hutu en 1972, à commencer par le plus connu de tous, l’abbé Michel Kayoya, auteur de deux ouvrages : « Entre deux mondes » et « Sur les traces de mon père ».
Ils furent conduits à la mort dans le silence total sous le régime de la Ière République de Michel Micombero, au même titre que des dizaines de milliers d’intellectuels hutu sans être traduits devant aucune instance judiciaire.
C’est probablement pour cela que l’hommage rendu à Mgr Ruhuna, surtout après son assassinat, a été réduit au service minimum, de la part de son successeur, parce qu’ à ses yeux, il estimait probablement qu’on en faisait un peu trop, après n’avoir rien fait pour les consacrés il y a plus de 42 ans.
La fondation « Mgr Joachin Ruhuna Bon Pasteur pour l’enfance déshéritée et le retour de la paix » aurait aimé que le monument en sa mémoire soit dressé en face de la Cathédrale Christ-Roi, mais Mgr Ntamwana refusa, car, expliqua-t-il, il avait un projet à réaliser à cet endroit précis. Mais 18 ans après, rein n’est encore visible. Sans oublier, comme on l’a dit à maintes reprises, qu’il refusa de participer à la bénédiction du monument alors que certains de ses collègues Evêques y prirent part, tout comme l’ancien Nonce Apostolique qui avait même contribué financièrement à la construction du monument.
Mais les membres de la Fondation restent convaincus dur comme fer que leur vision du charismatique homme de Dieu finira par se croiser avec celle de l’or.
Qui était Mgr Gabriel Gihimbare ?
Très peu de gens, y compris de nombreux chrétiens, savent qui était cet homme d’Eglise, éphémère Evêque coadjuteur de l’Archidiocèse de Gitega. Nommé à ces fonctions par le Pape Paul VI qui venait de succéder à Jean XXIII en 1963, il trouva la mort dans des circonstances jamais élucidées et comme toujours, Hutu et Tutsi, à commencer par ceux de l’église catholique, ont deux versions diamétralement opposées.
Pour les premiers, c’est simple, il fut tué par les Tutsi qui ne voulaient pas d’un évêque appartenant à l’ethnie majoritaire. Pour les seconds en revanche, Mgr Gihimbrare, un des meilleurs aumôniers miliaires jusqu’à ce jour, selon l’ancien commandant du camp commando de Gitega, Paul Rusiga, était en tournée au Nord du pays pour faire ses adieux aux soldats des casernes militaires situées dans cette région très sensible. C’était l’époque où le Burundi était presqu’en guerre ouverte avec le Rwanda, suite aux incursions des réfugiés rwandais nouvellement établis au Burundi pour reconquérir le pouvoir perdu après la « Révolution sociale » de 1959.
Avant d’arriver à la caserne inscrite sur son agenda, il aperçut une antilope qu’il abattit sur-le-champ, très heureux de pouvoir servir de la viande à ses soldats en même temps qu’il leur dirait « ce n’est qu’un au revoir ».
Comme c’était à la tombée de la nuit, ce fut l’alerte dans le camp, et le prélat, sans se faire annoncer, progressa en passant tout près d’un gros camion rempli de munitions. Et sans hésiter, le caporal qui gardait cet endroit hyper stratégique, tira sur l’Evêque croyant avoir à faire à un soldat rwandais. Mgr Gihmbare s’écroula, le caporal aussi, après avoir su qu’il venait de tirer sur l’aumônier bien-aimé.
Ce rappel des faits est destiné à éclairer l’opinion car Mgr Gihimbare fait partie des « dossiers » sur lesquels s’est basé Mgr Simon Ntamwana pour relativiser l’hommage rendu à Mgr Ruhuna par ses proches. Au premier anniversaire de son assassinat le 9 septembre 1997 en effet, il a même donné des instructions pour qu’on ne prie pas seulement pour son prédécesseur, mais aussi pour l’ancien Evêque coadjuteur, alors qu’il aurait été possible d’attendre la date de l’anniversaire de sa mort qui eut lieu le 21 décembre 1964.
Comment je fis connaissance avec l’abbé Joachim Ruhuna
Ce témoignage nous a été envoyé par un lecteur de Net Press qui s’est exprimé sous le couvert de l’anonymat. Il a « glissé » en cours de route (c’est lui qui l’écrit) sur le chemin menant vers le sacerdoce mais a gardé le souvenir d’un homme d’église qui fut son recteur au grand séminaire de Bujumbura de 1970 à 1971.
« J’ai terminé mes humanités gréco-latines au petit séminaire de Mugera au terme de l’année scolaire 1969-1970 avec comme recteur l’abbé Michel Kayoya qu’on ne présente plus.
« Je suis allé directement au grand séminaire St Curé d’Ars de Bujumbura suivre les études de philosophie et de théologie. Pour la petite histoire, si j’étais allé jusqu’au bout, j’aurais été ordonné prêtre en 1976 en compagnie de Mgr Jean Ntarwarara, du père Liboire Kagabo et de l’abbé Avit Vyumvuhore.
« L’abbé Joachim Ruhuna, notre recteur, rentrant fraîchement de Rome où il venait de suivre ses études et nous enseignait le cours d’anthropologie qu’il maîtrisait à merveille, puisqu’il nous le donnait sans se référer à ses notes.
« Un homme d’une grande intelligence donc mais aussi d’une beauté extrême et d’une simplicité indescriptible. Je me souviens encore qu’à l’époque où le réfectoire était commun aux grands séminaristes et aux prêtres, mais avec des tables à manger distinctes, il arrivait que le recteur appelle un ou deux grands séminaristes pour s’assoir à côté de lui et partager le repas ensemble.
« Nommé premier Evêque du diocèse de Ruyigi qui venait d’être fondé en 1973, il m’invita personnellement pour qu’« en aucune manière », « je ne manque aux cérémonies d’investiture ».
« Enfin, durant la dernière semaine qui précéda son assassinat le 9 septembre 1996, il me croisa sur le boulevard du 28 novembre alors que je faisais mon footing, s’arrêta, me serra la main cordialement et me demanda comment je jugerais la situation dans le pays alors qu’elle était très explosive ».
Abuco-ti Burundi souffre ses 20 bougies
Bujumbura, le 6 septembre 2014 (Net Press) . L’Association burundaise des consommateurs-transparency international Burundi (Abuco-ti Burundi) a célébré ce matin ses vingt ans d’existence au service des consommateurs et des victimes de la corruption.
Au cours d’une conférence de presse qu’il a animée, M. Noël Nkurunziza, président de l’Abuco-ti Burundi, a fait savoir que cette association a été créée au mois de juin 1994 et agréée le 07 septembre 1994. Et cette association dispose de 15 antennes provinciales dans tout le pays. Cela a été l’occasion pour M. Nkurunziza de présenter les réalisations de cette association ainsi que les perspectives d’avenir pour renforcer le travail de l’organisation. Selon lui, durant ces 20 ans d’existence, l’Abuco-ti Burundi, a déjà exécuté pas mal de projets et programmes dans le volet : promotion, protection et défense des droits des consommateurs et dans le volet : promotion de la bonne gouvernance à travers la lutte contre la corruption.
Toutefois, le président de l’Abuco-ti reconnait que tout n’a pas toujours été rose au cours de ces 20 ans d’existence. Il a indiqué que cette association a rencontré des difficultés dans la mise en œuvre de ses projets et programmes, notamment des appuis insuffisants, la réticence de certains administratifs publics à collaborer avec la société civile, le manque d’engagement de certains membres de l’organisation, la cherté de la vie, etc. Signalons que compte tenu de la situation économique alarmante dans laquelle se trouvent les consommateurs burundais, l’Abuco-ti Burundi a célébré cet anniversaire dans la simplicité à travers cette conférence de presse mais sans cérémonies ostentatoires.
Les islamistes El Schebbab jurent de se venger
Le chef des islamistes El Schebbab opérant en Somalie a été tué ce samedi suite au bombardement effectué par un avion américain sans pilote. Il était très recherché ces derniers jours, et par le gouvernement légal de Mogadiscio et par l’aviation de U.S. Air Force parce qu’il avait juré sa haine contre l’Occident et ses intérêts partout dans le monde et particulièrement contre ceux des Américains.
Les « fous de Dieu » lui ont trouvé un successeur dès ce samedi même, qui a promis de respecter « l’héritage » de son prédécesseur, c’est-à-dire tuer, tuer et tuer encore le plus possible de ressortissants de « l’empire du mal », c’est-à-dire les Américains.
Mais Washington ne reste pas non plus les bras croisés. Un porte-parole du Pentagone (i.e. le ministère américain de la défense) a affirmé aujourd’hui que les Etats-Unis allaient mettre toute leur technologie militaire à la disposition du droit, que ce soit en Asie ou sur le contient africain.
Par : Agence Burundaise d’informations net press
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