15 août 1960 | Indépendance du Congo – Brazzaville

Le 15 août 1960, le Congo accède à la souveraineté internationale. Mais, tout commence par le référendum du 28 septembre 1958 présenté par le général de Gaulle. Le résultat donne 339438 oui pour l’adoption de la nouvelle constitution française contre 2133 non. Un véritable plébiscite. Nous ne sommes ni en Russie ni dans une République bananière, mais bien dans un territoire français. La Communauté venait de naître. En passant, il faut noter que le mot référendum n’est pas nouveau dans le vocabulaire politique au Congo.

Le 28 novembre 1958, l’Assemblée territoriale du Congo, sous la direction de son président, Jayle, vote à l’unanimité la proclamation de la République. Le Gouverneur Deriaud, au nom du gouvernement de la République française, a pris acte et a solennellement paraphé la délibération portant option pour le statut d’Etat membre de la Communauté. Le Territoire du Moyen Congo jouit désormais de l’autonomie interne complète. L’Assemblée territoriale, devenue assemblée législative, élit l’abbé Fulbert Youlou, en qualité de chef du gouvernement par 23 voix. Jacques Opangault n’a pas pris part au vote et les 21 conseillers Msa (Mouvement socialiste africain, son parti) étaient absents de la salle des séances. Là aussi, c’est une forme d’expression démocratique qui n’a rien d’une forfaiture. Ce qui n’empêche pas d’observer que la République est née sur une fausse note, la défection du député Msa, Yambot, qui a rejoint l’Uddia (Union démocratique pour la défense des intérêts africains) de Fulbert Youlou, est un vice rédhibitoire de la République. Le débauchage et la transhumance politique trouvent là leur expression la plus criarde. Et pour cause ! Ils sont à l’origine des luttes fratricides de février 1959, préludes plus de trente ans après, de la jacquerie de 1997. On ne peut qu’être offusqué par les impostures politiques qui, depuis cette traitrise inaugurale, véritable tare congénitale, a vite paralysé le pays. Au surplus, les rivalités entre les différents partis dirigés par l’abbé Fulbert Youlou, Jacques Opangault et Félix Tchicaya ont vite dégénéré, comme dit plus haut. Assez rapidement, le Ppc (Parti progressiste congolais, premier parti politique de notre pays, est mis hors jeu.

Pour l’histoire, il faut rappeler que la République du Congo naît à Pointe-Noire, capitale du Moyen Congo. Celle-ci est, par la suite, temporairement transférée, à Brazzaville. Les locaux, actuellement occupés par l’école Jean-Joseph Loukabou dans la ville océane, était le siège de l’Assemblée territoriale. Cet édifice aurait dû abriter un Musée de la République. Il tombe quasiment en décrépitude. Ce qui est une forme de déni historique. Pour tracer sa route, il faut savoir d’où l’on vient. Hélas, chez nous, les repères sont brouillés. Rien d’étonnant, puisque ceux qui sont chargés de préserver et de perpétuer la mémoire nationale n’ont aucun scrupule à réécrire leur propre parcours. Par ce fait, l’histoire nationale est tronquée, triturée et illisible.

Dans sa séance du samedi 21 novembre 1959, l’Assemblée nationale institue le Premier ministre président de la République. La motion est présentée par Marcel Ibalico, député et sénateur, président du groupe parlementaire Uddia. Jacques Opangault, après une brève suspension de séance, donne l’accord de son groupe. Le 28 novembre 1959, les Brazzavillois et les Congolais dans leur ensemble, célèbrent la fête nationale, celle de la naissance de la République, un an avant. Le président Fulbert Youlou, fraîchement élu, reçoit le drapeau vert-jaune-rouge du Congo qui va incarner désormais « tout ce qu’il y a de plus cher, de plus grand dans nos cœurs », tandis que monte « La Congolaise ». C’est à cette occasion que les Congolais écoutent pour la première fois l’hymne national congolais. Notre devise est Unité-Travail-Progrès. Jusqu’en 1962, le 28 novembre est le jour de la fête nationale. Cette date est désormais celle de la fête de la République.

Le 15 août 1960, le Congo accède à l’indépendance. André Malraux, célèbre ministre français, représente le général de Gaulle. C’est la liesse des grands jours sur l’air d’ « Indépendance chacha » de Joseph Kabasele, véritable hymne de l’indépendance africaine.

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