7 AOÛT 1975 | RDC: ALLOCUTION DE M. VALERY GISCARD D’ESTAING, AU STADE DU 20 MAI KINSHASA

Politique extérieure ‘ relations franco – zaïroises’ citoyen président, fondateur du mouvement populaire de la révolution, président de la république, citoyen commissaire, zaïroises et zaïrois, je suis venu vous apporter le salut et l’amitié de la France. Mon salut s’adresse à travers vous a l’Afrique tout entière parce que vous êtes places à son cœur. Africaines et africains, recevez le message d’un pays qui vous regarde, qui vous connait et qui vous respecte. L’Afrique a jadis donne naissance à l’humanité. Elle lui apporte aujourd’hui, elle lui réserve encore plus pour demain, des trésors de fraternité, de beauté et de vie. Je rends témoignage a l’africanité de la famille humaine. Mon salut s’adresse à travers vous a la jeunesse du monde. Jeunesse des nations qui, en quelques années, ont grandi comme des arbres nouveaux, sur la surface de la planète. Jeunesse des hommes et des femmes, gage de la vitalité de notre espèce. Hommes et femmes des nations jeunes, vous êtes deux fois l’avenir ! C’est pourquoi nous français, nous voulons vous comprendre et nous entendre avec vous. Je vous parle au nom d’un pays très ancien, mais très jeune lui aussi. D’un pays qui a su, il y a longtemps, lancer au monde la première parole de liberté et d’allégresse, et qui, de nouveau aujourd’hui, fait confiance à sa propre jeunesse et a toute la jeunesse du monde. Enfin, mon salut s’adresse à travers vous a un grand peuple et a l’homme d’état éminent qui le conduit
‘Politique extérieure ‘ relations franco – zaïroises’ votre nombre, l’étendue de votre territoire, la profusion de vos ressources naturelles vous destinent au premier rôle. Encore faut-il naturellement que vous sachiez rester vous-mêmes et que, tout en bâtissant une nation moderne, vous préserviez votre âme collective qui est le plus précieux de tous vos biens. C’est le chemin que le président Mobutu Sese Seko vous a trace ici meme, dans ce magnifique stade du 20 mai, en proclamant “le recours a l’authenticite” par son discours du 30 décembre 1971. Refusant d’épouser aveuglement les idéologies d’importation, le père de la nation zaïroise a voulu lancer tout un peuple a la reconquête de son âme. Il lui fait rechercher et retrouver les valeurs de ses ancêtres, ses intercesseurs dans le monde de l’au-delà et ses protecteurs dans le monde des vivants, en même temps qu’il le convie à s’en inspirer pour bâtir un pays moderne. Dans ce lieu, qui est le symbole de l’avenir du Zaïre, je salue votre volonté d’authenticité et le président Mobutu qui incarne si complètement l’une et l’autre ! Je vous exprime aussi l’amitié de la France ! Non pas une amitié lointaine, distraite ou seulement faite de paroles, mais une amitié proche, attentive et agissante. Une amitié pour l’action
‘Politique extérieure ‘ relations franco zaïroises’ quelle action ? Agir pour qui et pour quoi faire ? D’abord pour que le droit des peuples, de tous les peuples à disposer librement d’eux-mêmes soit partout et complétement respecte. Tant qu’un seul peuple est opprimé, aucun n’est entièrement libre. Il n’y a pas de paix assurée, ni de bonheur véritable pour les hommes là où subsiste l’impérialisme sous quelque forme que ce soit, ouverte ou déguisée, étatique ou idéologique et de quelque origine que ce soit. La France rejette, en ce qui la concerne, et en ce concerne les autres, toute forme ou toute tentation d’impérialisme. Elle s’est fixée comme ligne de conduite, bien entendu a l’égard de l’Afrique, mais aussi du monde entier, de respecter et de faire prévaloir chaque fois qu’il dépend d’elle, le droit absolu de chaque peuple à fixer seul et librement son destin, et elle se tiendra à cette attitude. La France sait qu’elle peut _compter dans cette voie sur l’amitié agissante du Zaïre comme il peut _compter sur la sienne
‘Politique extérieure ‘ relations franco – zaïroises’ mais il faut agir également pour un nouvel ordre économique international. L’ordre ancien s’enfonce dans le passe. La France n’avait pas attendu qu’il soit ébranlé pour dénoncer ses injustices, en-particulier envers des pays comme le vôtre, dont la richesse réside d’abord dans les matières premières. Aujourd’hui, la France a hâte d’entreprendre l’édification d’un ordre nouveau, plus stable, plus honorable et plus juste. Appelés à limiter leurs désirs matériels, les pays développés doivent apprendre à partager. Dans le dialogue et la concertation mondiale nécessaires, le Zaïre et la France ont un rôle capital à jouer. Notre entente exemplaire qui s’est manifestée sur ce sujet, il y a quelques mois, me donne la certitude que, dans ce domaine, notre amitié s’emploiera au service de tous les peuples. Agir enfin pour notre développement commun. De la part de mon pays, il ne s’agit pas d’une offre d’assistance, mais d’une proposition de solidarité. La France propose aux pays d’Afrique, et d’abord à ceux qui ont en commun avec elle une même culture et une même langue, de solidariser leur développement mutuel, dans le respect de leurs intérêts réciproques, de leur personnalité authentique, et de leur dignité. Déjà, la visite officielle à paris du président Mobutu Sese Seko, il y a quatre ans, a permis d’etablir entre le Zaïre et la France les premières bases de cette solidarité nécessaire. Nous sommes décidés lui et moi à la resserrer encore davantage. La France est fière d’être ainsi associée à votre révolution, a la mise en valeur de l’immense potentiel de votre pays qui, sous la conduite éclairée de votre président, et grâce-a la force morale, au courage et au travail de son peuple, est aujourd’hui une nation puissante et respectée à travers le monde. Dans l’accomplissement de cette tache historique, le zaïre peut compter sur la confiance, la compréhension, l’amitié et le soutien de la France. C’est votre indépendance retrouvée, c’est votre souveraineté exercée, c’est votre authenticité affirmée qui rendent notre coopération possible. C’est pourquoi je crois à la force de cette coopération comme je crois à l’avenir de notre amitié ! Zaïroises et zaïrois, je n’oublierai pas votre accueil. Je penserai de loin à ce stade du 20 mai, à cette foule immense qui représente la jeunesse et l’avenir du monde qui vient. Vive le président Mobutu Sese Seko, vive le Zaire, et longue vie à l’amitié franco – zaïroise.