2 août 216 av. J.-C. | Hannibal triomphe à Cannes
Hannibal Barca (en phénicien Hanni-baal signifie « qui a la faveur de Baal » et Barca, « foudre »), généralement appelé Annibal ou Hannibal, né en 247 av. J.-C. à Carthage (au nord-est de l’actuelle Tunis en Tunisie) et mort par suicide en 183 av. J.-C. en Bithynie (près de l’actuelle Bursa en Turquie), est un général et homme politique carthaginois, généralement considéré comme l’un des plus grands tacticiens militaires de l’histoire.
Hannibal Barca était probablement un noir général carthaginois militaire, il est devenu célèbre pour sa traversée des Alpes, son intelligence stratégique avant de prendre de grandes campagnes, son génie tactique sur le champ de bataille, et ses prouesses opérationnelle pendant le combat.Il fut l’un des plus grands commandants militaires de l’histoire. Pendant la deuxième guerre punique, Hannibal infligé des défaites écrasantes sur les armées romaines, en particulier dans la bataille de Cannes, où des milliers de Romains sont morts
Le plan de bataille appliqué par Hannibal à Cannes (Apulie, Italie) le 2 août 216 av. J.-C. est le plus génial de l’histoire militaire mondiale. Il est le fantasme absolu de tous les grands généraux. La dernière fois qu’il a été appliqué, c’était en 1991, par les USA dans leur guerre contre l’Irak d’après le site lanation.tn
Un génie toujours vivant
Sur les plans stratégique et tactique, nous avons du mal à réaliser l’intemporalité du génie d’Hannibal. La plupart des grands généraux de l’histoire se sont targués – souvent à tort –d’avoir utilisé sa tactique.
Les trois derniers plans d’attaque allemands sur la France, ceux de 1870, 1914 et 1940, sont inspirés de la tactique du Carthaginois à Cannes. Le dernier grand plan de bataille en date, « Tempête du désert » (Irak 1991), est, selon les propres termes de son concepteur, « totalement inspiré de la tactique d’Hannibal« . Mais ne nous y trompons pas : Norman Schwartzkopf commandait l’armée de coalition internationale la plus puissante de tous les temps, alors que le Carthaginois n’a même pas pu profiter de l’aide de sa propre patrie. L’Américain s’est battu contre un Irak sous-développé soumis à une sombre dictature et pour la défense d’un émirat pétrolier. Hannibal, lui, a combattu Rome pour abattre l’un des impérialismes les plus terribles de l’histoire de l’humanité. En fait, ce qu’il faut en retenir, c’est que même aujourd’hui, à l’ère des satellites et des armes intelligentes, la tactique d’Hannibal reste le fantasme absolu de tous les grands officiers.
La Bataille de Cannes
En 216 av. J.C, Rome décide fermement de mettre fin à l’invasion d’Hannibal et se résout à lancer contre lui la plus grande armée qu’elle ait jamais levée : huit légions renforcées la composeront (120 000 hommes).
Qui douterait qu’avec de telles forces on ne puisse écraser aussitôt un adversaire presque trois fois inférieur ? Une autre armée ira en Cisalpine avec le préteur Lucius Posturnius et par cette diversion ramènera chez eux les Gaulois auxiliaires d’Hannibal.
C’est Æmilius Paulus (Paul Emile) qui dirigera l’armée romaine contre Hannibal. Une majorité énorme lui donne pour collègue Terentius Varro (Varron), un homme du peuple.
Hannibal s’empare des principales réserves à blé de Rome
Pendant que Rome achève ses préparatifs, Hannibal quitte sa base et prend l’offensive. De Gerunium, il passe devant Lucérie, traverse l’Aufidus et s’empare de la forteresse de Cannes où se trouvent les principales réserves à blé de Rome.
Ce coup d’éclat oblige les Romains à accélérer leur préparation pour en découdre avec le Carthaginois. Or, c’est exactement ce qu’attend Hannibal dont le plan de bataille est fin prêt, servi en cela par le choix particulièrement judicieux du terrain.
La décision de combattre Hannibal est prise
Paul Emile et Varron arrivent en Apulie au début de l’été de 216. Le Sénat leur a donné l’ordre formel de combattre. Ils commandent chacun quatre légions. Leur jonction porte leur armée à plus de cent mille fantassins et, contrairement à ce qu’avance Polybe, de bien plus de cavaliers qu’en compte l’armée carthaginoise. Hannibal a dix mille cavaliers et son infanterie ne dépasse pas quarante mille hommes.
Les légions se rapprochent aussitôt des Carthaginois. Les troupes remontent le fleuve Aufidus sur la rive droite, en face de Cannes où Hannibal demeure posté. Là, elles établissent un double camp, presque équidistant du camp carthaginois, des deux côtés de la rive, harcelant ainsi les fourrageurs des Carthaginois au nord et au sud du torrent. Une division de dix mille Romains reste dans le grand camp avec ordre de se jeter sur celui des Carthaginois durant la bataille et de fermer ainsi la retraite à l’ennemi quand il repasserait le fleuve.
La disposition des armées
Armée romaine (en bleu)
1 – Cavalerie (Romaine) commandée par Paulus.
2 – Cavalerie (Alliée) commandée par Varron.
3 – Aux ordres du proconsul Servilius se tient toute l’infanterie, très probablement plus de 80 000 hommes.
Armée carthaginoise (en rouge)
1 – Fantassins « légers », commandés par Hannibal en personne ; leur ligne décrit un vaste croissant où sont positionnées, par corps alternés, les troupes gauloises et ibères.
2 – En deux blocs égaux, l’infanterie lourde : les Libyens, armés à la romaine après Trasimène (boucliers, armures).
3 – Toute la cavalerie lourde, sous les ordres d’Hasdrubal.
4 – Cavaliers numides.
Disposition de l’armée romaine
Le 2 août, le gros de l’armée romaine se porte en deçà de l’Aufidus (alors presque à sec et qui se prête facilement au passage) et prend position près du petit camp de la rive gauche, tout près des Carthaginois. Les lignes romaines se mettent en ordre de bataille dans la vaste plaine située à l’ouest de Cannes.
La cavalerie romaine est aux ailes. Près du fleuve se trouve la division des chevaliers, conduite par Paulus (Paul Emile). A l’autre extrémité de la ligne romaine, du côté de la plaine, s’est placé Varron à la tête de la cavalerie fédérée. Au centre, aux ordres du proconsul Servilius, se tient toute l’infanterie, en masses d’une profondeur inusitée.
Disposition de l’armée carthaginoise
L’armée d’Hannibal suit les légions et traverse le fleuve Aufidus. Hannibal range ses fantassins légers en face de l’infanterie romaine ; leur ligne décrit un vaste croissant où sont positionnées, par corps alternés, les troupes gauloises et ibères. En arrière des deux extrémités du croissant, se trouve, en deux blocs égaux, l’infanterie lourde : les Libyens, armés et habillés à la romaine avec le matériel récupéré à la bataille de Trasimène. Le long du fleuve, à l’extrémité gauche de l’armée, toute la cavalerie lourde, sous les ordres d’Hasdrubal. A l’autre extrémité se tiennent les cavaliers Numides. Hannibal commande le centre. C’est là que sa tactique de retraite organisée va se déclencher.
Le plan d’Hannibal
Si le plan d’Hannibal à Cannes est le plus célèbre de toute l’histoire militaire mondiale, c’est grâce à sa perfection tactique et à sa préparation minutieuse, entamée au lendemain de Trasimène avec un changement radical des techniques de combat concernant surtout son infanterie lourde, les fameux Libyens désormais armés à la romaine et entraînés à attaquer en petites unités de quelques hommes.
La forme convexe du centre du dispositif, avec des unités alternées de Gaulois et d’Espagnols a été pensée pour que les troupes romaines subissent, lors de l’offensive, une légère convergence vers le centre où se trouvent les troupes carthaginoises les plus proches. Cette convergence, augmentée par un repli stratégique beaucoup plus rapide au centre que sur les côtés du croissant, va attirer une armée romaine emballée au centre du dispositif prévu par Hannibal. L’armée romaine prendra le recul carthaginois pour une débandade, et le front carthaginois, passant de la convexité à la concavité, attirera l’ennemi vers le centre tout en dissimulant plus ou moins les fantassins lourds africains équipés à la romaine placés sur les côtés et que les Romains prendront donc pour des soldats de leur camp. La fin du repli stratégique dévoilera aux Romains la présence des Libyens armés à la romaine qui feront alors un quart de tour vers le centre. L’avancée romaine sera alors ralentie dans l’étonnement puis la stupeur de la découverte de ces troupes parfaitement alignées des deux côtés du front et portant les casques, les épées, les boucliers et les cottes de mailles de leurs frères d’armes massacrés à Trasimène. Hannibal ordonnera alors aux hommes du croissant d’arrêter leur retraite puis d’inverser leur mouvement vers l’offensive. Pris en tenaille entre les trois corps d’armée carthaginois, les Romains seront en plein désarroi. Le plan d’Hannibal prévoit enfin l’encerclement complet des forces romaines par la cavalerie qui, après avoir éliminé les cavaliers adverses, viendra fermer la nasse à l’arrière des Romains.
L’armée romaine sera alors totalement piégée et l’avancée des forces carthaginoises la compressera de tous les côtés, ne lui laissant aucune marge de manœuvre. Résultat : seuls les soldats de la périphérie du bloc romain vont pouvoir se battre tandis que l’écrasante majorité des troupes romaines va se retrouver sans aucun contact avec l’ennemi. Ainsi, alors que l’armée romaine comprimée verra l’écrasante majorité de ses hommes se démener inutilement, allant jusqu’à gêner ceux qui se battent, les Carthaginois, ayant toute la liberté de manœuvre nécessaire, vont pouvoir se battre à tour de rôle et colmater aisément toutes les brèches du front.
Déroulement de la bataille
Après un court engagement d’avant-garde entre les troupes légères qu’Hannibal a étirées au maximum pour éviter l’enveloppement, la bataille s’engage sur toute la ligne. Le combat de cavalerie s’engage aussi.
A gauche du front carthaginois, la cavalerie romaine dirigée par Paul Emile est assez vite écrasée par la puissante cavalerie d’Hasdrubal.
A droite, les charges furieuses et continuelles des Numides contre les cavaliers lourds de Varron demeurent indécises.
Au centre, les légions, qui font reculer les Gaulois et les Espagnols de l’armée carthaginoise, poussent rapidement en avant et poursuivent leur apparent succès alors qu’en fait, Hannibal commandant le centre en personne, a déclenché une retraite progressive en inversant le sens du croissant. Sans le savoir, les fantassins romains, emportés par leur élan, entrent dans le piège. Le « croissant » recule jusqu’à atteindre la profondeur limite qui est l’arrière des deux corps de fantassins libyens habillés à la romaine.
Pendant ce temps, au bord de l’Aufide, la cavalerie romaine est décimée par la cavalerie d’Hasdrubal. Blessé, Paul Emile s’engouffre dans le piège d’Hannibal pour rejoindre les légions lancées à la poursuite du « croissant ».
A ce moment-là, les fantassins libyens, jusque-là immobiles, se mettent en branle et se précipitent sur les légions qui, pour se défendre contre ces attaques qui les prennent de flanc, tentent, dans une désorganisation totale, de s’arrêter et de se repositionner.
Pendant que le piège commence à se fermer, Hasdrubal, après avoir anéanti la cavalerie romaine, réorganise ses escadrons de cavalerie, passe derrière le centre de l’ennemi et se lance sur la cavalerie de Varron qui, de l’autre côté du front, résiste aux Numides. Pris en tenaille, les cavaliers italiens sont décimés ou se dispersent. Hasdrubal laisse aux Numides le soin de poursuivre les survivants et, réorganisant une nouvelle fois sa cavalerie, il va à son tour se jeter sur l’arrière des légionnaires. Cette manœuvre ferme définitivement le piège. Pour les Romains, le recul ou la fuite ne sont même plus possibles.
Pressés de tous côtés, les rangs des légionnaires s’entassent, immobiles. Seuls les soldats romains de la périphérie sont en contact avec les forces d’Hannibal et peuvent se battre.
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Combien de soldats romains sont en contact direct avec les Carthaginois ?

En bleu ciel, les Romains en contact direct avec l’armée carthaginoise. Tout le reste de l’armée romaine reste inactif.
Considérons, par exemple, que 70 000 hommes aient été piégés, qu’ils forment une masse plus ou moins circulaire et que chacun d’entre eux, avec son épée et son bouclier, occupe un mètre carré. Le calcul de la périphérie de cette masse nous donne une valeur d’environ un kilomètre. Ainsi, si l’on compte un soldat par mètre linéaire sur la périphérie, on réalise que seul un Romain sur 70 est en contact avec les soldats d’Hannibal ! En d’autres termes, alors que Rome combattait à 3 contre 1, la tactique d’Hannibal a divisé la force romaine par 70.
Jamais armée aussi nombreuse ne fut aussi complètement anéantie sans pertes sensibles pour le vainqueur. La bataille de Cannes a coûté à Hannibal moins de six mille hommes. Mais des cent vingt mille Romains mis en ligne, plus de quatre-vingt-dix mille gisent à terre, et parmi eux le consul Paul Emile, le proconsul Servilius, les deux tiers des officiers supérieurs et cent soixante-dix-sept personnages de rang sénatorial. L’autre consul, Marcus Varron, grâce à sa décision de prendre la fuite, s’est réfugié à Vénousie (Venosa) avec quelques milliers de rescapés. La garnison du grand camp, comptant dix mille hommes environ, tombe tout entière dans les mains des Carthaginois et quelques autres milliers de soldats, échappés de la bataille, vont s’enfermer dans Canusium (Canosa).

Vue sur la plaine de Cannes à partir de la forteresse.
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