12 Juillet 1975 | Les îles Sao Tomé-et-Principe deviennent indépendantes

Ancienne colonie portugaise devenue indépendante le 12 juillet 1975, la République démocratique de São Tomé e Príncipe a été découverte par les navigateurs portugais Joao de Santarém et Pedro Escobar en 1470/1471. São Tomé e Príncipe est un petit archipel d´Afrique de l’Atlantique Sud situé dans le golfe de Guinée à 350 km des côtes du Gabon. Couvrant 1001 km² de superficie, l’archipel est composé de deux îles principales. On les appelle aussi « Iles au Milieu du Monde » ou encore « Iles vertes », São Tomé étant la première terre d’Afrique où furent plantés, au début du 19e siècle, des cacaoyers apportés du Brésil par les colons portugais.
La distance entre l’île de São Tomé et la deuxième île du pays (Príncipe) est de 152 km. Selon le quatrième recensement effectué en 2012, la République démocratique de São Tomé et Principe a 187 356 habitants, dont 93,735 hommes et 93,621 femmes. Selon le même document, 157,526 personnes âgées de 4-64 ans, (84 %), et 22.902 enfants âgés de 0-3 ans (12 %). À cause de sa petite dimension géographique, ce pays reste très méconnu au niveau mondial. Il reste important de comprendre où en est cet archipel après les 41 ans d’indépendance et les principaux faits marquants de ces deux dernières années au niveau de sa situation politique, économique et culturelle.

Laboratoire de la traite négrière

Au cours du xve siècle, des colons portugais viennent s’y installer, notamment des nouveaux chrétiens, chassés par l’Inquisition, en ayant en ligne de mire le royaume du Kongo, accessible en six jours sur les côtes atlantiques plus au sud.

Les premiers contacts avec Nzinga Nkuwu, le souverain de ce royaume s’étant déroulés pacifiquement, les Portugais vont progressivement mettre en place des échanges diplomatiques et commerciaux tripartites impliquant le royaume du Kongo, São Tomé et Elmina en Côte de l’Or (actuel Ghana), pays du peuple akan. Les produits manufacturés (étoffes, verroterie, alcool, armes à feu, etc.) en provenance de Porto ou Lisbonne étaient échangés contre des esclaves provenant des contrées lointaines ou des royaumes vaincus. Ces derniers étaient ensuite acheminés via São Tomé, vers Elmina et troqués contre de l’or pour servir de main d’œuvre dans les mines d’extraction du métal précieux. Ce sont les prémices du commerce triangulaire.

Pour défricher et mettre en valeur les riches terres volcaniques de l’île de Sao Tomé, avec la culture de canne à sucre, les Portugais vont faire venir en masse des côtes du royaume du Kongo, près de 4 000 captifs par an. L’île de São Tomé sera ainsi le théâtre de la première expérimentation la plus rentable de l’histoire sous les tropiques, à savoir la plantation de canne à sucre. Les colons ne rétribuaient, n’habillaient, ne logeaient, ni ne nourrissaient ces esclaves qui travaillaient plus de 14 heures par jour. Ces esclaves le faisaient d’eux-mêmes dans la luxuriante île.

Ce laboratoire a aussi institué les relations tendues entre maîtres et populations noires initialement libres, mais réduites en captivité. Celles-ci sous l’effet de la démographie vont largement devenir en surnombre sur l’île et se révolter en formant des organisations de résistance appelés « Mocambo ». Pour contrer cette supériorité numérique, les Portugais vont encourager les croisements entre hommes blancs avec des femmes noires pour donner naissance aux Forros (ou Filhos da terra), en leur inculquant des valeurs européennes, de manière qu’ils défendent les intérêts de la population blanche. Il est également à rappeler que ce métissage est souvent le fruit de rapport de domination, de violences, de viol entre maîtres et esclaves.

Les Filhos da terra, mulâtres, nouvelle élite commerciale, se mettent à faire des razzias auprès des populations du Royaume kongo, y compris des nobles issus du lignage royal, afin de satisfaire l’explosion de la demande en esclaves, ce qui cause le désarroi d’Alphonse Ier du Kongo. Celui-ci écrit au roi JeanIII du Portugal, pour dénoncer les abus de la traite, vaine tentative car la traite négrière est désormais indispensable à l’économie coloniale.

Avec la découverte du Brésil par Pedro Alvares Cabral le 23 avril 1500, le troc va se transformer en commerce triangulaire et prendre une ampleur insoupçonnée. Bien qu’ayant toujours comme objectif premier, la quête de l’or, les Portugais estiment désormais que la traite négrière, la culture de canne à sucre ou d’épices peuvent valablement la remplacer.

À partir de 1516, afin de fournir la main d’œuvre pour cultiver les vastes espaces du nouveau continent, les Portugais basés à São Tomé, vont devenir les intermédiaires incontournables dans l’approvisionnement des esclaves auprès des royaumes africains et leur acheminement vers le Brésil et les Caraïbes, en faisant escale dans les îles santoméennes. La traite négrière va devenir ainsi, la première source d’enrichissement de la couronne et des élites portugaises.

En 1595, un captif né sur l’île, nommé Amador et autoproclamé « roi de São Tomé », prend la tête d’une insurrection d’esclaves et embrase l’île. Les fils de la terre ne parviennent à réprimer la révolte qu’au bout d’un an. L’instigateur Amador est pendu en 1596 sur la place publique. L’expérience santoméenne ayant montré ses limites, les Portugais décident de transférer leur modèle éprouvé, de l’autre côté de l’Atlantique en démontant les moulins, les usines à sucre et les fours pour les reconstruire au Brésil, sans oublier les esclaves qui détiennent le savoir-faire agricole, abandonnant ainsi l’île à elle-même.

En 1620, le Portugal est le maître incontesté du commerce mondial par sa maîtrise de la mer au travers des caravelles, et de la traite négrière. Il a déjà déporté plus de 300 000 captifs et est rapidement imité par les autres pays européens (Angleterre, Hollande, Espagne, France, etc.).

Période post-esclavagiste

En 1876 : l’esclavage est aboli sur l’archipel.

Le développement de l’archipel est très lent durant la période coloniale : au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, aucun lycée n’a encore été ouvert.

L’archipel acquiert son indépendance le 12 après la signature d’un accord à Alger, avec le président Manuel Pinto da Costa qui installe alors un régime marxiste de parti unique. En 1990, le multipartisme est restauré et le pays s’ouvre à la démocratie. Malgré des tentatives de putsch, le régime démocratique reste en place et connaît des alternances politiques.

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