Mais la colonisatrice, la France, ne l’entendra pas de cette oreille : elle annexe une partie du territoire comorien, Mayotte, et met en place différents stratagèmes pour faire voler en éclats l’unité et la volonté du peuple de ce petit archipel, situé dans le Canal de Mozambique, à 11 000 km de la métropole.
Les Comores vont devenir durant plus de 35 ans le laboratoire où le colonialisme français va expérimenter tous ses coups tordus, avant de les mettre en pratique à grande échelle, sur toute l’Afrique francophone, et que l’on appellera la Françafrique.
Contre l’avis des instances et de l’opinion publique internationales, et malgré les nombreuses condamnations de l’ONU, elle y mettra en pratique, entre autres :
- L’occupation illégale et violente d’une partie d’un Etat indépendant, en chassant manu militari les autochtones en les considérant comme des « clandestins » dans leur propre pays,
- Les coups d’Etat menés par des mercenaires, avec et sans effusion de sang (avec et sans assassinat du chef de l’Etat en exercice),
- Les assassinats politiques et l’impunité,
- L’introduction du séparatisme et les guerres intestines,
- L’expropriation des nationaux au profit de l’Etat français et d’entreprises étrangères,
- Les orientations politiques du pays décidées par la « cellule Afrique » du ministère français de la coopération,
- La monnaie nationale frappée et sa valeur déterminée par le ministère français des finances, avec pour conséquence, la mise sous tutelle de toute l’économie nationale,
- L’introduction des réseaux mafieux et le blanchiment de l’argent sale….
Le tout, dans un mépris total des intérêts de la Nation et du Peuple des Comores.
Certes, la Françafrique trouve ses chantres et ses valets serviles parmi les autochtones, qui sont prêts à vendre leur âme et trahir les leurs pour quelques miettes …
En 2009, le colonialisme français a lancé une provocation à la face du monde en osant organiser un référendum en terre comorienne, à Mayotte, pour en faire le 101ème département français, malgré les protestations des autorités et du peuple comoriens.
Des enjeux liés à la question centrale de Mayotte
Nous le savons, la France ne peut envisager de renoncer à ses intérêts coloniaux dans « ses outre – mer».
C’est ce qu’a exprimé Monsieur Victorin Lurel, ministre français des outre-mer, dans son « discours pour le diner des 3 océans » (29 août 2012)¹ :
« Grâce aux outre-mer, c’est en effet la France qui rayonne sur tous les continents et toutes les mers du monde. Ces outre-mer qui apportent à notre pays tant d’atouts et tant de richesses qui sont autant d’avantages comparatifs dans un très grand nombre de domaines : 11 millions de km² de zone économique exclusive (la deuxième plus grande zone économique exclusive du monde après les États-Unis), 80% de la biodiversité nationale, […] un immense potentiel économique et stratégique avec le Nickel de la Nouvelle Calédonie, les nodules polymétalliques de la Polynésie et de Wallis, la base spatiale, le bois, l’or et bientôt le pétrole de la Guyane, les nouvelles énergies de la Réunion, l’écotourisme de la Martinique, la géothermie de la Guadeloupe, et j’en oublie… ».
La France a toujours su le potentiel en ressources énergétiques de l’océan indien. Dans un article intitulé « Le canal du Mozambique, un enjeu stratégique pour la France »², Raphaël De Benito (juin 2012) déclare: « D’aucuns se sont demandés pourquoi la France s’était lancée, avec détermination, dans la départementalisation de l’île de Mayotte, soustraite arbitrairement à l’archipel des Comores en 1976 à l’issue d’un référendum scélérat ». CQFD.
C’est ce que le président François Hollande a confirmé dans son « discours au Sommet de la Commission de l’Océan indien », évoquant les ressources gazières au large des Comores : « je parle aussi des ressources naturelles que nous pouvons puiser dans la mer et dans l’Océan indien [] »³.
La France coloniale est déterminée. Mais qu’est-ce qui peut changer dans ce rapport colonisateur / colonisé étendu à l’ensemble de l’Archipel des Comores ? A l’heure où nous écrivons ce texte, la France est interpelée par les pays de l’Océan indien, dans sa manière d’imposer sa volonté hégémonique (en faisant défilé les Maorais sous drapeau français malgré la charte des Jeux qui l’a explicitement interdit !).
Des perspectives de moyen terme ?
Les Comoriens sont embourbés dans un mode politique de présidence tournante par île. Très défavorable à l’émergence d’une équipe de gouvernement capable de relever le défi du développement. Il appartient aux citoyens comoriens d’exiger « une pause électorale » comme le suggère le journaliste Ali Amir, pour préparer les conditions de l’émergence d’un vrai « guide », d’un vrai projet de société.
L’élite comorienne, où qu’elle soit, doit mutualiser ses savoirs faire, en hommes/femmes libres, pour relever les défis de la Justice, de l’Éducation, du système de santé, d’un (nouveau paradigme de) développement répondant aux spécificités nationales.
Compte tenu de la centralité de la question de Mayotte d’une part et de la démission des politiques comoriens d’autre part, ces citoyens comoriens (de l’intérieur comme de l’extérieur) sont assignés à quelques la recherche, à travers de bonnes alliances, de moyens de se faire entendre par les instances juridiques internationales ; la participation active à la campagne d’abolition du « mur Balladur » qui a déjà commencé en Europe – saluons au passage le travail formidable de ces organisations humanitaires (FASTI, GISTI, CIMADE, MIGR-EUROP …) qui défendent le Droit humain à Mayotte
Puissent de telles mobilisations citoyennes ouvrir une ère nouvelle de solidarité, de courage, de créativité et de prospérité pour des Comoriens libres et dignes.