10 Juin 1991 | Congo: Fin de la Conférence nationale souveraine

le 10 juin, marque la fin de la conférence nationale souveraine, tenue du 25 février au 10 juin 1991.Le grand déballage de cette conférence a permis à tous les congolais de comprendre le fonctionnement et les dysfonctionnements de l’état policier qu’avait été mis en place par le PCT ; le parti de l’actuel chef d’état. Cette grande réunion politique jeta les bases démocratiques de l’édification d’un véritable état de droit. Ce fut encore un rendez-vous manqué. Car les auteurs de plusieurs assassinats politiques et de droit commun furent laissés en liberté avec le droit de commettre d’autres forfaits sans en être inquiété. Trois mois après l’organisation des premières élections libres et transparentes en août 1992, les spécialistes du complot ayant fait leur apprentissage dans les rangs et à côté des staliniens ont repris du service. Le principal artisan des troubles poste-électorales s’appelle Denis Sassou Nguesso. Il comprend, au vu des résultats des élections de 1992 qu’il n’avait plus aucune chance de revenir au pouvoir. Il procéda alors par achat des consciences pour parvenir à ses fins : enrôler Bernard Kolélas et son parti le MCDDI dans une déstabilisation des instances de la république dans le but de faire avorter la naissance du jeune et fragile état de droit au Congo Brazzaville. Justifiant ainsi l’usage de la force pour rétablir la paix et reconquérir le pouvoir perdu aux urnes. Qu’à cela ne tienne, le Congo n’a pas réussi de bâtir son état de droit et démocratique. La sauvegarde de la paix retrouvée n’est qu’un vocable qui cache en réalité un retour aux vielles recettes monopartites (intimidations, explosion du tribalisme, empoisonnement des opposants, cultes du chef, détournements des fonds, enrichissement personnel, nomination des représentants du peuple, falsification des listes électorales, découpage biaisé des circonscriptions électorales, opacité dans la gestion du pétrole , élection truquée…instauration d’un état fondé sur les peurs.

Pour Denis Sassou Nguesso, la conférence nationale n’était pas une demande du peuple ni une aspiration plutôt un effet de mode, il avait osé en voyage officiel au Sénégal pouvoir mettre fin aux travaux de la conférence. Il parviendra à son ambition en 1997.

Entre temps les promoteurs de cette nouvelle politique (pas de coopération sans avancée démocratique : Cf. le discours de François Mitterrand, au sommet France-Afrique de La Baule) s’essoufflent. Les intérêts de la France peuvent être mis en mal par trop de glasnost et de perestroïka (Politique de M. Gorbachev URSS). François Mitterand ne soutiendra pas et n’accompagnera pas les efforts des peuples qu’il-a appelé de ses vœux à lutter pour leur émancipation démocratique. Le risque de perdre la main sur la manne pétrolière est trop grand, la France avance en reculant. La nouvelle cohabitation qui ramène en 1993 les amis de Jacques Chirac à Matignon crée les conditions propices d’un retour à la case départ. Ça sera chose faite en 1997.

Cette conférence avait pour objectif l’élaboration des règles du jeu démocratique. Un regard critique a été porté sur trois décennies de vie politique et économique du pays (1960-1990). Mgr Ernest Kombo, a été voté président du présidium en remplacement du doyen Hyacinthe Bakanga, qui venait de diriger la séance au cours de laquelle fut mis en place le présidium de la conférence nationale. Monsieur Bakanga laissa exploser sa joie “de voir un prélat à la tête de ce grand forum”. C’était la volonté des Congolais de marquer une rupture avec le PCT (parti marxiste-léniniste).

Mais, la tâche de Mgr Kombo ne fut pas des plus aisées. Il lui fallait forger son chemin entre un courant désabusé et un régime en place qui multipliait les obstacles pour empêcher la tenue de cette conférence. Pour sauver la paix en ces lieux, où tout pouvait arriver, Mgr Kombo avait choisi la compromission avec le président Denis Sassou Nguesso, l’ancien Chef d’Etat en fonction. C’est d’ailleurs une des raisons de l’échec.

Le véritable pari de la conférence nationale souveraine était de s’attacher à unir et à réconcilier toutes les forces nationales qui ont été marginalisées et divisées, du fait de la gestion du monopartisme afin de les engager ensemble à relever le défi du développement mais aussi de faire passer la justice pour les crimes crapuleux commis par les bourreaux du PCT. Or de la conférence nationale souveraine nous sommes sortis plutôt divisés qu’unis et les auteurs de crimes amnistiés.
Malheureusement, la démocratie que tout le monde appelait de ses vœux, va se heurter au refus d’alternance et à la négation systématique des résultats des urnes. L’hypocrite cérémonie de lavement des mains en signe de réconciliation organisée par Mgr Nkombo ne suffira pas à éviter les déchirements fratricides qui affecteront le Congo quelques mois plus tard.

Aujourd’hui, comme en 1991 le Congo a nécessairement besoin d’un dialogue inclusif afin de réconcilier le Congo avec lui-même.

 

Par: Joseph Bafoua Nsoni

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