5 mai 1889. La France expose fièrement ses “nègres”, Kanaks et Annamites à l’Expo universelle

Les expositions coloniales, universelles ou internationales représentent l’une des nombreuses formes du phénomène de «Zoos humains». Pour l’Occident, ce sont des évènements importants où chaque nation européenne s’enorgueillit de ses avancées technologiques. Les puissances impérialistes exhibent les “indigènes” de leurs colonies respectives comme des hommes dits “primitifs” ou sauvages en voie de domestication autour de gigantesques palais construits spécialement pour l’évènement. L’exhibition des peuples colonisés permet à l’Europe de se glorifier de sa dite suprématie sur le reste du monde. Ces exhibitions d’êtres humains dans ses expositions répondent au besoin perpétuel de l’Occident de déshumaniser les peuples vaincus. L’Europe pense dominer la matière, la nature et par extension toutes les populations non européens de la planète. Devant toutes leurs machines, les masses européennes ont le sentiment que l’Occident est bien à la base de la civilisation. De nombreux individus sont exposés dans des pavillons coloniaux et des “villages indigènes “. Les villages sont construits sans aucun souci de vérité, ils répondent juste aux attentes et à l’imaginaire occidental. Les exhibés font partie intégrante de l’exposition. Présentés avec les ressources issues de leurs propres pays, ils animent le décor pour les occidentaux.

Lors de l’exposition universelle de 1889 à Paris, pendant six mois, ce sont plusieurs centaines d’Africains qui sont exhibés. Le village nègre représente l’attraction principale pour les 28 millions de visiteurs. Ces êtres humains sont perçus comme des objets authentiquement sauvages : « dans les arrières-rues des villages, derrière le sublime raffinement des pagodes et des palais (…) les ingénieux Français ont installé des colonies sauvages qu’ils tentent de civiliser. Il s’agit de pièces authentiques qui, soyez en certain, vivent, travaillent et s’amusent exactement comme elles le font avec leur famille dans leur propre pays. ». Sur l’esplanade des Invalides près de quatre cents exhibés sont rassemblés dont Dinah Salifou, roi des Nalou-Baga de Basse-Guinée. La présence d’un roi africain dans cette sordide exhibition renforce l’humiliation des peuples vaincus. En marge de l’exposition, dix huit Angolais sont exhibés rue Laffite à Paris par Aimé Gravier, ils sont considérés comme des bêtes : « On donne principalement aux Angolais du riz et un peu de viande : c’est le mets qu’ils préfèrent. ». Au 62 quai de Billy (aujourd’hui  le quai Branly), ce sont dix huit Accréens (Africains de la région d’Accra actuel Ghana) qui sont exhibés par l’hollandais Goddefroi. Le gouvernement français du président Carnot assure lui-même le recrutement des exhibés provenant des colonies. Des pavillons sont déployés sur toute l’esplanade du Champ de Mars au pied de la tour Eiffel pour montrer des hommes provenant du Sénégal, d’Indochine, du Gabon, de Tahiti. Ces «pièces authentiques » sont consignés dans des villages ou pavillons coloniaux. Des Selk’man (amérindiens provenant de l’Ile de la Terre de Feu) sont exhibés par Maurice Maître dans une cage, considérés comme des cannibales, on les alimente à certaines heures en leur lançant des morceaux de viande de cheval crue plus tard ils sont emmenés à Londres au Westminster Aquarium. Cette exposition prend une dimension cruellement ironique quand on pense que l’exposition universelle de 1889 est censée symboliser les cent ans de liberté, d’égalité et de fraternité républicaines. La tour Eiffel fut réalisée spécialement pour cette évènement.

Source: deshumanisation.com

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