17 Avril 2008 | Aimé Césaire, le chantre de la négritude s’en allait

Plus poète que théoricien, Césaire a toujours défini la négritude selon le mouvement qui anime son poème : prise de conscience et acceptation de soi, pour coïncider avec l’émergence d’une parole enfin rendue à elle-même.
Né en 1913, Aimé Césaire est envoyé à Paris pour poursuivre ses études. Reçu en 1935 à l’Ecole Normale Supérieure, il élabore, en compagnie de Léopold Senghor, l’idée de « négritude ». De retour en Martinique en 1939, professeur de lycée, il fonde avec sa femme la revue Tropiques qui réussit à maintenir en Martinique une parole de résistance culturelle. En 1945, élu avec le soutien du parti communiste maire de Fort-de-France et député à l’Assemblée nationale, il est l’un des principaux inspirateurs de la loi de départementalisation des colonies (1946). En lutte contre les tenants de l’ordre colonial, il rompt cependant avec les communistes qu’il accuse de ne pas comprendre les problèmes de la décolonisation. Il s’oppose également aux indépendantistes dont il redoute l’extrémisme, et fonde son propre mouvement : le Parti progressiste martiniquais.
Il rassemble en 1946, dans Armes miraculeuses, des poèmes influencés par le Surréalisme et dont l’âpre violence se retrouvera dans ses recueils ultérieurs : Soleil cou coupé (1948), Corps perdu (1950), repris et remaniés dans Cadastre (1961), et Ferrements (1960). Dans ces poèmes, Césaire ausculte la destruction du monde ancien dans un flamboiement d’images de cataclysmes, de catastrophes volcaniques, et appelle à la surrection tellurique d’un monde nouveau. Les poèmes qui composent Moi, laminaire (1982) diffusent l’angoisse de voir le feu des volcans se dissoudre et se perdre dans la vase maléfique des mangroves.
L’oeuvre théâtrale d’Aimé Césaire, jouée partout dans le monde, aborde les problèmes de la décolonisation dans La tragédie du roi Christophe (1963) ; l’histoire contemporaine dans Une saison au Congo (1966) où, avec l’ampleur des grandes pièces épiques de Brecht, il raconte la mort de Patrice Lumumba ; les conflits raciaux dans Une Tempête (1968), son adaptation de la pièce de Shakespeare.
Toute l’oeuvre d’Aimé Césaire demeure animée par l’impulsion qui, dès sa jeunesse, orienta toute sa vie et détermina ses engagements : « pousser d’une telle roideur le grand cri nègre que les assises du monde en seront ébranlées. »
Il est décédé le 17 avril 2008 en Martinique.
OEUVRES
OEuvres complètes (trois volumes), Fort-de-France, Desormeaux (1976).
Poésie
Cahier d’un retour au pays natal, Paris, Présence Africaine (1939 et 1960) ;
Les Armes miraculeuses, (1946), Paris, Gallimard (1970) ;
Soleil cou coupé, (1947), Paris, Editions K. (1948) ;
Corps perdu, (gravures de Picasso), Paris, Editions Fragrance (1950) ;
Ferrements, Paris, Seuil (1960 et 1991) ;
Cadastre, Paris, Seuil (1961) ;
Moi, laminaire, Paris, Seuil (1982) ;
La Poésie, Paris, Seuil (1994).
Théâtre
Et les chiens se taisaient, Paris, Présence Africaine (1958 et 1997) ;
La Tragédie du roi Christophe, Paris, Présence Africaine (1963 et 1993) ;
Une saison au Congo, Paris, Seuil (1966 et 2001) ;
Une tempête, d’après La Tempête de William Shakespeare :
(adaptation pour un théâtre nègre), Paris, Seuil (1969 et 1997).
Essais
Esclavage et colonisation, Paris, Presses Universitaires de France (1948) ;
Réédition : Victor Schoelcher et l’abolition de l’esclavage, Lectoure, Editions Le Capucin (2004) ;
Discours sur le colonialisme, Paris, Éditions Réclames (1950) ; Éditions Présence Africaine (1955) ;
Discours sur la négritude (1950).
Histoire
Toussaint Louverture, La révolution Française et le problème colonial, Paris, Présence Africaine (1962).