En 1946, l’Assemblée nationale française supprime le travail forcé en Afrique de l’Ouest. Sur le plan législatif, la France met ainsi fin à une pratique répressive qui a été au centre de sa politique coloniale depuis la fin du XIXe siècle.
Le 11 avril 1946, l’Assemblée nationale française adopte la loi no 46-645, ou loi Houphouët-Boigny, qui supprime le travail forcé en Afrique de l’Ouest. Elle s’inscrit dans la foulée des réformes qui suivent la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les autorités françaises s’étant déjà engagées à Brazzaville, en 1944, à revoir le partenariat colonial. Pour la première fois, les Africains sont d’ailleurs représentés à l’Assemblée nationale française, ce qui leur donne une tribune pour demander la fin de ce système de travail implanté par les puissances coloniales en Afrique à la fin du XIXe siècle. Le travail forcé diffère de l’esclavage, car celui qui le pratique reste libre en droit, bien qu’il puisse être réquisitionné pour effectuer des travaux. Dans la pratique, il s’agit toutefois d’un semi-esclavage qui est au centre du système d’exploitation colonial. Il repose sur une base raciste, partant du préjugé que les Africains n’aiment pas travailler et qu’il faut les y obliger. Ceux-ci sont donc conscrits pour effectuer des travaux d’utilité publique de toutes sortes (construction de routes, voies ferrées, etc.). Avec le développement de l’économie, le travail forcé est ensuite étendu aux compagnies qui ont des privilèges pour exploiter des terres ou des mines. Toutefois, les entrepreneurs africains n’ont pas accès à cette main-d’oeuvre lorsqu’ils sont en concurrence avec des Européens. Pour la plupart, les travailleurs étaient sous-alimentés et obligés de travailler aussi sur les plantations pour survivre. Pour garder le système en place, les autorités françaises comptaient sur un système répressif, ce qui limitait les révoltes. Bien qu’officiellement aboli en 1946, le travail forcé continua jusqu’à l’indépendance dans certains territoires comme le Gabon et le Congo français. |