Pendant des mois on avait précisément reproché à M. Hammarskjoeld sa passivité à l’égard du régime de M. Tschombe, passivité que certains n’avaient pas hésité à qualifier de « complicité ». L’ancien secrétaire général des Nations unies non seulement n’avait pas voulu l’année dernière recourir à la manière forte, mais avait également refusé au gouvernement central congolais, à l’époque dirigé par M. Lumumba, toute « assistance technique » qui lui aurait permis de venir à bout de la dissidence katangaise.

Huit mois de tergiversations aboutissant à l’assassinat de Patrice Lumumba et à l’éclatement du Congo en plusieurs « républiques d’opérette » avaient amené le Conseil de sécurité, le 21 février dernier, à autoriser le secrétariat général des Nations unies à utiliser au besoin la force pour éviter une guerre civile meurtrière aux conséquences imprévisibles. Les grandes puissances de l’Est ou de l’Ouest avaient voté la résolution.
Le pacifisme de M. « H »
Cependant M. Hammarskjoeld ne montra aucune disposition à se prévaloir de ce blanc-seing pour lancer ses troupes contre ceux qui mettaient en danger la paix civile dans l’ancienne colonie belge. En mars il donna l’ordre aux « casques bleus », attaqués par les troupes congolaises, d’évacuer Matadi, Moanda et Banane. L’été dernier il patronna de longues et fastidieuses négociations qui aboutirent à la fusion des gouvernements de Léopoldville et de Stanleyville.
Lumumbistes et « kasavubistes », il est vrai, avaient manifesté une volonté réelle et sincère de mettre fin à leurs querelles. En outre aucune puissance étrangère n’avait fait obstacle, publiquement ou dans les coulisses, à la réconciliation des frères ennemis.
Au Katanga M. Hammarskjoeld, avant M. Thant, devait affronter une situation radicalement différente. Toutes les négociations engagées avec le chef de la sécession avaient échoué. Les accords auxquels M. Tschombe avait souscrit n’ont jamais été honorés. Même le cessez-le-feu conclu en septembre dernier, trois jours après la mort (…)
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