13 Février 1021 | Le calife le plus controversé de l’Égypte fâtimide, Al-Hakim bi-Amr Allah, disparaît

Biographie: Enfance et régence 

Al-Hakim bi-Amr Allah

L’accession au pouvoir d’al-Hâkim

À son accession au commandement suprême, le , al-Hâkim ne fut pas contesté, ce qui tend à montrer la stabilité de la dynastie fatimide à cette époque. Auparavant, en 993, il avait été proclamé walî al-‘ahd (héritier présomptif) par Al-‘azîz devant le grand-qâḍî Muhammad b. al-Nu’mân et le chef des Kutâma, al-Hasan b. ‘Ammâr. Al-Hâkim entra au Caire au lendemain de la mort de son père, au cours d’une fastueuse cérémonie. Le jour d’après lui fut attribué le titre d’imâm avec le laqab d’al-Hâkim bi-amr Allâh.

Une courte régence objet de luttes entre le Kutama al-Hasan ibn ‘Ammâr et l’eunuque Bardjawân (996-997)

En 996, al-Hasan b. ‘Ammâr, chef des Berbères Kutâma, allié historique du califat, fit savoir ses ambitions pour la direction du gouvernement et fut nommé wâsita — charge d’intermédiaire entre le calife et le peuple, plus modeste que celle de vizir. Il mena une politique en faveur des Berbères négligeant Turcs, Daylamites et Noirs. Plus encore, pour asseoir son pouvoir, il fit exécuter un vizir d’al-‘Azîz, Isâ b. Nastûrus. L’eunuque slave Bardjawân, tuteur d’al-Hâkim, méfiant, s’allia avec le gouverneur de Damas, Mangûtekîn, pour défaire Ibn ‘Ammâr, soupçonné d’intriguer contre le calife. Ils furent défaits une première fois devant Damas.

Une seconde alliance vint à bout du pouvoir d’Ibn ‘Ammâr, disgracié, il fut assassiné par la suite. Début , Bardjawân prit la charge de wâsita.

La régence de Bardjawân et sa mort (997-1000)

En trois années de régence Bardjawân dut juguler la progression byzantine en Syrie du Nord, mater une rébellion à Tyr, et mettre fin aux troubles ayant cours à Damas et à Barqa.

Cette régence permit des relations pacifiques entre Byzance et al-Hâkim jusqu’en 1015. En effet, une année après la mort de Bardjawân, en 1001, une trêve de dix ans fut signée avec Basile II, empereur byzantin.

Al-Hâkim fit assassiner Bardjawân en 1000 au cours d’une promenade avec lui. S’ensuivirent des troubles menés par les Turcs craignant une machination des Berbères. Le calife expliqua publiquement que la tutelle devenue pesante l’avait obligé à faire tuer Bardjawân pour gouverner seul. Par la même occasion, il fit renouveler les serments d’obéissance et d’assistance à ses sujets.

Les premières années du règne personnel

Après la mort de son tuteur, al-Hâkim régna en despote absolu, au gré de ses humeurs, quelles qu’elles soient : entre l’évergétisme le plus généreux et la violence la plus crue.

Son règne est remarquable pour le nombre considérable d’exécutions capitales qu’il a commandées et d’actes de cruauté perpétrés par lui, pour la succession des soulèvements populaires, pour des excentricités interrogeant la possible folie du calife2 et, enfin, pour le développement d’un culte de son image, divinisée.

Les fondements d’un pouvoir ismaélien

La moralisation et la propagande (da`wa) ismaélienne figurent parmi ses premières préoccupations. Par exemple, en 1005, il proclame l’anathème contre les premiers califes et les compagnons du Prophète. Cette mesure fut suivie de rixes entre hadjis, surpris de trouver cet ordre placardé sur les mosquées et sur les bâtiments officiels. Cependant, le calife peina à imposer l’ismaélisme puisque deux ans plus tard, du fait des troubles qu’il causait, l’édit fut supprimé.

L’instauration d’un pouvoir par la terreur

Al-Hâkim établit son pouvoir sur la force. Dès les premières années de son règne il prétendit mater tout ennemi intérieur du Califat et éradiquer toute menace politique. Il procédait ainsi régulièrement à des exécutions a priori injustifiées. Vizirs, hauts fonctionnaires ou simples sujets, tout le monde pouvait craindre cette sentence. La terreur s’imposait comme moyen de gouvernement. L’assassinat de Bardjawân, l’exécution de Fahd b. Ibrâhîm en 1004, l’exécution de tous les prisonniers incarcérés ou par exemple en 1009, les supplices infligés à plusieurs fonctionnaires chrétiens (suspension par les mains dont certains moururent) constituent un petit échantillon exemplaire de cette politique pratiquée par le calife tout au long de son règne2.

La réaction du calife face aux révoltes

Plusieurs rébellions font date. La plus importante fut celle d’Abû Rakwa Walîd b. Hishâm, prince umayyade. Ce dernier s’allia les Berbères Zanâta et les partisans de Banû Ḳurra, opposés au calife. Il triompha, se présentant comme l’anti-calife à la fin de l’année 1004/5. Al-Hâkim unit les ghulâms hamdânides aux Bédouins tayyites de Mufarridj b. Dag̲hfal sous le commandement d’al-Faḍl b. Sâlih pour disposer d’une armée efficace lui obéissant. Al-Faḍl b. Sâlih remporta la bataille d’Alexandrie sur Abû Rakwa au Fayyûm en . Abû Rakwa fut contraint de fuir vers la Nubie. Il fut capturé puis livré par l’amîr de Nubie et supplicié au Caire en . Ayant vaincu les insurgés, le calife se présenta sous un jour plus modeste, s’excusa publiquement pour le grand nombre d’exécutions qu’il avait demandées, pour récupérer la confiance de ses garnisons2.

Autre exemple de soulèvement problématique pour al-Hâkim : la rébellion palestinienne, en 1011/2, de Mufarridj le Djarrâhide, motivée par le vizir al-Husayn b. ‘Alî al-Maghribî (le vizir al-Maghribî) réfugié à la cour de son fils Hassân b. al-Mufarridj depuis l’exécution en 1009 de son père ‘Alî al-Maghribî. Un nouvel anti-calife, le sharîf (personne de la noblesse) de la Mekke, put ainsi asseoir son pouvoir dans la région. Al-Hâkim dut soudoyer Hassan pour qu’il ne soutienne plus le sharîf.

Le début des excentricités

Il commença par arpenter les ruelles d’al-Fustât à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit en compagnie d’amis et de gardes. C’est pourquoi boutiques et maisons étaient toujours en effervescence. Le calife se délectait du spectacle de scènes de lutte entre des gens du peuple (musâra’a), bagarres qu’il pouvait initier lui-même et qui se transformait parfois en rixes meurtrières entre groupes rivaux. Il s’habitua à ce genre de pratiques après la disparition de son tuteur.

Un calife bâtisseur assurant la continuité du pouvoir fatimide

Le calife, malgré son image sulfureuse, apparaît également en philanthrope et en porteur de projets de grands travaux destinés à asseoir son pouvoir temporel. En 1005, Al-Hâkim fonda une maison de la sagesse, première université musulmane : la Dar al-Hikma du Caire, munie d’une importante bibliothèque publique où l’astronomie et la philosophie étaient enseignées en sus des disciplines purement religieuses comme la connaissance des hadiths et du Coran. C’est là que les futurs missionnaires (dâ`i) recevaient l’enseignement des doctrines ismaéliennes qu’ils étaient ensuite chargés de répandre dans tout le monde musulman. Il favorisa le développement des sciences et des lettres; l’historien al-Musabbihî fut un de ses intimes; l’astronome ‘Alî b. ‘Abd al-Rahmân composa pour lui son ouvrage al-Zidj al-kabîr. Il eut d’excellents rapports avec le médecin Ibn Muqashshir, sur les conseils duquel il revint à la consommation du vin qu’il avait restreinte en 1005.

C’est à al-Hâkim que Le Caire doit la construction de la mosquée al-Râshîda, celle d’al-Maqs et l’achèvement de la mosquée dite d’al-Hâkim, commencée par al-‘Azîz.

Source: Wikipedia 

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