25-30 Janvier 1960 | Deuxième Conférence panafricaine des peuples

Une caractéristique de l’AAPC était la tension entre les éléments conservateurs et avant-gardistes. Ni Mboya ni Nkrumah, les principaux dirigeants de la conférence d’Accra, n’ont assisté à la deuxième conférence à Tunis. La conférence a adopté une proposition des Algériens et des Marocains pour un «corps international de volontaires» pour aller combattre en Algérie à la manière de la Brigade internationale qui s’était rendue en Espagne dans les années 1930. La guerre d’indépendance algérienne a été l’un des principaux objectifs de la Conférence. Les participants au Congrès se sont également joints à plus de 200 000 Tunisiens pour protester contre les essais atomiques de la France au Sahara .
La Conférence a exprimé une inquiétude considérable au sujet du néocolonialisme – la tendance des États officiellement libérés à rester en fait soumis aux puissances impérialistes en raison de la dépendance économique et d’autres facteurs. Cela a été exprimé, par exemple, dans la Résolution économique et sociale :
Résolution économique et sociale Considérant l’état sous-développé des économies africaines qui résulte du système colonial et de la domination étrangère;
Considérant la tendance des pays colonialistes à substituer la domination économique à la domination politique et à voler ainsi l’indépendance nouvellement acquise des États africains de son vrai contenu;
Considérant également la départementalisation et le manque d’harmonie existant dans les économies africaines et l’insuffisance des cadres techniques et financiers;
Considérant que la croissance économique et le développement constituent la garantie la plus sûre de la liberté du continent africain;
Considérant que les puissances étrangères utilisent parfois leur aide économique pour tenter de diviser les territoires africains et d’isoler les États indépendants des territoires encore sous domination coloniale;La conférence
Affirme que l’indépendance est une condition préalable à tout développement économique;
Déclare que les peuples d’Afrique sont déterminés à œuvrer pour le développement économique et la libération de l’Afrique, au profit et sous le contrôle des masses;
Recommande aux Etats africains indépendants:I. L’intensification de leurs efforts pour arracher leurs pays respectifs à la dépendance économique des pays impérialistes …
La résolution générale a également parlé de ce sujet:
La Conférence […] recommande aux gouvernements africains d’être actifs dans la liquidation des groupes néocolonialistes, en particulier les établissements militaires étrangers sur leur sol;
Considérant en outre les importantes «enclaves» sociales et économiques créées par les pays impérialistes d’Afrique dans les secteurs industriel et agricole, par la mise en place d’institutions monétaires, financières, techniques et sociales spéciales entièrement contrôlées par eux-mêmes;
Constatant que ces «enclaves» étrangères aboutissent à l’exploitation des ressources humaines, végétales et minérales de l’Afrique, et qu’elles se sont installées au service des systèmes économiques étrangers;
Constatant en outre que l’existence de ces «enclaves» permet aux pays impérialistes de lier très fortement l’économie de certains pays africains dans les domaines des douanes, des finances, du commerce, de la monnaie, etc.
Considérant d’autre part que les impérialistes visent l’organisation de toutes ces nouvelles institutions de domination avec chaque peuple africain pris séparément, alors qu’ils coordonnent eux-mêmes strictement leur action afin de présenter un front uni contre les efforts de l’économie libération de la part de l’Afrique;La conférence
Affirme la nécessité absolue de faire tourner l’économie des pays africains au profit de ses peuples, et d’agir avec unité dans le domaine économique, comme dans les domaines politique et culturel;
Propose donc la création par tous les Etats africains indépendants, d’organisations communes pour la conduite des finances et du commerce, et de centres de recherche sociale et économique, en vue d’étudier les formes d’assistance technique à l’Afrique et de former les techniciens que l’Afrique doit assurer son développement économique et son progrès social;
Proclame enfin le caractère irrévocable du mouvement vers l’indépendance, la liberté et l’unité africaines; …
La Conférence a particulièrement critiqué le gouvernement français pour avoir pris des mesures pour limiter la souveraineté de ses territoires en Afrique du Nord qui étaient décolonisés.
Compte tenu de l’existence de la Communauté française, nouvelle forme de domination impérialiste, et des tentatives actuelles du gouvernement français d’imposer aux pays associés à cette communauté et au seuil de l’indépendance, des liens d’une nature qui les priverait d’une véritable souveraineté nationale
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