24 janvier 1946 | L’ONU crée une commission de l’énergie atomique

L’histoire des Nations Unies est liée à celle de l’ère nucléaire. L’horreur de la Seconde Guerre mondiale et des bombardements de Nagasaki et d’Hiroshima, en août 1945, ont démontré la nécessité d’une action et d’une coopération collective dans le domaine nucléaire. La première des résolutions adoptées par l’Assemblée générale de l’ONU au cours de sa première session, le 24 janvier 1946, décide d’ailleurs de créer une Commission qui traitera des problèmes soulevés par la découverte de l’énergie atomique et d’autres questions connexes.
En 1953, dans un discours prononcé devant l’Assemblée générale — considéré comme historique et connu sous le nom de « L’atome au service de la paix » — le président des États-Unis, Dwight D. Eisenhower, exhortera la communauté internationale à considérer une utilisation pacifique de l’énergie nucléaire et, dans un contexte de guerre froide, il proposera également pour la première fois la création d’une agence internationale de l’énergie atomique. Cette dernière a vu le jour en 1956 après d’intenses négociations et l’approbation unanime de son Statut par 81 nations.
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA)
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) est un organisme indépendant qui travaille avec les États Membres et de nombreux autres partenaires afin de promouvoir une utilisation pacifique, sûre et en toute sécurité de l’énergie nucléaire. En 1957, les Nations Unies et l’AIEA ont signé un accord qui établit leurs relations conformément au Statut de l’agence. Dans l’exercice de ses fonctions, l’AIEA « agit selon les buts et principes adoptés par les Nations Unies en vue de favoriser la paix et la coopération internationales, conformément à la politique suivie par les Nations Unies en vue de réaliser un désarmement universel garanti et conformément à tout accord internationale conclu en application de cette politique ».
L’énergie nucléaire en chiffres
Au 31 décembre 2018, le parc nucléaire mondial comptait 450 réacteurs nucléaires répartis dans une trentaine de pays, tandis que 55 nouveaux réacteurs étaient en construction, selon les données de l’AIEA. Selon les projections de l’Agence, la capacité nucléaire mondiale installée augmentera de 30 % d’ici à 2030 dans l’hypothèse haute, mais baisse de 10 % d’ici à 2030 dans l’hypothèse basse.
La sécurité nucléaire
La sécurité nucléaire relève de la responsabilité de chaque État qui utilise la technologie nucléaire sur son territoire. L’AIEA, à travers son Département de la sûreté et de la sécurité nucléaires, offre un cadre clair, solide et durable pour la sûreté et la sécurité nucléaires dans le monde. Elle s’emploie aussi à protéger les personnes, la société et l’environnement contre les dangers liés au nucléaire. L’AIEA aide ses États Membres à utiliser les sciences et la technologie nucléaires à des fins pacifiques et facilite le transfert durable de ces techniques et de ces connaissances aux États Membres. Toutefois, les normes de sûreté ne sont efficaces que si elles sont correctement appliquées par les États qui en ont la responsabilité.
Tchernobyl
En 1986, la catastrophe nucléaire survenue à la centrale nucléaire de Tchernobyl a été provoquée par un ensemble de défaillances au niveau de la conception du réacteur et de la part de ses opérateurs.
L’ampleur de la catastrophe a eu des répercussions immédiates sur d’importantes régions de l’ex-Union soviétique, aujourd’hui les territoires de la Biélorussie, l’Ukraine et de la Russie. Au cours des quatre premières années après l’accident de Tchernobyl, les autorités soviétiques ont décidé de faire face aux conséquences de l’explosion à leur niveau national. Sans soutien soviétique, l’Organisation des Nations Unies et ses partenaires ont cherché des moyens de fournir une aide d’urgence, qui incluait l’évaluation de la sûreté nucléaire et celle des conditions environnementales de la zone contaminée, ainsi qu’un diagnostic des différentes pathologies qui ont résulté de l’accident.
Fukushima
En mars 2011, le Japon a été frappé par un tremblement de terre de magnitude 9, suivi d’un tsunami dévastateur, qui a fait 20 000 victimes, dans l’est du pays. L’accident survenu à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi à la suite du tsunami est le plus grave enregistré depuis la catastrophe de Tchernobyl en 1986. Des matières radioactives ont été libérées dans l’air et des dizaines de milliers de personnes ont été évacuées. Les capacités du Centre des incidents et des urgences (IEC) de l’AIEA ont immédiatement été déployées, à travers la mise à disposition d’une équipe d’experts en sûreté nucléaire, en intervention d’urgence et en radioprotection. Le Centre a recueilli et analysé des données et fourni des mises à jour régulières aux États Membres de l’AIEA, aux organisations internationales, aux médias et au public.
Trois mois après la catastrophe, l’AIEA a organisé à Vienne une Conférence ministérielle sur la sûreté nucléaire, au cours de laquelle les États Membres ont réaffirmé leur plein appui au Plan d’action de l’AIEA adopté en septembre 2011 et qui montre la voie à suivre pour l’établissement d’un cadre efficace et fiable de coopération internationale pour la sûreté nucléaire dans le monde.
La non-prolifération des armes nucléaires
Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est un traité multilatéral qui est entré en vigueur en 1970. L’une de ses dispositions est de de créer des garanties pour faire en sorte que les produits fissiles spéciaux fabriqués ou utilisés dans les installations nucléaires des États non dotés d’armes nucléaires servent uniquement à des fins pacifiques. Ces garanties sont gérées par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui peut mener des visites dans les installations contenant des matières passibles de contrôles.
Dans les années 90, les inspecteurs de l’AIEA ont découvert en Iraq un programme clandestin d’armement nucléaire. En 2005, le Comité Nobel norvégien a décidé d’attribuer à l’AIEA et à son Directeur général de l’époque, Mohamed ElBaradei, le prix Nobel de la paix « pour leurs efforts visant à empêcher que l’énergie nucléaire ne soit utilisée à des fins militaires et pour que l’énergie nucléaire à des fins civiles soit utilisée de la façon la plus sûre ».
La Conférence du désarmement des Nations Unies
La Conférence du désarmement des Nations Unies, qui a été constituée en 1979 en tant qu’instance multilatérale unique de la communauté internationale pour les négociations dans le domaine du désarmement, a négocié des traités de premier plan, comme le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), adopté en 1996. Le Bureau des affaires de désarmement œuvre pour le désarmement nucléaire et la non-prolifération. Le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique a négocié les Principes de sources d’énergie nucléaires dans l’espace en 1992. Le Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets de rayonnement ionisants (UNSCEAR) présente des rapports à l’Assemblée générale et évalue les niveaux et les effets des rayonnements ionisants au niveau mondial, de même qu’il fournit une base scientifique pour la radioprotection.
Terrorisme nucléaire
Pour prévenir les dangers du terrorisme nucléaire, les Nations Unies ont également adopté la Convention sur la protection physique des matières nucléaires, en 1980, à Vienne en Autriche, ainsi que la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire, en 2005.
Des zones exemptes d’armes nucléaires
Les contrôles régionaux des armes nucléaires ont pris la forme de zones exemptes d’armes nucléaires, qui visent à œuvrer pour la non-prolifération et le désarmement nucléaires dans des zones géographiques définies en vue de renforcer la paix et la sécurité internationales. L’article VII du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) stipule, en effet, que « aucune clause du présent Traité ne porte atteinte au droit d’un groupe quelconque d’Etats de conclure des traités régionaux de façon à assurer l’absence totale d’armes nucléaires sur leurs territoires respectifs ».
Traités sur une zone exempte d’armes nucléaires
Plusieurs zones exemptes d’armes nucléaires ont été créées en vertu de traités :
Le Traité de Tlatelolco — Traité visant l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes (1967) ;
Le Traité de Rarotonga — Traité sur la zone dénucléarisée du Pacifique Sud (1985) ;
Le Traité de Bangkok — Traité sur la zone exempte d’armes nucléaires de l’Asie du Sud-Est (1995) ;
Le Traité de Pelindaba — Traité sur une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique (1996) ;
Le Traité portant création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale.
En savoir plus : L’énergie atomique