31 Décembre 1965 | Centrafrique: LE COUP D’ETAT DE LA SAINT SYLVESTRE DE BOKASSA

Devenu président grâce à une légitimité de second degré, le président Dacko mit fin à l’expérience de l’exercice démocratique en 1963; en faisant du MESAN un parti unique. L’ère démocratique venait d’être enterrer; le pouvoir était désormais concentré entre les mains d’un seul homme et d’une seule structure politique.

C’est dans ce contexte, que le colonel Bokassa va réaliser son forfait du 31/12/65 au 01/01/66.

Le coup d’état de la saint sylvestre 65 a été le premier d’une longue série de mouvement kaki qui a réussi ou pas. Le bilan des différents coup d’état que le Centrafrique a connu est désastreux, sur six régimes en quarante trois années d’indépendance juridique ou nominative; le Centrafrique a connu vingt six années de règne Kaki.

Le 31 décembre 1965

  • 15h00: le colonel Bokassa et le lieutenant Banza réunissent une centaine d’hommes au camp Kassaï et leurs expliquent qu’un exercice de combat est prévu dans la soirée.
  • 19h00: le rassemblement au Kassaï a lieu, le lieutenant Banza distribue les armes et les munitions; à la surprise générale ce sont des balles réelles qui ne servent jamais lors d’exercice; en retour à cet étonnement le lieutenant Banza avec quelques hommes à lui braquent le bataillon et leurs font comprendre qu’ils n’ont pas le choix.
  • 20h30: le colonel Bokassa et le lieutenant Banza tendent un piège à Henri Izamo commandant de la gendarmerie. Mr Izamo seul, se rend au camp de roux, siège de l’état major des forces armées centrafricaines. Sur place, le commandant de la gendarmerie est mis par Bokassa au courant du déroulement du coup d’état en cours, Izamo croyant à une blague de Bokassa éclate de rires; le lieutenant Banza le prend par surprise derrière; les deux têtes à penser du coup d’état menottent monsieur Izamo blessé à la tête et le traînent jusque dans une cave.
  • 20h45: la colonne putschiste se met en marche, Bokassa et Banza paradent en tête dans une 404 Peugeot Blanche. Une légère pluie fait la belle ce dernier soir de 1965 sur Bangui.
  • 21h00: arrivée de la colonne putschiste à la présidence de la république au palais de la renaissance. Le président Dacko est introuvable. Bokassa s’énerve et devient inquiet. Du palais de la renaissance, des répartitions stratégiques se font: prise de Radio-Centrafrique, la prison de Ngaragba, les résidences des ministres et les ministères…
  • 21h15: la rumeur commence à se répandre dans Bangui et la panique s’installe dans la population, ce qui entraîne mécaniquement un chaos.
  • 21h25: Bokassa rentre au camp de Roux, sans avoir pu mettre la main sur le président Dacko.
  • Mais où se trouve donc le président Dacko? C’est la question qui hante en ce début de soirée les ténors du putsch. Absent de Bangui, le président Dacko est mis au courant du coup d’état sur son chemin de retour au PK 17.
  • 21h55: Arrestation du président Dacko qui est présenté à Bokassa qui l’embrasse et qui déclare: “je t’avais prévenu, il fallait en finir”.
  • 22h20: Mission Ngaragba, le cortège présidentiel se dirige vers la prison de Ngaragba. Sous la menace du revolver de Banza, monsieur Dacko est conduit dans une cellule d’isolation et dépouillé de tout ce qui couvrait son corps.
  • 22h40: Bokassa ordonne au régisseur de la maison d’arrêt de Ngaragba, la libération de tous les prisonniers; dix minutes plus tard au bord de l’Oubangui, des “Vives Bokassa” résonnaient en tout lieu. Le pouvoir venait de changer de main.

1er Janvier 1966: au réveil de ce jour de l’an; les Banguissois qui n’étaient pas au courant du mouvement de la veille s’aperçurent de l’augmentation du nombre des hommes en tenue dans la ville de Bangui. la nouvelle du changement de régime se répand comme une traînée de poudre au travers de la ville de Bangui et dans l’ensemble du pays.

Le colonel Bokassa venait de passer sa première nuit de maître du Centrafrique, et monsieur Dacko venait de goûter à l’inconfort des prisons centrafricaines.

Le mouvement de la saint sylvestre a vu l’arrivée sur la scène politique des éléments de l’armée Centrafricaine. Après 65, il y’a eu 79,81, 82, 96, 2001, 2002 et 2003.

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