29 novembre 2018 | Le Reggae inscrit au patrimoine culturel de l’Humanité

Qui dit reggae pense dreadlocks, culte rasta et non-violence. Mais cette musique, née en Jamaïque dans les années 1960, va bien au-delà de ces clichés. Fruit d’un vaste métissage, la plus populaire des musiques jamaïcaines continue d’évoluer et d’étendre son influence de par le monde

Des origines métissées

Le reggae apparu en Jamaïque à la fin des années 1960 est le résultat de nombreuses rencontres et de métissages.

Il dérive de musiques jamaïcaines comme le Ska et le Rocksteady mais plonge ses racines dans les musiques traditionnelles caribéennes telles que le Mento et le Calypso et les musiques africaines importées en Jamaïque par les esclaves.

Ce style musical a aussi été influencé par la musique américaine de type Rythm’n blues, Jazz et Soul music, alors très en vogue sur l’île.

Une étymologie incertaine

L’étymologie du mot “reggae” est incertaine. Il dériverait de l’anglais regular people (“gens du peuple”) ou de raggedy (“déguenillé”). D’autres sources indiquent qu’il vient de l’argot jamaïcain streggae (“femme facile”).

Ce qui est sûr, c’est que le terme de reggae a été utilisé pour la première fois dans la chanson Do the reggae écrite en 1968 par Toots, leader du groupe The Maytals. La petite vidéo ci-dessous vous permettra de découvrir cette chanson considérée comme l’acte de naissance de ce genre musical.

Moyen d’expression de la population noire et des ghettos, ce genre musical était dès son origine porteur d’un message politique et religieux : le rastafarisme.

Il s’agit d’un courant mystique prêchant le retour en Afrique de tous les descendants d’esclaves disséminés sur le continent américain et situant la terre promise des Noirs africains en Éthiopie.

Un succès international

Si le reggae a fait le tour du monde, c’est bien sûr grâce à Bob Marley qui a été et demeure son principal ambassadeur bien au-delà des frontières de la Jamaïque.

Même après avoir connu un succès fulgurant, à partir de 1973, Bob Marley continua à prôner la philosophie rasta dans ses chansons, affirmant : “La musique est la religion et la religion la musique. Le reggae est une communication, la communication la plus douce”.

En 1974, Eric Clapton se classa au sommet des hit-parades avec une reprise de “I Shot the Sheriff”. A la même période, Keith Richards guitariste des Rolling Stones affiche ouvertement sa passion pour le reggae et les Clash, pourtant représentants de la scène punk londonienne, incorporent dans leur musique des éléments rythmiques de ce style.

En 1975, le succès du film The Harder They Come permit une percée de cette musique aux Etats-Unis. La bande-originale avait été composée par le chanteur Jimmy Cliff, qui tenait aussi le rôle principal du film.

Avant Bob Marley

Lorsqu’il est arrivé à Kingston, Frédérik « Toots » Hibbert, enfant de la campagne, était parti pour devenir garçon coiffeur, et puis il fait du reggae qui… décoiffe. D’ailleurs, c’est lui qui, le premier, a eu l’idée (« Do the reggay ») de faire marcher le monde au son de cette fameuse « soul music » jamaïcaine. C’est lui encore, finalement, que l’on annonce partout aujourd’hui comme la troisième grande légende du genre après Bob Marley, emporté par un cancer, et Peter Tosh, touché par une balle assassine.

Pour consolider une telle réputation et accompagner sa tournée 2004, le label V2 publie d’ailleurs aujourd’hui un véritable monument de disque consacré à sa musique. Un album baptisé « True Love » qui vient nous rappeler à tous combien l’artiste a inspiré ses confrères. Pas moins de dix-sept titres en effet figurent sur ce disque, et tous ont été enregistrés en duo avec la complicité d’autant de stars. Un casting impressionnant, dans lequel on retrouvera ainsi, mêlées à celle de Frédérik Toots, celles de Willie Nelson (« Still is still moving to me »), de Bonnie Raitt (« True Love is Hard to find »), Eric Clapton (« Pressure Drop »), Ryan Adams (« Time Tough »), Jeff Beck (54-46 was my nomber »), No Doubt, Anastasio, Terry Hall, Bunny Wailer (« Take a trip »), Ben Harper (« Love gonna walk out on me »), Keith Richards (« Careless Ethiopians »), Rachael Yamagata, Manu Chao (« Merry Blues »), Gentleman (« Reggae Got

Soul »)…

 

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