20 novembre 1965 | Cameroun: Le Premier Ministre Vincent de Paul Ahanda démissionnait de ses fonctions

Vincent de Paul AHANDA, Premier Ministre du Kamerun pendant 5 mois. 

Le Premier Ministre Vincent de Paul Ahanda

“L’homme politique Camerounais qui avait giflé l’ambassadeur de France!
Personne n’ose en parler ouvertement au Cameroun, y compris dans les décors aseptisés des salons feutrés de la Présidence à Yaoundé. Sûrement de peur d’être celui par qui le scandale arrive. Réminiscence du glacis verbal de la période monolithique. Mais l’histoire a besoin d’être consultée.
Tout commence en 1965.
À cette époque, après avoir dompté la rébellion de Mme Marguerite Mbida au nom du PDC (Parti des Démocrates Camerounais) qui, bravant la terreur, avait osé défier son pouvoir aux législatives de 1964, Amadou Ahidjo Babatoura voulait s’adjoindre les services d’un homme à poigne pour pousser l’ensemble de la classe politique à accepter l’idée du Parti unique. Il opte pour Vincent de Paul Ahanda. Puissant hobereau de la Mefou et Akono, il a été débauché par Ahidjo au sein du PDC de André Marie Mbida dont il fut ministre de l’éducation en 1957. Sa réputation de dur à cuire plaît à Ahidjo qui juge Charles Assalé comme personnage falot et faible.
Problème, si Charles Assalé, prédécesseur au poste de PM du Cameroun oriental était taillable et corvéable à souhait par les français qui gravitent dans l’appareil de l’état, la forte personnalité de Vincent de Paul Ahanda commence à irriter les maîtres de la FrançAfrique.

Au fil du temps, les esclandres se multiplient. Brusque dans ses manières, avare en hypocrisie et révulsant la courtoisie diplomatique, manifestement Vincent de Paul Ahanda n’est pas dans les petits papiers des français. Désireux d’avoir le cœur net, l’Ambassadeur Jean Pierre Benard débarque sans prévenir à la Primature. Sans prendre de gants, l’ambassadeur Bénard, relais sur le terrain de Jacques Foccart et pour cela se croyant tout permis, admoneste le PM Vincent de Paul Ahanda. Généralement Ahidjo et Assalé se contentaient de baisser la tête et d’opiner du chef. Pas Vincent de Paul Ahanda. Devant l’affront, le sang ne fait qu’un tour dans la tête du fils de Ntouesson. Il se rappelle la fessée mémorable infligée à un prêtre qui du temps de ses études au Grand Séminaire de Mvolyé, avait lorgné de trop près à son anatomie… Se levant prestement, il fonce vers l’ambassadeur. Flairant le danger, le français veut prendre la poudre d’escampette. L’on chuchote qu’avant l’arrivée de l’huissier de service, M. l’Ambassadeur de France avait reçu quelques soufflets retentissants.
Humilié, tout honteux, celui-ci jura qu’il aurait la tête du PM Vincent de Paul Ahanda.
Effectivement, après seulement 5 mois d’exercice, le 20 novembre 1965, un communiqué laconique nous apprend que le PM Vincent de Paul Ahanda a démissionné de ses fonctions pour cause de maladie. Il sera nommé PCA de la Société Camerounaise des Argiles Industrielles. Il disparaîtra ainsi de la vie publique jusqu’à sa mort intervenue en 1975.”

 

Par Henry-paul Diabate Manden

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