L’Italie fait un bras d’honneur à Bruxelles et crée le revenu de citoyenneté

Comme De Gaulle, en son temps, les dirigeants italiens s’affranchissent du chantage des marchés financiers, en prenant une mesure symbolique forte : la création d’un revenu de citoyenneté. C’est l’émoi dans la maison mondiale capitaliste ultra-libérale. Et si l’Italie n’était que les prémices d’un bouleversement profond du système et de ses règles inhumaines ? L’Europe des riches des Juncker, Macron et Merkel est en danger. Tant mieux ! Allons-nous vers un Italexit ?
Enfin ! Enfin ! Les marchés, les sacro-saints temples de l’ultra-libéralisme tremblent. Les grandes banques, à l’exemple de J.P. Morgan, prédisent une mega crise, à l’échelle mondiale. Quant à la commission européenne, elle s’apprêterait à sanctionner un budget italien, qui ne serait pas dans les clous. Quels clous ? De qui se moquent les oligarques européens ? Le déficit italien est de 2,4 % de son PIB, inférieur à celui de la France.
A l’évidence, il faut rechercher ailleurs la contrariété des ultra-libéraux et des tenants du marché capitaliste financier. Crime de lèse ultra-libéralisme, les chefs de file des deux partis, qui forment la coalition au pouvoir, se sont mis d’accord sur une mesure emblématique : le revenu de citoyenneté de 850 euros, dont le coût, ajouté à la baisse des impôts et à la réforme des retraites, est évalué à 100 milliards d’euros. Un financement tout à fait supportable par le budget italien, qui s’élève à 626 milliards pour 2019.
Visiblement, çà ne passe pas, chez les européistes et les dogmatiques ultra-libéraux, pour lesquels la pilule des renégats de la péninsule italienne ne passe pas. Tant mieux ! Quels que soient les reproches fait à cette alliance hétéroclite, entre anti-système et Ligue du Nord, au moins, il en est un qu’on ne peut lui faire : ne pas répondre aux attentes du peuple. A quelques mois des élections européennes, l’Italie, 3ème puissance économique de la zone euro, montre une voie dangereuse pour les intérêts des possédants, celle d’un État en passe de retrouver, sinon son entière souveraineté, au moins la liberté de diriger à sa guise les affaires du pays.
Le pays de Verdi et ses 60 millions d’habitants n’est pas la Grèce
Certes, les esprits bien-pensants font remarquer que Salvini, le ministre de l’Intérieur, applique une politique dure contre les migrants, refusant l’accueil de ceux-ci, dans les ports italiens. Le pays de Verdi, doit-il être le seul à porter la charge des vagues migratoires, au prétexte que ses rives sont le point de contact naturel le plus proche, pour accéder aux pays européens ? Où est la solidarité avec l’Italie ? C’est à juste titre que les autorités transalpines mettent le doigt sur le défaussement des autres États de l’union, à commencer par la France, dont le discours, hypocritement généreux de son président, est en totale contradiction avec la réalité de la politique migratoire française.
L’Italie, donc, affole ! Les merdias français, chaînes d’info continue en première ligne, tiennent des propos alarmistes, après les décisions du gouvernement italien, de plus s’en laisser imposer par Bruxelles. Il ne faut surtout pas rééditer l’épisode grec, en 2015, qui a fait trembler, pendant quelques mois, l’édifice financier mondial, avant la capitulation en rase campagne du Premier ministre Tsipras.
Mais l’Italie, avec ses plus de 60 millions d’habitants, n’est pas la Grèce, qui compte 10 millions d’habitants. Le PIB italien représente 10 fois celui de la Grèce et atteint près de 2000 milliards d’euros, en 2017, à comparer avec les 2300 milliards de la France.
L’Italie démontre que l’Europe n’est pas une fin en soi
Bien entendu, les jérémiades des doctes économistes, à propos de la dette publique, n’ont pas manqué de surgir. Remarques éculées du genre « demain, on rase gratis », vont pleuvoir, sans oublier les insultes contre les « populistes » !
Sauf que, comme je l’explique, dans un article précédent, à propos de l’arnaque de la dette française, dont les intérêts enrichissent une poignée de profiteurs (1), la dette italienne, même à un niveau de 132 % du PIB, est majoritairement détenue par les Italiens eux-mêmes, et des investisseurs institutionnels solides, qui n’ont aucun intérêt à voir s’écrouler l’économie de l’Italie. A titre de comparaison, la dette du Japon atteint 250 %, ce qui ne pose pas plus de problème que cela aux Japonais, qui en sont détenteurs à plus de 90 %.
Ainsi, fait remarquable parce que rare, même montrée du doigt, moquée, décriée, l’alliance entre les chefs de file du M5S, Luigi Di Maio, et de la Ligue, Matteo Salvini, débouche sur des mesures positives concrètes pour les Italiens. L’un et l’autre ont indiqué sans ambiguïté « qu’ils se sentaient libres de ne pas respecter les engagements européens, pour appliquer leur programme. »
L’Italie, après le Royaume-Uni, en 2016, démontre, en revendiquant une partie de sa souveraineté perdue, que l’Europe n’est pas une fin en soi, surtout cette Europe-là, conçue pour l’intérêt exclusif des possédants.
Allons-nous vers un Italexit ?
Par Verdi