La Chine aura sa propre base militaire à Djibouti

Après avoir gagné ses galons de premier partenaire commercial étranger sur le continent, la Chine compte désormais y déployer, d’ici 2026, une force de 10 000 hommes, dans une base militaire qui sera construite à Djibouti.
La présence chinoise en Afrique a connu une croissance sans précédent depuis 15 ans. Et elle risque de prendre, pour la décennie à venir, un tournant inédit. Après avoir promis d’investir quelque 40 milliards d’euros dans le développement du continent, la superpuissance asiatique est devenue depuis 2015 le principal partenaire commercial de l’Afrique. Ne manquait plus au tableau que la présence militaire. C’est désormais chose faite. Selon la revue internationale The Diplomat, un accord a été conclu la semaine dernière avec Djibouti, portant sur la création d’une base militaire et le déploiement, d’ici 2026, de 10 000 soldats chinois. Officiellement, la Chine justifie cet accord par la simple volonté de « réapprovisionner les navires de l’armée impliquée dans des missions humanitaires et de maintien de la paix sur les côtes yéménites et somaliennes ». Cette « base d’appui logistique », selon les termes employés par Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, aidera aussi, et surtout, à préserver les intérêts croissants de la Chine dans la région.
Terrain de rivalités
Dans les faits, les travaux ont démarré depuis l’année dernière. Ainsi, la Chine intègre le cercle fermé des pays disposant d’installations militaires, aux côtés des Etats-Unis, de la France et du Japon, à Djibouti, un havre de paix dans une Corne de l’Afrique régulièrement soumise à de turbulentes contractions, d’ordre sécuritaires, humanitaires ou écologiques. Sa position stratégique de porte d’entrée à la Mer Rouge, sur la route du canal de Suez, et sa proximité d’avec l’Erythrée, l’Ethiopie et la Somalie et la péninsule arabique – dont le Yémen – en ont fait une base arrière convoitée par les grandes puissances militaires. Il s’agira pour la Chine du premier déploiement à grande échelle de troupes sur le continent africain, même si des militaires chinois participent à des missions de maintien de la paix sous l’égide de l’ONU et ont contribué au contrôle des actes de piraterie au large des côtes somaliennes. Ce nouveau projet, s’il se veut pacifique, préoccupe une autre puissance asiatique, qui tente elle aussi d’étendre son influence sur le continent : l’Inde. Si les protagonistes changent, les jeux et des rivalités stratégiques ne cessent de se perpétuer. Au dam ou au bonheur des Africains ?
Par: Moëz Bhar
Moëz est passionné par l’actualité de l’Afrique. Photographe, reporter et lanceur d’alertes, Moëz Bhar collabore régulièrement à La Revue de l’Afrique et couvre notamment le Maghreb, mais également l’Afrique centrale et occidentale. Il couvre aussi bien les sujets culture que politique et société.