LE CAMEROUN PEUT-IL TIRER SON ÉPINGLE DU JEU TROUBLE QUI SE DÉROULE DANS LE GOLFE DE GUINÉE?

Il y a plus de trois décennies, les économies occidentales se réveillaient brutalement d’une somnolence impétueuse après les 30 glorieuses.
Que s’était-il donc passé de si grave pour qu’elles soient tirées ainsi d’un sommeil aussi paisible?
Le 6 Octobre 1973 au matin, l’armée Egyptienne d’Anouar El SADATE franchissait à la surprise générale le canal de Suez, balayait à l’Ouest Tsahal et s’enfonçait en quelques heures dans le désert du Sinaï. A l’Est, c’est l’armée syrienne d’Hafez El ASSAD qui atteignit rapidement Kuneitra après des années d’occupation israélienne du plateau du Golan.
Les armées arabes venaient de déclencher, le jour commémorant une fête juive, la guerre dite du « Yom Kippour » pour laver l’affront subi pendant celle des six jours en 1967 durant laquelle l’aviation israélienne cloua au sol l’armée de l’air égyptienne du célèbre Gamal Abdel NASSER.
Les services secrets israéliens, le MOSSAD, qualifiés à juste titre des plus efficaces, avaient été leurrés par le renvoi, quelques jours auparavant, des conseillers militaires soviétiques d’Egypte.
Pour la première fois Israël était au bord de l’implosion, le mythe de l’invincibilité du pays venait d’être brisé tout autant que le signe « indien » des défaites arabes.
Le chef d’Etat Major de Tsahal, le général Moshé DAYAN, héros de la guerre des six jours, le futur général Ariel SHARON qui commandait une division blindée dans le Sinaï, tout comme le premier ministre Mme Golda MEIR, se retrouvaient alors devant une responsabilité historique face au peuple du grand Israël prôné par le père de l’indépendance David Ben GOURION.
Capituler et c’était la mort assurée d’Israël et il n’en était pas question. Réagir oui mais comment ?
Le rappel des réservistes et des soldats qui avaient pris des permissions pour passer les fêtes en famille n’y suffisaient pas.
Un débat, que l’histoire actuelle n’a jamais confirmé, sur l’utilisation de l’arme atomique par le pays face à l’invasion arabe, s’instaura au sein du cabinet israélien.
Les pressions américaines sur Israël couplées à un gigantesque pont aérien pour approvisionner en armes le pays d’une part et sur l’Union soviétique pour amener l’Egypte et la Syrie à revoir leurs prétentions à la baisse d’autre part contribuèrent, concomitamment à la contre offensive militaire victorieuse d’Ariel Sharon, non seulement de mettre fin à l’option de l’arme atomique mais aussi à amener les belligérants à la table des négociations pour conclure un accord de cessez-le-feu et plus tard un accord partiel de paix entre SADATE et Menahem BEGIN.
Mais dans l’intervalle, face au rouleau compresseur militaire israélien et au soutien inconditionnel des Etats-Unis et des pays occidentaux à Israël, les pays arabes opposèrent une nouvelle arme inconnue à l’époque le « pétrole ».
L’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs du Pétrole) qui n’avait jamais brillé par son existence à l’époque, sortit de l’ombre à travers la décision d’embargo sur le pétrole à destination de l’occident.
On découvrit, ahuri, un jeune ministre saoudien Cheick YAHMANI brandissant cette arme pour amener les pays occidentaux à la raison.
Les prix du baril s’envolèrent. La dépendance énergétique des économies occidentales à l’égard du pétrole et de cette région et donc leur vulnérabilité venaient d’être mise à jour.
Ce fut le premier choc pétrolier de 1973, il y eut plus tard en 1978 un second choc.
Les pays occidentaux et leurs économies s’organisèrent pour résister : développement de l’énergie nucléaire pour réduire la dépendance et la facture énergétique, pressions politiques et militaires sur les pays arabes producteurs de pétrole.
Alors que tous les spécialistes pensaient que les plus grands bassins sédimentaires mondiaux, receleurs de pétrole, avaient été localisés au Moyen Orient et dans la baie de Maracaibo (Venezuela), paradoxalement ces envolées cycliques du prix du pétrole allaient progressivement amener les mêmes spécialistes à améliorer leur technique d’exploration (ultra-deep), d’exploitation et finalement à orienter désormais les recherches vers des régions dont les ressources connues étaient qualifiées de peu rentables. On vit de nombreux majors pétroliers se détourner peu à peu d’une région devenue entre temps politiquement instable.

 

Macaire Lemdja

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