Le Swaziland: le royaume au sud de l’Afrique devint le eSwatini

Le roi Msawti III a annoncé ce jeudi un changement de nom de ce confetti d’Afrique australe à l’occasion de son propre jubilé et de celui de l’indépendance du pays. Cela ne fait pas que des heureux, mais le monarque justifie sa décision en partie par la confusion possible avec «Switzerland»

Le roi du Swaziland, présenté par la BBC comme «le dernier monarque absolu d’Afrique», a annoncé que son pays changeait de nom pour s’appeler «eSwatini», une décision rendue publique jeudi à l’occasion de son propre anniversaire et du jubilé de l’indépendance de ce petit Etat d’Afrique australe, enclavé entre l’Afrique du Sud et le Mozambique. Son territoire s’étend sur 17 363 km², soit un peu plus de 40% de la superficie de la Suisse. Ce fut à la fois très solennel et simple dans l’expression historique: «Je voudrais annoncer que le Swaziland va reprendre son nom d’origine», a déclaré le roi Mswati III à Manzini, la deuxième ville du pays.

Un petit air de 4.0, cet «eSwatini»? Seulement un hasard linguistique, mais quoi qu’il en soit, «à leur indépendance, tous les pays africains ont repris leur ancien nom, celui d’avant la colonisation», a dit le roi âgé de 50 ans devant un stade bondé. «Le Swaziland est le seul à avoir conservé celui de l’époque coloniale [britannique]. Donc à partir de maintenant, le pays s’appellera officiellement le royaume d’eSwatini», a-t-il ajouté. Ce qui signifie «le pays des Swazis», du nom de cette ethnie bantoue en langue swati. Le nom Swaziland était en fait un mélange des langues anglaise et swati:

Fr.wikipedia.org

Courrier international, qui résume le propos de la BBC, dit que le roi «justifie sa décision en partie par la confusion possible avec Switzerland»! Celle-ci «liste quelques-uns des changements imposés par ce nouveau nom: le mot «Swaziland» apparaît 200 fois dans la Constitution», mais aussi sur toutes les pièces de monnaie et tous les billets de l’ancienne colonie britannique. Et puis, «la compagnie aérienne nationale s’appelle Swaziland Airlink». Enfin, le site internet du gouvernement «devra être mis à jour», mais l’hymne national pourra rester le même, car il ne mentionne pas le terme «Swaziland».

Dans la «Gazette de Lausanne» du 7 septembre 1968.LeTempsArchives.ch

L’archive ci-dessus le montre: la polygamie est une pratique banalisée dans ce pays. D’ailleurs, la 8e femme du roi est récemment décédée «suite à une surdose de capsules de médicament» contre «les maladies mentales», comme le rapportaient il y a quelques jours la Beninwebtv et les médias sud-africains. La reine Senteni Masango aurait pris de l’amitriptyline. Et «il a été rapporté» qu’elle s’était «mariée avec le roi Mswati en 2000 à l’âge de 18 ans» et qu’elle n’avait «pas reçu la visite de son mari» pendant les trois années qui avaient suivi.

La polygamie pour régner

Ce, même si le roi n’est apparemment pas un homme «qui apprécie de loin la belle créature qu’est la femme». En digne héritier de son père puisque celui-ci, Sobhuza II, selon l’Encyclopædia Universalis (EU), n’a cessé «d’accroître sa puissance par un système d’alliances politiques et familiales». Ses mariages (au moins 70) l’ont aidé «à unifier la nation en liant les unes aux autres toutes les grandes familles de son clan». Il aurait eu «67 fils, certaines estimations allant jusqu’à suggérer près de 500 enfants».

La BBC poursuit en expliquant que le pays devra «enregistrer son nouveau nom auprès des organismes internationaux tels que l’ONU et le Commonwealth, dont il fait partie. Sur un plan plus pratique, les plaques d’immatriculation et de domaines internet devront également devoir être modifiées, tout comme les uniformes utilisés par les sportifs Swazis dans les compétitions internationales, […] les panneaux routiers aux frontières, les timbres-poste», et on en passe…

Le roi Mswati III (au centre), lors d’une cérémonie rituelle en août 2016.Shiraaz Mohamed/EPA/Keystone

Complexes, toutes ces adaptations à la nouvelle donne ne font pas que des heureux. Certains «sujets» du royaume pensent notamment que cette modification «nuit à des problèmes plus pressants dans le pays, comme celui de la pauvreté considérable ou le taux de VIH, qui est le plus élevé au monde».

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