L’AFRIQUE : NOUVELLE TERRE D’EXPLORATION ET DE CONQUETE – PAR MACAIRE LEMDJA

Les colonisateurs avaient été précédés ou accompagnées par des missionnaires évangélisateurs venus apprendre, aux indigènes que nous étions, la civilisation.
Aujourd’hui ce ne sont plus les missionnaires blancs, faute de vocation, qui assument le rôle de précurseur dans l’aventure de prédation de nos économies mais plutôt les banquiers, les militaires, les sociétés pétrolières et entreprises minières.
Depuis les années 90, les pays africains autrefois ignorés dans l’exploration pétrolière sont courtisés, dépecés en blocs.
Ceux qui résistent subissent des pressions qui peuvent aller des rebellions que l’on entretient aux demandes d’amendement des codes miniers ou législations pétrolières existants pour les rendre plus « attractifs » pour ne pas dire avantageux.
Le Soudan avec la guerre de trente ans qui a opposé le Nord et le Sud cristallisait en fait les désaccords entre occidentaux et chinois sur l’exploitation du pétrole de la région. Les accords de Juba qui ont d’ailleurs consacré cet aggiornamento n’ont que finalement déplacé le problème à l’Est c’est-à-dire au Darfour sans résultat jusqu’à nos jours.
Le Tchad, le Mali, le Niger, la Mauritanie, le Sénégal, la Guinée Bissau, la Gambie, l’Ouganda, Zanzibar, la Tanzanie, la Centrafrique, la Côte d’Ivoire et le Ghana sont devenus soient des pays producteurs de pétrole, de gaz soient des pays en passe de l’être.
On pourrait s’en réjouir mais que non car le produit de cette exploitation ne profite point aux populations de ces pays.
Pire, en nous faisant signer l’initiative de transparence dans les industries extractives (EITI) qui vise la transparence dans la gestion des ressources extraites de nos sous-sols, nous croyons être protégés de la prédation des sociétés occidentales et chinoises mais que non.
Celles-ci les contournent aisément avec parfois la complicité active ou passive de nos dirigeants.
Nous assistons dans l’industrie pétrolière et minière, depuis quelques années, à un phénomène que les Camerounais connaissent bien avec l’Affaire du « Mounchipougate » du nom de l’ancien ministre des postes et télécommunications de ce pays.
Des marchés publics « saucissonnés » pour échapper à la législation sur les marchés publics, furent attribués aux individus qui, faute de moyens pour honorer ceux-ci, les revendaient à d’autres individus aux surfaces financières plus conséquentes moyennant des marges.
De nombreuses sociétés pétrolières ou minières dites « juniors », n’ayant généralement aucune expérience dans ces domaines, ni moyens financiers réussissent à obtenir, avec le lobbying d’anciens diplomates américains notamment, des permis d’exploration qu’ils ne développeront jamais.
A l’aide de communiqués « bidon », de comptes rendus d’activités fictives dans ces pays, leur cotation en bourse s’envole. Avant le terme de leurs contrats d’exploration, elles les vendent, avec ou sans l’accord de nos dirigeants, à des sociétés « seniors » empochant de colossales plus values tout en privant nos trésors d’impôts.
En somme de la « Feymania ».
La vente récente de la société suisse ADDAX, qui opérait dans le golfe de guinée, à la société pétrolière chinoise SINOPEC n’en est qu’un exemple et surtout le symbole d’une région devenue désormais le lieu de toutes les convoitises.