7 Juin 1940 | Le Capitaine Charles N’Tchoréré tué à bout portant pour avoir revendiqué le droit d’être traité en officier français

Fils de notable, Charles N’Tchoréré poursuit des études mais contraint d’entrer dans la vie active, il occupe un poste commercial au Cameroun. À la déclaration de guerre, en 1914, il quitte la colonie allemande pour rentrer au Gabon. En 1916, il se porte volontaire pour le front.

À la fin de la guerre, il opte définitivement pour la carrière des armes. Promu adjudant en 1919, il prend part aux combats du Maroc. Entré à l’école d’officiers de Fréjus, il en sort major en 1922.

Monument en mémoire du courage et du sacrifice de Charles N’Tchoréré, à Airaines

Désigné pour le Levant, le lieutenant N’Tchoréré est gravement blessé lors des opérations en Syrie. Il est cité en 1925 à l’ordre de la division et décoré de la croix de guerre avec étoile d’argent.

Après un bref passage au ministère de la Guerre, il demande à partir pour le Soudan. Il prend à Kati le commandement de la compagnie hors-rang du 2e RTS, dirigeant parallèlement l’école d’enfant de troupe.
Promu capitaine en 1933, il est affecté au 1er régiment des tirailleurs sénégalais, à Saint-Louis (Sénégal) où il commande également l’école d’enfants de troupe.

À la déclaration de guerre en septembre 1939, il demande à partir avec un bataillon de volontaires gabonais. Affecté au camp de Souge, près de Bordeaux, il est envoyé sur le front de la Somme où il prend le commandement de la 7ecompagnie du 53e régiment d’infanterie coloniale mixte sénégalais (RICMS).

Le 7 juin 1940, retranchés dans le village d’Airaines, près d’Amiens, le capitaine N’Tchoréré et sa compagnie, débordés par les assauts allemands, sont faits prisonniers au terme de rudes combats. Pour avoir revendiqué le droit d’être traité en officier français, il est abattu à bout portant d’un coup de pistolet.

Pour son comportement durant la campagne de France, le capitaine N’Tchoréré est cité, à titre posthume, à l’ordre de la division en octobre 1940 puis à l’ordre du corps d’armée en août 1954 et décoré de la croix de guerre avec étoile de vermeil.
La promotion 1957-1959 de l’École de formation des officiers ressortissants des territoires d’outre-mer (EFORTOM, Fréjus) prend le nom de Capitaine N’Tchoréré.

Stèle de Charles N’Tchorere.

Citation à l’ordre de la Division. Le général Commandant provisoirement en chef l’armée du Levant cite à l’ordre de la division avec croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs N’Tchorere, sous-lieutenant indigène à la 7e compagnie du 17erégiment de tirailleurs coloniaux : «Officier de valeur, d’une bravoure remarquable. A été grièvement blessé à la mâchoire au cours du combat du 30 au 31 juillet.»
Ordre général n° 395 du 11 décembre 1925.

Témoignage de satisfaction du ministre N° 1508 C/8 du 17 novembre 1925 : « À fait preuve de qualités de travail et d’intelligence, ainsi que du désir de perfectionner son instruction générale en publiant sur le Gabon, dont il est originaire, un travail très intéressant paru dans la Revue des troupes coloniales en 1925 ».


Hitler’s African victims: the German army massacres of Black French soldiers in 1940. Rafael Scheck. (Cambridge University Press, 2006).  Traduit en français : Une saison noire . Editions Taillandier. Les victimes africaines de Hitler: les massacres des soldats noirs français en 1940.

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