Made in China QUEST-CE QUE LES DROITS DE L’HOMME? – Ekanga Claude Wilfried

Les Droits de l’Homme sont un syndrome inventé par les grandes puissances pour se donner raison à tous les coups. Voilà pourquoi si elles demandent à l’Afrique de légaliser l’homosexualité au nom de la liberté, elles ne sont pas disposées à légaliser la polygamie sur leur sol au nom de cette même liberté. Les Droits de l’Homme, c’est comme une secte venue endoctriner un peuple de naïfs avec des histoires auxquelles elle-même ne croit pas. C’est un concept bancal à géométrie très variable

A chaque visite d’Etat entre un pays occidental et la Chine, on est obligé d’esquisser un sourire. Après tout, ceux-ci prétendent bien à qui veut l’entendre ne pas traiter avec ceux qui ne respectent pas les Droits de l’Homme. Déjà, il n’est jamais question de ce sujet lors de ces rendez-vous au sommet. Ce dont on parle avec la Chine, ça se résume à un mot: Business

En octobre 2015, la chaîne allemande d’information <N24> faisait état de l’achat pour 15,5 milliards d’€ par la Chine de 130 avions Airbus, dont l’Allemagne est l’un des principaux fabricants avec la France, le Royaume-Uni ou encore l’Espagne, au sein du groupe pan-européen EADS. Ce type d’éléments explique pourquoi j’ai toujours soutenu que des associations comme “SOS racisme” ne servent absolument à rien. Ce n’est pas en suppliant l’autre de nous aimer que du jour au lendemain, il va appuyer sur le bouton “LOVE BLACK PEOPLE”. Si l’Afrique est méprisée à travers le monde, c’est parce qu’elle est en retard économiquement , point final.

En revanche depuis que la Chine est devenu un géant industriel, les pays industrialisés sont à genoux devant elle pour quémander des contrats d’entreprises, allant même jusqu’à oublier ces principes de droits humains qu’ils chantent pourtant à tue-tête aux chefs d’État africains.

LES DROITS DE L’HOMME, C’EST QUOI CE TRUC?

Dans cette télé-réalité, l’hypocrisie consiste à grogner contre les faibles et à bégayer face aux gros morceaux. Dans leurs relations avec les “pauvres” pays d’Afrique, on constate un fort paradoxe en comparaison du ton qu’ils adoptent face aux deux meilleurs ennemis du moment: la Russie et la Chine. Et en s’attardant sur cette-dernière, nous allons comprendre dans quelle poubelle sont versés chaque jour ces fameux Droits de l’Homme.

Pour cela, j’ai jugé intéressant de revenir sur l’incident du 18 juin 2015, l’attentat meurtrier contre des fidèles Noirs d’une église à Charleston en Caroline du Sud. Après que Dylan Roof, garçonnet pubère de 21 ans en manque d’attention, ait abattu 9 personnes pour se faire remarquer, le President Barack H. Obama n’a rien trouvé de mieux à proposer qu’une “plus forte régulation de la vente et de l’achat des armes”. Oui, parce qu’il n’est pas question pour le puissant lobby de l’armement d’en suspendre tout simplement la commercialisation. Dans ce pays des Droits de l’Homme nommé USA, la solution miracle pour renforcer la sécurité, c’est d’armer toute la population. Si chacun a un revolver dans sa poche, alors les meurtres vont diminuer. C’est la logique américaine, ne cherchez pas à comprendre.

Le portail du quotidien < Les Echos > rappelait dans son édition du 19 juin 2015 que lors du massacre de 20 écoliers en 2012 dans le Connecticut, Obama s’était déjà présenté avec une proposition de légiférer sur ladite loi, mais le Congrès, soutenu par ce même lobby cannibale, avait alors opposé une farouche résistance, bloquant tout projet de réforme. Car entre la vie humaine et l’argent, le choix des hommes est très vite fait. Et nos amis Ricains ne sont pas en reste.

MORCEAUX CHOISIS – POPULAR REPUBLIC OF CHINA

Si l’on s’en tient de manière objective à la Charte internationale des Droits de l’Homme, la Chine est de facto, un très, très mauvais élève. Les libertés y sont restreintes au minimum syndical par le pouvoir central du Parti communiste. Comme le fait remarquer l’économiste Jean-Paul Pougala dans une publication du 19 juin 2015, les citoyens de Chine ne connaissent ni de Facebook, ni de Google, ni de Gmail. Et pour les entrants, il est interdit d’emmener plus d’une Bible dans ses bagages.
Mais la censure ne s’arrête pas là. La peine de mort y est très fréquemment appliquée, de même qu’il n’est pas rare que des leaders d’opinion soient enlevés par la police lors de rapts spectaculaires pour ne réapparaître que des mois, des années plus tard, voire plus jamais. Pour faire court, il est interdit de critiquer publiquement le gouvernement.

Deux exemples probants sont la séquestration du célèbre artiste Ai Wewei, et la disparition tragique en prison de l’activiste Cao Shunli en septembre 2012, décédée par manque de soins. Et pour aller plus loin dans l’insolite, notons cette publication de la télévision française ITele (Devenue Cnews) le 29 mars 2015 dans un article dont l’énoncé était le suivant: “Un tribunal de la région musulmane du Xinjuang dans l’est de la Chine, a condamné un homme à six ans de prison pour avoir provoqué des troubles en se laissant pousser la barbe. Une pratique découragée par les autorités locales “. Il semble donc que sous certaines conditions, le seul fait de porter une postiche longue en Chine suffirait pour être rangé au banc des djihadistes et être incarcéré en guise de “mesure préventive”

Au regard de tout ceci, on se demande logiquement: ” Pourquoi donc la Chine n’est jamais (ou presque) inquiétée sur la question des Droits humains?” Et réponse n’a rien à voir avec le fait qu’elle possède la plus grande armée nominale du monde (Environ 2 500 000 soldats), ou encore la bombe atomique (Depuis 1965). La réponse est ailleurs et elle est toute simple: La Chine possède l’argent
C’est ainsi que le journal allemand < SPIEGEL> émet le voeu pieu suivant, lors de la visite du Président Chinois XI Xinping à Berlin, le vendredi 28 mars 2013: “Le régime Chinois est agressif de l’intérieur. Il faut que Merkel et Gauck [President fédéral de l’époque] abordent ce sujet lors de la rencontre, car ceux qui osent le faire sont de moins en moins nombreux”

Et pourquoi sont-ils de moins en moins nombreux? Simplement Parce que l’économie de tous les grands pays du monde est devenue dépendante, voire parasite de l’économie chinoise. En 2014, un expert allemand, Walter Feil, faisait remarquer que sur le marché de l’automobile, l’Asie est devenue le deuxième plus gros marché après l’UE. Sur le tableau statistique qu’il dresse, l’Allemagne a écoulé 929 635 véhicules en 2011 en Asie, soit plus qu’en Amérique, avec 693 485 véhicules vendus sur la même période.
Ceci veut dire qu’un Volkswagen qui distille 30% de ses voitures en Chine n’oserait pas aborder des sujets sensibles, sous peine de voir la Chine fermer ses portes et de provoquer un chaos économique en Allemagne avec le déficit commercial et les innombrables pertes d’emploi que cela entraînerait. On se souvient qu’en 2010, le groupe chinois Geely avait racheté in extremis l’entreprise suédoise Volvo alors au bord de la ruine, Volvo acceptant même de vendre son âme à un prix 4 fois inférieur (1,8 contre les 6,4 milliards de Dollars payés par Ford lors du premier rachat en 1999). Alors peut-on vraiment donner des leçons à son bon samaritain?

Voilà pourquoi lorsqu’il s’agit de la Chine, Angela Merkel évoque les Droits de l’Homme à mi-voix, comme avec les USA sur la polémique d’espionnage de la NSA. Voilà également pourquoi Nicolas Sarkozy, ardent défenseur des Droits de l’Homme (Comme on l’a vu en Libye), n’avait pas hésité une seconde à l’invitation de Pékin à l’ouverture des Jeux Olympiques en 2008.
La devise pour l’un comme pour l’autre, est simple: Si on veut éviter la banqueroute certaine, il faut draguer la Chine. Fusse-t’il pour cela fouler aux pieds les principes qu’ils prétendent défendre.

(Parlant de la dignité humaine d’ailleurs, l’Allemagne ne mentionne jamais les ramifications de ses entreprises textiles implantées au Myanmar, dans lesquelles des pauvres femmes travaillent sous des conditions inhumaines, et où les vétustes ateliers partent très souvent en fumée ou s’écroulent, emportant des centaines de mamans et épouses innocentes).

Bien sûr, la Chine elle-même dépend de l’Occident et du reste du monde dans cette logique globale d’échanges internationaux. Mais puisqu’il s’agit de démontrer pourquoi on ne dérange pas ce pays sur une question dont on nous rabâche les oreilles en Afrique toutes les 7 secondes, il était important ici d’analyser la chose sous le prisme sino-centré. Tout est résumé dans un constat: les forts font ce qu’ils veulent.
Mais surtout, la Chine n’essaie pas d’imposer sa vision du monde à toute la planète, contrairement à l’UE dont elle a pourtant le double de la population (500 millions), ou aux USA dont elle en a le quadruple (300 millions).

LA LEÇON

Quand l’Afrique sera développée on ne nous évangélisera plus de ces Droits de l’Homme qui très souvent, sont très éloignés de nos convictions sociales et morales. Parce que plusieurs de ces fameux principes dits “universels” tiennent exclusivement compte de la vision du monde sous le prisme occidental, au mépris de nos structures et valeurs africaines, qualifiés même à souhait de barbares et de rétrogrades
Les Droits de l’Homme, c’était le bombardement de la Libye pour du pétrole. C’était l’incarcération de Laurent Gbagbo pour conserver la mangeoire ivoirienne et le FrancCFA. Les Droits de l’Homme, c’est le passeport euro-américain qui te fait voyager partout, quand le fait d’être africain requiert d’humiliantes procédures de demande de visa. Les Droits humains, c’est l’Opération Sangaris en République Centrafricaine pour violer des enf… Pardon, pour voler du diam… Pardon pour préserver la paix. Les Droits humains, c’est de crier sur le pauvre et faible qui ne les respecte pas et de tituber devant le riche et puissant par peur de perdre ses avantages économiques.

Les Droits de l’Homme de ce fait, ne sont rien d’autre que les Droits de l’argent.
Et l’Afrique doit se développer pour sortir de ce bourbier. De quelle manière? Réfléchissons-y ensemble.

Ekanga Ekanga Claude Wilfried

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