L’Afrique, avenir de la Corée du Nord ?

La Corée du Nord, le dernier régime stalinien dans le monde, et l’un des pays les plus fermés sur la planète, cherche à établir un partenariat avec l’Algérie dans le domaine de l’exploration des hydrocarbures.

Le vice-ministre des Affaires étrangères de la République démocratique et populaire de Corée du Nord (RDPC), Sin Hong Chol, était à Alger. Ce dernier a été reçu par la secrétaire générale du ministère de l’Energie, Mme Fatma Zohra Cherfi. Le ministre nord-coréen a proposé aux autorités algériennes de s’intéresser aux opportunités offertes par son pays dans le  domaine de l’exploration  et “les compétences dont dispose son pays dans le domaine de la transformation des hydrocarbures”, indique une dépêche de l’agence APS.

Selon Sin Hong Chol, son pays désire renforcer “davantage les relations entre les deux pays, en particulier dans le domaine énergétique”. Il faut savoir que la Corée du Nord possède des réserves en pétrole offshore, non exploitées, en mer de l’Ouest, dont la localisation est à cheval entre les espaces maritimes chinois et nord-coréen. Il est à noter enfin que la Corée du Nord est victime d’un embargo « total » sur le pétrole à destination de Pyongyang depuis septembre 2016 alors que seul le kérosène était concerné par les sanctions internationales.  En réclamant de l’aide à l’Algérie pour exploiter son propre pétrole, la Corée du Nord veut s’émanciper de cet embargo.

Quelles relations lient les pays d’Afrique au régime de Kim Jong-un ? Alors que l’Ouganda a annoncé dimanche 29 mai la fin de sa coopération militaire et policière avec la Corée du Nord, Decryptnewsonline a passé au crible les relations des pays du continent avec la Corée du Nord.

Le journal vietnamien Thanh nien rapporte que la Corée du Nord continue de construire des usines de munitions, de vendre des armes et de former les membres des forces de sécurité de nombreux pays d’Afrique, et tout cela en dépit de l’embargo onusien.

Un nouveau rapport d’un comité d’experts de l’Onu publié en début de semaine signale notamment que la Corée du Nord possède 54 usines d’armement et qu’elle fait le commerce des technologies d’armement depuis 1996.

Les experts font référence à des fonctionnaires namibiens ayant avoué aux contrôleurs de l’Onu que plusieurs entreprises nord-coréennes étaient affairées à différents projets en Namibie, notamment la construction d’une usine de munitions à Windhoek. Ces fonctionnaires affirment également que la société nord-coréenne Mansudae Overseas Project Grup réalise plusieurs projets militaires, plus particulièrement la construction d’une école militaire et d’une base pour le ministère de la Défense nationale de Namibie.

Un autre rapport des experts onusiens, paru en août 2015, fait état de la construction par les ouvriers nord-coréens d’une base militaire à Suider Hof, non loin de Windhoek. Les experts rappellent que la construction des usines d’armement et des bases militaires a été interdite à la Corée du Nord en vertu de l’embargo de l’Onu.

Selon le site d’information sud-africain IOL, outre la Namibie, la Corée du Nord participe à la construction et à l’exploitation d’une usine de munitions à Likasi en République démocratique du Congo.

L’Ethiopie compte elle aussi sur une coopération à long terme avec la Corée du Nord. L’Ethiopie a besoin de l’entretien de ses vieux systèmes d’armement et de livraisons de pièces de rechange pour les chars de combat ainsi que de munitions. Quant à la Tanzanie, toujours selon le site IOL, elle a plusieurs fois invité des spécialistes nord-coréens pour moderniser ses avions de combat, bien qu’elle se soit vue obligée de mettre un terme à ces relations et d’expulser les spécialistes, étant devenue la cible d’une violente critique.

Par ailleurs, la Corée du Nord vend des composants de missiles à l’Egypte. Des composants de missiles Scub-B, développés en URSS à l’époque de la guerre froide, ont été découverts lors d’un contrôle des livraisons au Caire depuis Pékin. Ces composants ont été fabriqués en Corée du Nord et acheminés à Pékin par voie aérienne.

La Corée du Nord accorde son assistance dans la formation de policiers et de militaires de nombreux pays d’Afrique. En 2014, elle a formé 700 policiers pour l’Ouganda, bien que cette activité soit illégale. Les autorités ougandaises ont cependant déclaré qu’il ne s’agissait pas d’une violation de l’embargo car les instructeurs nord-coréens se spécialisaient dans le sauvetage en mer, l’assistance médicale et les technologies du bâtiment.

Pyongyang a formé des unités spéciales et des gardes du corps pour la  Tanzanie, le Zimbabwe, le Nigeria et la République démocratique du Congo.

C’est tout cela qui a permis aux experts de l’Onu de conclure que la Corée du Nord avait en effet aidé des pays d’Afrique à renforcer leur défense nationale. Cependant, ses services risquent de devenir bientôt inutiles. Dans l’avenir, les pays d’Afrique qui prennent vraiment au sérieux le renforcement de leur sécurité nationale, tels que la Namibie ou l’Ouganda, n’auront plus besoin de l’aide  de Pyongyang.

La Corée du Nord et l’Afrique, c’est une histoire d’amitié qui date de la Guerre froide. À l’époque, la plupart des pays nouvellement indépendants décident de se rallier aux mouvement des non-alignés.

L’Égypte, le Mali, le Ghana, la Tanzanie, l’Angola partageaient les principes anti-impérialistes de la Corée du Nord et bénéficiaient du soutien militaire et commercial de ce dernier. Ainsi, dans les années 1970, la Corée du Nord envoyait des conseillers économiques au Mali ou lançait la construction d’un palais présidentiel pour le défunt président burundais, Jean-Baptiste Bagaza.

Robert Mugabe, lui, s’est toujours déclaré admiratif de la doctrine du « Juche », l’idéologie nord-coréenne d’inspiration communiste que le régime a cependant toujours tenu à distinguer de celle du bloc soviétique.

Cette carte représente les liens diplomatiques entre la Corée du Nord et les pays africains. Pour plus d’informations, cliquez sur le pays. Si vous nous consultez depuis notre application mobile, cliquez ici pour une meilleure expérience interactive.

Aujourd’hui, l’influence diplomatique de la Corée du Nord est en déclin, et ce notamment en raison de la politique de son frère ennemi du sud, dont la prospérité et la stabilité présentent des atouts infiniment plus attrayants pour les pays africains, en quête d’alliances économiques et pragmatiques.

Ainsi, le Botswana déclarait en février 2014 la rupture complète de ses relations diplomatiques avec Pyongyang. Les révolutions arabes de 2011 ont quant à elles accéléré le recul de l’influence nord-coréenne, balayant avec elles les régimes de Moubarak en Égypte et de Kadhafi en Libye.

La Corée du Nord conserve tout de même plus de vingt ambassades sur le continent. Les liens diplomatiques et commerciaux persistent, et le rapprochement avec la Corée du Sud n’implique pas nécessairement de rupture avec Pyongyang. Le Nigeria, par exemple, entretient depuis 1976 des liens diplomatiques importants avec la RPDC, où il possède même une ambassade, mais demeure en même temps l’un des principaux partenaires commerciaux de la Corée du Sud en Afrique. Malgré une présence en déclin, la Corée du Nord n’a donc pas dit son dernier mot en Afrique.

source: http://www.decryptnewsonline.com/2017/04/l-afrique-avenir-du-le-coree-du-nord.html

 

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